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Daniil Medvedev : "Je m'en souviendrai, même à 70 ans"

Laurent Vergne

Mis à jour 09/09/2019 à 09:17 GMT+2

US OPEN – Daniil Medvedev, magnifique dans le jeu et le combat, n'a pas été loin de déboulonner Rafael Nadal dimanche en finale. Vaincu en cinq sets (7-5, 6-3, 5-7, 4-6, 6-4), le Russe a conscience d'avoir vécu un match pas comme les autres. De ceux qui marquent une carrière, et sans doute même une vie.

Rafael Nadal et Daniil Medvedev

Crédit: Getty Images

Daniil Medvedev aurait pu, aurait peut-être même dû s'incliner en trois sets dimanche contre Rafael Nadal. Personne ne lui en aurait voulu. C'est le lot de l'immense majorité de ceux qui ont gagné le privilège de découvrir une finale de Grand Chelem contre un des trois mastodontes du jeu. Après bien des péripéties, on avait presque fini par croire qu'il allait entrer dans le cercle prestigieux des vainqueurs en Grand Chelem, qui plus est au bout d'une page de légende. Il a finalement échoué entre les deux. Vaincu, comme prévu, mais après une page de légende. Cela ne change rien au résultat brut, mais ça change à peu près tout le reste.
Le Russe a été superbe dimanche. Pendant le match comme après, trouvant les mots justes. Classe, aussi, envers son vainqueur : "ça a été un combat magnifique, entre deux combattants. Il a été le meilleur des deux combattants. Je dois l'admettre, mais je n'ai pas de regrets." La déception est là, mais la fierté aussi.
"Ce soir, a-t-il dit, je ne suis pas content d'avoir perdu, mais je dois me donner du crédit. Pour mon match, mon tournoi et mon été." Et le garçon n'est pas du genre à s'envoyer des fleurs. Au contraire. "Ma femme me dit toujours qu'il faut que je sois content de moi de temps en temps, parce que je suis beaucoup dans l'autocritique", confie-t-il. Content, et même fier de lui, il peut l'être. Déçu, aussi, mais content.

La consience d'avoir vécu un moment rare

Même à chaud, Medvedev a bien conscience d'avoir vécu un moment de tennis et de sport pas tout à fait comme les autres. "Je peux vous dire que je me souviendrai de cette soirée, trouve-t-il la force de sourire. D'abord parce que c'était ma première finale. Je suis sûr que Rafa, même avec ses 19 titres, se souvient de la première, qu'il l'ait gagnée ou perdue (il l'avait gagnée, à Roland-Garros, contre Mariano Puerta, NDLR). C'était un match incroyable. Quelle histoire... Je suis sûr que je m'en souviendrai même quand j'aurais 70 ans. Du premier au dernier point. J'ai plutôt une bonne mémoire quand il s'agit du tennis."
A froid, peut-être qu'il réalisera encore davantage qu'il s'est trouvé bien près de signer ce qu'il n'aurait pas été absurde de qualifier d'exploit du siècle. Remporter son premier Grand Chelem, contre Nadal, après avoir été mené deux sets zéro et break contre lui, c'eut été absolument monumental. Peut-être repensera-t-il à ces balles de break au début du dernier set, quand Nadal, dans les cordes depuis un moment, n'était plus loin du K.-O. Ou à cette balle de 5-5, où son coup droit trop court s'est transformé en offrande pour l'Espagnol.
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Daniil Medvedev

Crédit: Getty Images

Quand il m'a breaké dans le 3e set, je me disais 'bon, dans vingt minutes, tu vas devoir faire ton discours
"Est-ce que j'ai été proche de la victoire ?", s'interroge-t-il. Oui, un set. Puis à un point de revenir à 5-5..." Mais il n'oublie pas non plus que, deux heures plus tôt, cette finale se dirigeait vers un autre scénario, beaucoup moins fou et tellement plus classique. Où a-t-il trouvé les ressources pour modifier le cours d'une histoire qui semblait déjà écrite ? "Honnêtement, quand il m'a breaké dans le 3e set, je me disais 'bon, dans vingt minutes, tu vas devoir faire ton discours, trouve quelque chose à dire.' Puis après, je suis passé à 'OK, OK, ne pense pas à ça, bats-toi sur chaque point. Ça n'a pas trop mal marché." Pas trop mal, non.
Lundi matin, quand il se réveillera, Daniil Medvedev n'aura toujours pas gagné de Grand Chelem. Mais il ne sera plus tout à fait le même joueur que la veille. Et encore moins qu'il y a un mois et demi. Quelle métamorphose de la part du Moscovite. Pour lui, il y aura bien un avant et un après été 2019. "Tout cet été a marqué une expérience incroyable pour moi, glisse-t-il. Je n'oublie pas non plus qu'avant cet US Open, mon meilleur résultat en Grand Chelem, c'était un huitième de finale. Ici, j'ai eu des soucis physiques, parfois je n'ai pas bien joué aussi bien que je l'aurais voulu. Mais j'ai réussi à atteindre la finale et à livrer un grand combat de cinq sets contre un des meilleurs joueurs de l'histoire de notre sport."
Ce sont des champions incroyables et ils sont tellement durs à battre
Rafael Nadal lui a retourné le compliment. Comme tout le monde, le Majorquin a été bluffé, et il était aux premières loges pour en juger. "C'était une finale extraordinaire, et Daniil a rendu ça possible, estime le numéro 2 mondial. La façon dont il s'est battu, c'est un vrai champion. Il a 23 ans... Je crois, vraiment, qu'il peut gagner quelques Grands Chelems. Il n'est pas possible de prédire l'avenir, donc on verra bien, mais sa carrière s'annonce très belle."
Puisse son exemple inspirer cette génération à qui on demande beaucoup, à savoir déboulonner trois champions hors normes qui ne laissent que des miettes. Medvedev a prouvé que la chose n'était pas impossible, même s'il se refuse à jouer les porte-drapeaux et encore moins les porte-paroles. "On fait juste de notre mieux, vous savez, s'excuse-t-il presque. Ce sont des champions incroyables et ils sont tellement durs à battre. Contre eux, chaque jeu est compliqué à gagner. Mais je suis sûr qu'on fait tous notre possible pour y arriver un jour." Pour Daniil Medvedev, ce jour n'est pas encore venu. Mais à défaut d'un titre, il a sans doute acquis des certitudes dimanche.
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Rafael Nadal et Daniil Medvedev après leur épique finale de l'US Open.

Crédit: Getty Images

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