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Rafael Nadal : "J'essaie de retenir mes émotions, mais là, c'était impossible"

Laurent Vergne

Mis à jour 09/09/2019 à 10:02 GMT+2

US OPEN – Passé d'une probable victoire relativement tranquille en trois sets à une possible défaite en cinq, Rafael Nadal est allé puiser très loin pour arracher ce 19e titre du Grand Chelem contre un remarquable Daniil Medvedev. Emu comme rarement, le Majorquin savoure à sa juste valeur ce moment très fort.

Rafael Nadal of Spain celebrates after winning his Men's Singles final match against Daniil Medvedev of Russia on day fourteen of the 2019 US Open at the USTA Billie Jean King National Tennis Center

Crédit: Getty Images

La force de l'habitude pourrait faire son œuvre. 19 titres du Grand Chelem. Mais il n'y a jamais de routine pour ces choses-là. Encore moins après une finale de près de cinq heures, que l'on peut qualifier assez tranquillement d'exceptionnelle, et même un peu plus. Rafael Nadal a beaucoup gagné dans sa carrière et sans doute gagnera-t-il encore. Mais on l'avait rarement vu à la fois aussi exténué et ému après une finale majeure.
Sur la balle de match, il s'est écroulé au sol de tout son long, demeurant comme ça pendant quelques secondes qui ont eu l'air de durer des heures. La joie, la souffrance, le soulagement, il y a eu tout ça dimanche soir sur le court Arthur-Ashe pour l'Espagnol. Il y a eu les larmes, aussi. "Normalement, a-t-il avoué, j'essaie de retenir mes émotions, mais là, pour tout un tas de raison, c'était impossible aujourd'hui."
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L'émotion de Rafael Nadal après sa victoire en finale de l'US Open 2019.

Crédit: Getty Images

L'âge, poison et atout maître

Ce n'est ni l'heure ni l'endroit pour hiérarchiser, mais il est probable que ce combat-là s'inscrive dans sa lignée personnelle aux côtés des immenses finales gagnées ou perdues contre Federer à Wimbledon en 2007 et 2008, celle en Australie, contre le même Federer, un an plus tard, ou encore la finale 2012 de l'Open d'Australie face à Djokovic. Entre autres monuments, bien sûr. "Tous ces matches sont très spéciaux, reprend l'homme aux désormais 19 Majeurs. La façon dont cette finale est devenue dramatique à la fin, ça la rend inoubliable et déjà dans l'histoire de notre sport. Je suis très heureux pour ça."
Ce dimanche a donc valu le détour aussi et Nadal a terminé sur les rotules. "J'ai 33 ans, pas 23", rappelle le Majorquin. S'il peut être un poison, son âge, ou en tout cas son vécu, voilà pourtant ce qui l'a peut-être sauvé dans ce cinquième set au couteau où il a été au bord de la rupture dès le début, puis à la toute fin. "C'est vrai que, mentalement, quand vous êtes dans une dynamique négative comme ça a pu être mon cas un moment dans cette finale, votre expérience vous rappelle que vous avez toujours une chance dans un 5e set. A la fin, c'est dur pour tout le monde."
Dans ce fameux premier jeu de service du dernier set, au cours duquel Daniil Medvedev l'a secoué dans tous les sens et où Nadal a dû sauver quatre balles de break, il a refusé de plier. C'est souvent dans les moments où l'on peut tout perdre que l'on gagne ce genre de match.
Je ne pouvais pas, je ne devais pas perdre mon service au début du 5e set
"Quand vous avez une balle de break contre vous au début du 5e set alors que vous venez de perdre les deux précédentes, vous n'êtes pas bien, concède-t-il. Mais j'essaie toujours d'éviter ce genre de pensées. Je ne pouvais pas, je ne devais pas perdre mon service au début du 5e set, a-t-il martelé. Je savais que si je tenais ce jeu de service, derrière, j'aurais ma chance. Je l'espérais en tout cas. Mais c'est ce que toutes ces années d'expérience m'ont appris." La suite lui a donné raison, même si, en dépit d'un double break en poche à 5-2, il a été tout près de voir revenir, une fois encore, ce diable de Medvedev.
Très ému, le champion de Manacor l'a été aussi après la rencontre. Quand, assis sur sa chaise, attendant le début de la cérémonie protocolaire, il a vu défiler sur l'écran géant du Ashe une vidéo retraçant la quête de ses 19 couronnes majuscules. "A quoi j'ai pensé ? Bien, j'ai pensé qu'on vieillissait, rigole-t-il. Mais d'une certaine manière, c'est bien de vieillir. Être encore là, après avoir traversé ce que j'ai traversé, toutes ces blessures, qui m'ont semé le doute, ça rend vraiment ce moment-là très, très spécial. Et c'est pour ça que l'émotion a été très forte. Oui, j'aurais voulu la retenir, mais parfois, ce n'est pas possible." Parfois, ce n'est surtout pas nécessaire. Et c'était très bien comme ça.
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Rafael Nadal - US Open 2019

Crédit: Getty Images

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