Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

US Open - Si chaud, si humide : Flushing Meadows ou le défi physique ultime

Maxime Battistella

Mis à jour 26/08/2019 à 13:04 GMT+2

US OPEN – Dernier Grand Chelem de l’année, Flushing Meadows constitue un test particulier pour les organismes. Si les conditions climatiques actuelles sont plutôt clémentes sur les bords de l’Hudson, la fin de l’été new yorkais participe habituellement à en faire, peut-être, le Majeur le plus exigeant physiquement, et les nouveautés apportées au site ne font que confirmer la tendance.

Roger Federer à l'US Open en 2018

Crédit: Getty Images

The show must go on. A New York, le tennis prend des allures de grand spectacle, parce qu’aux Etats-Unis, “tout est plus grand”, dixit Roger Federer himself, avant le lancement de l’édition 2019 de l’US Open. Et quoi de mieux pour conclure la saison des Majeurs en beauté que l’écrin gigantesque du court Arthur-Ashe, scène majestueuse pour les rockstars de la petite balle jaune ? Des rockstars ou plutôt des gladiateurs, tant la dimension physique a semblé prendre une importance inédite ces dernières années à Flushing Meadows, au point de se demander si le tournoi américain n’est pas devenu le tournoi du Grand Chelem le plus exigeant physiquement.
Qui ne se souvient pas de la baston mémorable l’an passé entre Dominic Thiem et Rafael Nadal, achevée au tie-break du cinquième set après quasiment cinq heures de jeu ? Accroché par Karen Khachanov et Nikoloz Basilashvili aux tours précédents, le Majorquin en avait payé les pots cassés en demi-finale contre Juan Martin Del Potro, les genoux en vrac. Sur la route de la finale en 2016, Novak Djokovic avait lui vu deux de ses adversaires abandonner en cours de match (Mikhail Youzhny et Jo-Wilfried Tsonga) et un troisième déclarer forfait.

Une humidité parfois écrasante

Ces blessures et défaillances sont souvent causées ou aggravées par les conditions climatiques spécifiques à la fin de l’été américain. "En général à New York, il y a beaucoup plus d’humidité qu’en Australie par exemple. Les températures peuvent être moins fortes mais, couplées à l’humidité, elles génèrent des conditions de jeu régulièrement plus dures", note notre consultant et ancien joueur Arnaud Clément pour lequel la tournée estivale nord-américaine n’a plus de secrets. "Il est important de s’acclimater à ces conditions en jouant des tournois de préparation", ajoute-t-il.
Pour l’ancien finaliste de l’Open d’Australie (2001), Roland-Garros reste le tournoi du Grand Chelem le plus dur sur le plan physique en raison de la longueur des échanges sur terre battue. Mais il reconnaît que le climat particulier à l’US Open représente un défi majeur. "Pour jouer dans ces conditions, il faut évidemment beaucoup s’hydrater. Les joueurs disposent désormais très souvent de serviettes remplies de glace qu’ils mettent sur leur nuque aux changements de côté. Il y a aussi des petits ventilateurs, des petits détails pour soulager les organismes. Mais quand tu te relèves de ta chaise, tu reprends tout de suite cette chaleur qui se dégage du sol, et avec cette humidité, on peut manquer d’air", explique Arnaud Clément.

Un toit sur le Ashe, mais pas d'air

Toute l’expérience du monde, parfois, ne suffit pas. Demandez à Roger Federer, pourtant pas allergique aux températures les plus chaudes pendant sa longue carrière. Bien que programmé en "night session" l’an passé en huitième de finale, il avait fini son match contre l’Australien John Millman rincé, exsangue. "Il a été examiné par le staff médical à sa sortie du court et a dû s'allonger pour reprendre son souffle", avait-même témoigné un journaliste d'ESPN alors. La fameuse extrême humidité avait eu raison du Suisse, cinq fois titré à New York, qui n’avait jamais autant fait son âge. Si le poids des ans est peut-être en cause et que l’intéressé a certainement connu un mauvais jour, un autre facteur n’a pas arrangé les choses : la nouvelle structure du court Arthur Ashe.
Pour y ajouter un toit rétractable en 2016, certaines modifications architecturales ont été nécessaires avec une conséquence majeure : la quasi-absence de circulation d’air dans l’immense court central. Novak Djokovic avait évoqué le problème l’an dernier, confiant avoir l’impression de jouer "dans un sauna". C’est une des autres différences majeures avec Melbourne et la Rod Laver Arena qui dispose également d’un toit, déployé aussi bien en cas de pluie qu’en raison d’une température exceptionnellement élevée. "Avec la ‘heat rule’ (règle spécifique à la chaleur extrême, ndlr), ils peuvent le fermer et mettre la climatisation en Australie", relève ainsi notre consultant.
picture

