Roger Federer - Stanislas Wawrinka : et si le favori n'était pas celui qu'on croit ?

Ça devient une habitude. Après Wimbledon 2014 et Roland-Garros 2015, jusqu'ici, Roger Federer et Stan Wawrinka se retrouvent pour la 3e fois en l'espace de 14 mois en Grand Chelem. Ils ne s'étaient affrontés jusqu'ici qu'en huitième ou en quart de finale en majeur, y compris dans un passé plus lointain. Cette fois, c'est avec une place en finale au bout de leur duel que les deux Suisses vont ferrailler et ce duel en night session n'en sera que plus savoureux.

Il s'annonce aussi extrêmement indécis, chacun ayant des arguments à faire valoir. Roger Federer, d'abord. Il n'a pas franchement fait ses 34 ans dans ce tournoi. Impérial, il est le seul des quatre demi-finalistes à ne pas avoir cédé le moindre set. Vainqueur du Masters 1000 de Cincinnati, il est en pleine bourre en cette fin d'été. Il joue (très) bien et, physiquement, on le sent (très) fort. Mais affronter Stan Wawrinka n'est pas une bonne nouvelle pour lui. Avec un tableau bien aéré et un Kevin Anderson cramoisi en quarts, le Vaudois n'a pas eu à forcer son talent mais, maintenant qu'il est là, il apparait terriblement dangereux.

Si le match est accroché, ce qui a toutes les chances d'arriver, Federer ne se mettra-t-il pas à gamberger ? Il porte à la fois le souvenir douloureux et encore vif de sa défaite en trois sets contre Wawrinka à Roland-Garros début juin, mais aussi le poids de cinq années sans finale ici à Flushing. Sa dernière remonte à 2009. C'est un cap compliqué pour lui : il a perdu 8 de ses 12 dernières demies majeures. Il avait gagné 22 des 26 précédentes...

Un bilan en trompe-l'œil. Evidemment, très net avantage à Roger Federer, vainqueur de 16 des 19 rencontres disputées par les deux Helvètes. Mais sur les cinq derniers matches, ceux disputés en 2014 et 2015, le bilan est beaucoup plus équilibré : 3 victoires pour Roger, 2 pour Stan. Et leur dernier duel en date, à Roland-Garros, a nettement tourné en faveur du Vaudois. En gros, ce qui s'est passé avant 2013 entre eux n'a plus guère d'impact aujourd'hui.

2. Federer n'a plus disputé deux finales de suite en Grand Chelem depuis près de six ans. Il faut remonter à l'enchainement US Open 2009 (finaliste) – Open d'Australie 2010 (vainqueur) pour trouver trace d'une pareille performance du Suisse.

5. Wawrinka est en demi-finales pour la 5e fois sur les 9 derniers tournois du Grand Chelem (de l'US Open 2013 à l'US Open 2015). Une régularité remarquable, sachant que, lors de ses 34 premières participations dans les tournois majeures, il n'avait jamais atteint ce stade.

496. Le nombre de minutes passées sur le court par Federer depuis le début du tournoi, soit moins de 1h40 en moyenne par rencontre. Personne n'a été plus rapide que lui pour arriver là.

Roger Federer : "Stan m'avait complètement dominé à Paris. J'étais vraiment très heureux pour lui qu'il aille au bout dans ce tournoi. En tout cas, deux Suisses qui s'affrontent pour une place en finale de l'US Open, c 'est plutôt cool non ?"

Stan Wawrinka : "Je pense que je joue aussi bien que lorsque j'ai gagné l'Open d'Australie ou Roland-Garros. Je suis très loin du titre. Le chemin est très long et je ne veux pas y penser. Mais je sais que je peux le faire, ça, c'est certain."

Ils arrivent l'un comme l'autre avec beaucoup de fraicheur et de confiance. La dynamique de Federer est impressionnante depuis Roland-Garros (21 victoires en 22 matches) mais, paradoxalement, c'est peut-être Wawrinka qui a les clés du match. S'il est un peu en-dedans, il sera châtié. S'il parvient en revanche à imposer son rythme et à faire reculer Federer comme lors de leur quart à Roland-Garros, ce sera compliqué pour le Bâlois. Vraiment du fifty-fifty entre ces deux-là...