Une finale Nadal - Medvedev ? Si surprenant, tellement logique...
Mis à jour 07/09/2019 à 17:36 GMT+2
US OPEN - Vous n'avez pas eu le courage de passer une nuit blanche ? Qu'à cela ne tienne, "Good morning Flushing" est là pour vous raconter tout ce qu'il s'est passé en fin de soirée et dans la nuit à New York. On connait désormais l'affiche de la finale masculine. Si elle a le goût de l'inédit et constitue une forme de surprise, elle relève aussi de la logique au vu des dernières semaines.
L'histoire du jour
Nous y voilà. Après deux semaines d'un tournoi parfois renversant, le tableau masculin accouche d'une finale entre grand classique et inédit. D'un côté, Rafael Nadal, redevenu depuis trois saisons d'une impressionnante constance en Grand Chelem et qui disputera sa 5e finale de l'US Open au cours des dix dernières éditions. La 27e, au total, dans un Majeur.
De l'autre, un petit nouveau. Daniil Medvedev détonne par son inexpérience à ce niveau puisqu'il découvrira lui le contexte si particulier d'un match avec un tel enjeu, mais aussi par sa jeunesse puisque nous n'avions plus eu un finaliste aussi jeune en Grand Chelem depuis 2010. Vous vouliez de la nouveauté ? En voici. Vous ne vous lassez pas des grandes figures historiques ? En voilà.
Si cette affiche n'était pas la plus attendue de toutes il y a deux semaines, et si on peut donc la considérer comme surprenante, c'est tout de même une surprise doublée d'une logique certaine. Le titre new-yorkais se jouera entre les vainqueurs des deux grands tournois de préparation, le Masters 1000 de Montréal (pour Nadal) et celui de Cincinnati (pour Medvedev). Le Russe, auteur d'une ébouriffante tournée nord-américaine (il s'apprête à disputer sa quatrième finale en autant de tournois), mérite cent fois sa place.
On pourra toujours arguer, et il n'y aura pas de contre-argument valable à cela, que pour se hisser jusqu'à la finale à Flushing, il a bénéficié de circonstances favorables. Wawrinka puis Dimitrov ont écarté de son chemin Djokovic puis Federer juste avant qu'ils ne les affrontent, avec la complicité de l'épaule de l'un et du dos de l'autre. Aurait-il connu un destin aussi glorieux dans ce haut de tableau si le Serbe et le Suisse avaient été à 100% ? Peut-être pas. Probablement pas, même, diront certains. Mais ce n'est ni son problème ni le nôtre. Combien de fois ai-je lu ou entendu que Medvedev avait trop joué cet été ? Qu'il ne ferait rien à New York ? Il a fait, et bien fait, et malgré son programme de stakhanoviste, ce n'est pas à lui, jusqu'à preuve du contraire, que son corps a présenté l'addition.
Entre le piment toujours savoureux car incertain de l'inédit et la logique sportive de la quinzaine comme des six dernières semaines, ce Nadal – Medvedev a de la tenue. Alors, bien sûr, le déséquilibre sur le papier est patent. L'Espagnol n'est pas favori de cette finale, il en est l'archi-favori. Peut-être Daniil Medvedev prendra-t-il trois petits sets. Je n'en sais rien.
Mais, d'une part, on a connu des finales entre géants qui accouchaient de raclées monumentales, et il n'est pas nécessaire de remonter plus loin que le mois de janvier dernier pour cela. Puis, qui donnait la moindre micro-chance à Stan Wawrinka avant la finale de Melbourne en 2014 ? Oui, Nadal s'était blessé au dos. Mais au début du deuxième set. Stanislas, en pleine mue stanimalienne, avait déjà empoché le premier. Il se révélait à lui-même. Ces choses-là arrivent, même si elles demeurent rares. Mais, pour au moins 48 heures, Medvedev mérite qu'on lui accorde, sinon de la confiance, au moins le bénéfice d'un heureux doute.
The Hit of the Night
Vous voulez faire quoi, vous, contre ça ?
J'ai aimé
La confiance extrême qui se dégage de Daniil Medvedev. Le Russe a vraiment été chahuté pendant deux sets par un Grigor Dimitrov qui a tenté d'utiliser toute la palette tactique possible. Mais en face, c'était un roc et, surtout, Medvedev laisse transpirer la sensation qu'il a la conviction de s'en tirer, quoi qu'il arrive. Le fruit de ses succès estivaux. La confiance, en tennis, produit des merveilles.
Le culot de Matteo Berrettini pendant un set. Je ne suis pas surpris de l'avoir vu s'incliner en trois sets, mais, comme on dit, il a fait son match. Son demi-match, en tout cas. J'avais des craintes pour lui car, pour son premier quart en Grand Chelem, face à Monfils, il avait eu un mal fou à rentrer dans son match. Alors, une première demie, contre Nadal... Mais il ne s'est pas dérobé et il ne lui a pas manqué grand-chose pour chaparder ce premier set qui, s'il n'aurait pas forcément changé le destin de cette demi-finale, l'aurait rendue plus durablement intéressante. Mais quel tournoi pour lui...
Je n'ai pas aimé
Globalement, le manque de suspense et d'envergure de ces deux demi-finales. Décidément, les demies masculines de Grand Chelem sur dur n'auront pas eu de veine cette année. Les quatre disputées au cumul de Melbourne et New York ont accouché de quatre rencontres en trois sets. Celle de Flushing auront quand même été plus intéressantes que les deux boucheries de la Rod Laver Arena. Mais assez vite, leur issue n'a pas fait beaucoup de doutes. Ah, si Berrettini et Dimitrov avaient pu rafler ce premier set qui leur tendait les bras... Mais il n'y a ni "si" ni "hasard" dans une demi-finale de Grand Chelem. Juste le résultat. Vendredi, il avait quelque chose d'inéluctable.
Juste pour savoir...
Grigor Dimitrov, même battu ce vendredi, est-il enfin reparti pour de bon ?
Laisser filer une finale autrement que contre Federer ou Djokovic, ça ne ressemblerait pas vraiment à Nadal, non ? OK, il y a la jurisprudence Wawrinka.
Une victoire de Medvedev dimanche, ce serait la surprise de l'année, de la décennie ou du siècle ? Vous avez deux heures.
3 stats à retenir
Daniil Medvedev est seulement le 2e joueur depuis 1990 et la création de l'ATP Tour à s'être qualifié la même année en finale des quatre grands rendez-vous de la tournée américaine, après Andre Agassi en 1995 :
- Andre Agassi (1995) : Vainqueur à Washington, Vainqueur à Montreal, Vainqueur à Cincinnati et Finaliste à l'US Open
- Daniil Medvedev (2019) : Finaliste à Washington, Finaliste à Montreal, Vainqueur à Cincinnati et en Finaliste de l'US Open
Pour la première fois depuis l'Open d'Australie 1982, les deux finalistes d'un tournoi du Grand Chelem n'ont pas battu le moindre membre du top 20 sur leur parcours. Les meilleurs joueurs battus respectivement par Rafael Nadal et Danill Medvedev sur leur parcours sont Diego Schwartzman (N°21) et Stanislas Wawrinka (N°24).
Seuls trois joueurs ont joué plus de vingt finales de Grand Chelem dans l'histoire du tennis : Roger Federer (31), Rafael Nadal (27 en comptant dimanche) et Novak Djokovic (25). Mais l'Espagnol a accompli un exploit ahurissant que n'ont pas signé ses deux acolytes et qui nécessite à la fois de la précocité, de le constance et de la longévité : il s'est qualifié pour au moins 7 finales avant ses 23 ans, entre ses 23 ans et ses 30 ans et après ses 30 ans.
Le quiz du jour
La réponse au quiz d'hier : Il fallait trouver la finale de l'édition 1974, entre Jimmy Connors et Ken Rosewall. Ce fut la première victoire de Connors à l'US Open, la dernière finale majeure de Rosewall, la dernière finale de l'US disputée sur gazon, et Connors avait infligé une correction à l'Australien quasi quadragénaire : 6-1, 6-0, 6-1.
Le quiz du jour, le dernier : Combien de fois Serena Williams a-t-elle été battue à Flushing Meadows en ayant remporté le premier set ?
Le sondage du jour
Votre pronostic pour la finale dames ?
Voilà, c'était le dernier "Good Morning Flushing" de la quinzaine. Traitement plus "classique" (mais pas moins étoffé) ce week-end avec un seul match lors des deux dernières journées. Merci à tous, et merci à notre camarade Constance de Jeu, Set et Maths pour les statistiques toujours pertinentes et précieuses. Bonnes finales à tous.
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