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Quand Roddick ironisait sur les "16 blessures" de Djokovic

Laurent Vergne

Mis à jour 03/02/2020 à 10:27 GMT+1

US OPEN – Sifflé par une grande partie du public du court Arthur-Ashe après son abandon contre Stan Wawrinka dimanche soir, Novak Djokovic paie-t-il encore les relents d'une réputation née dans ses jeunes années sur le circuit ? L'occasion de revenir sur un épisode datant de l'US Open 2008, avec Andy Roddick en chauffeur de salle.

US Open 2008 : Novak Djokovic et Andy Roddick.

Crédit: Getty Images

Novak Djokovic a quitté l'US Open sous les sifflets du court Arthur-Ashe, mécontent de voir le choc entre le numéro un mondial et Stan Wawrinka avorter. Le Serbe était-il incapable de terminer la rencontre, de pousser quelques jeux de plus pour ne pas "voler" à Stan Wawrinka son moment ? Lui seul le sait. A deux sets zéro et un break contre lui, il a dû estimer qu'il ne pouvait plus remporter cette rencontre et sans doute n'a-t-il pas voulu prendre le moindre risque d'aggraver sa blessure à l'épaule gauche. Wawrinka lui-même s'est dit à la fois surpris de l'abandon du Djoker mais tout autant par les sifflets qui ont accompagné sa sortie.
Peut-être Novak Djokovic a-t-il également payé là certains précédents. Comme le souligne notre camarade Jeu, Set et Maths, Nole se place parmi les joueurs avec le plus d'abandons en Grand Chelem depuis le début de l'ère Open puisque c'est la 6e fois que cela lui arrive. Seuls trois joueurs ont davantage abandonné que lui depuis un demi-siècle.
Surtout au début de sa carrière, d'ailleurs. Avant son avènement en Grand Chelem à l'Open d'Australie 2008, il avait déjà abandonné trois fois, à Roland-Garros en 2005 face à Guillermo Coria, à Paris l'année suivante face à Rafael Nadal et à Wimbledon en 2007 contre ce même Nadal.
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Le moment où le Djoker a dit stop

L'ironie grinçante de Roddick

Lors de l'US Open 2008, Djokovic avait eu maille à partir avec Andy Roddick, lors d'un échange qui avait nui à sa réputation. Les deux hommes doivent alors s'affronter en quart de finale. Lors de son passage en conférence de presse après son huitième, le Serbe s'épanche sur ses blessures à la cheville et sa fatigue. Roddick le suit devant les médias. Et se lâche, avec l'ironie grinçante dont il était capable.
Un journaliste souligne d'abord qu'entre son parcours aux Jeux Olympiques de Pékin (où Roddick n'était pas allé) et son parcours compliqué à New York (il venait de battre Tommy Robredo en cinq sets), Djokovic pourrait partir avec un désavantage au plan physique. "Dans tous les Grands Chelems, il a des matches comme ça, où on a l'impression qu'il n'en peut plus, qu'il agonise. Alors je ne vais pas m'occuper de ça", plaide le Texan. Puis c'est un festival.
Novak, aujourd'hui, a mentionné une blessure à la cheville droite alors que l'autre jour, il parlait de la gauche…
Roddick coupe : C'est les deux alors ? Et le dos ? Et la hanche ?
Il a dit qu'il avait trop de blessures pour continuer à les compter.
Roddick : Et des crampes aussi.
Est-ce que vous pensez que…
Il coupe encore : Et la grippe aviaire.
Cela fait une longue liste…
Roddick : Anthrax, aussi. Le coronavirus. Plus le petit rhume habituel.
Vous pensez qu'il bluffe ?
Roddick : Non, s'il a tout ça, il a tout ça. Mais ça fait beaucoup. Soit il fait appel au toubib pour rien, soit c'est le gars le plus courageux de tous les temps. A vous de décider les gars.

Djokovic : "Ce n'était pas bien de sa part"

Pendant l'échange, l'assistance se marre. Andy Roddick a réussi son effet. Mais l'histoire ne va pas s'arrêter là. Deux jours plus tard, Djokovic remporte ce quart de finale en quatre sets. A son tour de dégainer en conférence de presse. Un plat à savourer bien froid pour le Serbe.
"Les deux derniers jours ont été difficiles pour moi, dit-il d'abord. Ce n'est pas agréable d'entendre tous les médias du monde reprendre ce genre de propos." Il concède en avoir peut-être "rajouté sur le court. Peut-être que j'ai exagéré, et si c'est le cas, je m'en excuse. Mais je n'ai jamais cherché d'excuses devant la presse. Et je n'ai jamais pris un temps mort médical pour perturber un adversaire."
Gaël Monfils, lors de son duel épique (et perdu) en cinq sets contre le Serbe à l'US Open en 2005, avait pourtant eu le sentiment de s'être fait berner par son adversaire, à l'article de la mort dans le quatrième set avant de s'imposer en cinq. "Djoko m'a fourré", avait lancé le Français. Tommy Robredo, lors de cet US Open 2008, avait lui aussi laissé entendre que l'attitude de Djokovic au cours de leur huitième de finale avait été limite.
Justes ou injustes, les mots de Roddick avaient en tout cas fait mal au futur numéro un mondial, qui crache à son tour sa bile : "Je suis heureux d'avoir gagné contre Roddick dans son tournoi favori, devant son public. Il y a deux jours, Roddick a dit que j'avais seize blessures et maintenant le public ne m'aime pas parce qu'il croit que je simule. Ce n'était pas bien de sa part."
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Novak Djokovic après sa victoire contre Andy Roddick à l'US Open 2008, en quarts de finale.

Crédit: Getty Images

Seulement deux abandons en dix ans en Grand Chelem

Coïncidence ou pas, l'abandon suivant de Novak Djokovic en Grand Chelem interviendra lors du tournoi du Grand Chelem du suivant, à l'Open d'Australie. Face à qui ? Andy Roddick. On ne l'apprendra qu'en 2013, mais après leur quart de finale de l'US Open, les deux hommes avaient failli en venir aux mains. C'est l'Américain qui, une fois à la retraite, a raconté cette anecdote. Avec humour, toujours :
J'ai eu une altercation avec un joueur dont je préfère taire le nom mais qui rime avec Shmovak Shmokovic. Pendant le match, j'avais fait pas mal de trash talking. Quand il est rentré dans le vestiaire, je suis allé me tenir droit devant lui. Puis j'ai réalisé que son préparateur physique qui était avec lui était plus baraqué que Donovan (McNabb, ancien quarterback de NFL, NDLR), alors je me suis poussé.
Mais de l'aveu même de Roddick, tout s'était tassé entre les deux hommes et il assure depuis bien longtemps n'avoir "aucun problème avec Novak". Rappelons aussi que, s'il a abandonné six fois en Grand Chelem, seuls deux de ses abandons ont eu lieu au cours de la dernière décennie. A New York ce dimanche soir, et face à Berdych, à Wimbledon, en 2017. Abandon qui avait été suivi par une longue absence du Serbe. Difficile, donc, d'y voir une quelconque manœuvre. Reste que les petites histoires des premières années de sa carrière jouent peut-être encore, à tort ou raison, contre Novak Djokovic. Les erreurs de jeunesse vous collent parfois longtemps à la peau.
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