Une entame maitrisée et puis Federer a totalement déjoué... Le résumé d'une improbable défaite

Une "heat rule" assez floue

Pour l’US Open, les choses ne sont pas aussi claires. Pourtant, le tournoi a tenu pour la première fois de son histoire une réunion pour expliquer à la presse ses nouvelles règles dont les dispositifs prévus en pareil cas de figure. "Si la WetBulb Globe Temperature (ou indice de température au thermomètre-globe mouillé), qui prend en compte le chaleur, l’humidité et d’autres facteurs (la vitesse du vent, l’ensoleillement et la couverture nuageuse, ndlr), atteint un certain niveau, la ‘heat rule’ sera mise en place", a ainsi commenté l’Allemand Soeren Friemel, nouveau juge arbitre du tournoi, sans plus de précisions.
Après le deuxième set pour les joueuses, et le troisième pour les joueurs, une pause de dix minutes sera mise en vigueur si les conditions l’exigent. Mais l’an passé, l’organisation avait décidé de ne pas fermer les toits en raison de la chaleur, un choix lié à l’absence de système général d’air conditionné pour le court Louis-Armstrong. Qu’en sera-t-il cette année si la météo fait encore des siennes ? Le mystère reste entier. Toujours est-il que le défi des conditions extrêmes pourrait bien influer encore cette année sur le déroulement du tournoi : elles sont aussi énergivores physiquement que mentalement pour les joueurs.

Un test de résistance physique... et mentale

"Quand tu souffres de la chaleur, tu entres, inconsciemment ou consciemment, dans un système de gestion dès le début d’un match. Et ce n’est pas bon du tout, parce que si ton adversaire prend un bon départ, tu prends du retard et pour le refaire, de toute manière, il faudra faire l’effort. Il ne faut pas montrer à son adversaire qu’on souffre, ou en tout cas lui faire penser qu’on souffre moins que lui. Si on commence à lui montrer, il va s’en servir et il va insister dans cette filière et s’engouffrer dans la brèche", détaille Arnaud Clément. La dépense énergétique n’en est qu’accentuée et rend l’enchaînement des matchs plus délicat.
picture

Novak Djokovic / US Open

Crédit: Getty Images

Ajoutez à cela la position de l’US Open dans le calendrier, après une saison déjà éreintante, et vous vous ferez une idée de la montagne qui se dresse devant les 128 engagés au 1er tour lundi. "Cela dépend de la manière dont tu gères ta saison. Entre Wimbledon et l’US Open, les meilleurs ont quand même du temps pour récupérer et ils font assez peu de tournois. Mais si tu as bien joué pendant quatre ou cinq semaines sur la tournée américaine avant Flushing, est-ce que tu vas arriver avec un peu moins d’énergie sur une deuxième semaine ? Oui, peut-être", tempère notre consultant.
Le dur met enfin à l’épreuve les articulations, même si les joueurs en subissent inégalement les effets selon le tennis qu’ils pratiquent. Le ralentissement de la surface pour privilégier les échanges, synonyme de "spectacle" pour certains, a aussi rendu Flushing plus traumatisant. La glissade se généralise, le dos et les genoux sont bien plus sensibles aux chocs que sur gazon ou terre battue. Parvenir à s’économiser dans ces conditions finit par relever de l’exploit. Plus que partout ailleurs, l’état de forme des forces en présence et leur répartition dans le tableau devrait déterminer celui qui tirera les marrons du feu dans deux semaines… à condition de ne pas se griller en cours de route. Heureusement, la météo annonce des conditions plus clémentes cette année. Déjà ça de pris.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité