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Wawrinka, drôle de Stanimal

Laurent Vergne

Mis à jour 03/09/2019 à 18:24 GMT+2

US OPEN – Stan Wawrinka a refait le coup. Vainqueur de Novak Djokovic, le Suisse a signé sa 5e victoire en neuf matches de Grand Chelem contre un numéro un mondial. Le Serbe était certes diminué, mais il y a bien longtemps que Stan, ou plutôt Stanimal quand pointe les effluves majeurs, n'a plus besoin de personne pour battre qui que ce soit.

Stan Wawrinka

Crédit: Getty Images

Stan Wawrinka est vraiment un cas. Pour l'immense majorité des joueurs, affronter les plus illustres champions sur les plus grandes scènes constitue un plafond de verre. Ils brillent contre les autres, ailleurs. Mais pas contre eux, en Grand Chelem. Pour le Suisse, c'est l'exact contraire.
En amont de son huitième de finale contre Novak Djokovic, Bertrand Milliard, commentateur sur Eurosport, échangeait avec un confrère suisse lui expliquant que, pour Stan, il était presque plus difficile d'aborder un match contre Paolo Lorenzi (son adversaire en 16e de finale) que Djokovic. Face à un tel monstre, le Vaudois passe en mode machine de guerre, et envoie du bois sur tout ce qui bouge.

5-4 en Grand Chelem contre les N°1

Cela ne signifie pas qu'il soit plus simple pour lui de battre Djokovic que Lorenzi. Mais que dans l'approche du match, ça l'était. Après avoir écarté le Serbe, fut-ce sur abandon, Wawrinka n'a d'ailleurs pas dit autre chose. Le danger, pour lui, c'est la première semaine. Ce sont les premiers tours. Après, il devient le danger, la menace. "Parfois, a-t-il admis, j'ai du mal dans les premiers matches. Mais si j'arrive à m'en sortir, si je passe ce cap-là, je prends confiance en moi et je ne me pose pas de questions, contre qui que ce soit." Même un numéro un mondial. Surtout un numéro un mondial.
Cette statistique, glissée par notre camarade Constance de Jeu, Set et Maths, et que nous avons relayé dans le Good Morning Flushing de lundi, est probablement une des plus édifiantes qui soit. Dans sa carrière, hors Grand Chelem, Stan Wawrinka a perdu ses 17 matches face à un numéro un mondial. Dans le cadre des Majeurs, face au leader du tennis mondial, son bilan est positif depuis dimanche soir : 5 victoires, 4 défaites. Stanislas sort sa cape de Grand Chelem et se transforme en Stanimal.

Faible avec les faibles, très fort avec les forts

"J'aime le Grand Chelem, dit-il. C'est là, dans les grands matches, que je joue mon meilleur tennis. C'est là que je suis le plus confiant. Je sais que, quand on arrive dans ces moments-là, je donne le meilleur de moi-même, je vais être à mon meilleur niveau." Parfois faible avec les faibles, il devient très fort avec les forts. Soit l'exact contraire de la quasi-totalité des joueurs du circuit. Voilà pourquoi le Stanimal a remporté trois titres du Grand Chelem dans une ère hors normes qui a interdit à une immense majorité de très bons joueurs de n'en gagner ne serait-ce qu'un seul.
Son rapport de force historique avec Novak Djokovic est sans doute le plus éloquent de tous. Le Serbe mène très largement dans leurs confrontations (19 victoires à 5) mais en Grand Chelem, leur bilan est équilibré (4-4). Et sur leurs dix derniers duels, si le Djoker préserve un léger avantage (6-4), il est mené 4-1 en Majeur... La grande force de Wawrinka, c'est de savoir que tout peut dépendre de lui. Voilà pourquoi il parvient à s'affranchir du poids du passé. "Les statistiques, c'est la réalité du passé", confiait-il récemment à Antoine Benneteau dans le podcast Echange, sur Eurosport, comme pour dire "elles n'ont aucune importance".
Mentalement, je suis arrivé à un point où, il y a des jours, je sais en rentrant sur le terrain que je ne vais pas laisser partir le match
Ce fut une lente évolution, Stan Wawrinka a mis du temps, beaucoup de temps pour comprendre qui il était vraiment, c'est-à-dire un vrai champion, mais une fois cette certitude acquise, il a pu regarder n'importe qui dans les yeux. "Dans ma génération, beaucoup de joueurs, quand ils jouent Novak, Roger ou Rafa, ont déjà 10% de chances en moins, disait-il encore à Antoine Benneteau. J'ai vu beaucoup de matches comme ça. Mentalement, je suis arrivé à un point où, il y a des jours, je sais en rentrant sur le terrain que je ne vais pas laisser partir le match. Je ne dis pas ça de façon arrogante genre 'je sais que je vais gagner', mais mentalement, je sais que je vais être stable et que je vais produire du très bon tennis. Après, tu peux perdre quand même, mais parce que l'autre a été plus fort."
Quand on atteint ce cap-là, on n'a plus peur de personne. Nulle part. Ses problèmes physiques ces deux dernières années ont semé le doute chez Stan Wawrinka. Mais uniquement par rapport à sa faculté à retrouver, un jour, la totale capacité de son expression. Maintenant que cette question est réglée, le reste suit. On a retrouvé le Wawrinka d'avant sa blessure. Et peu importe l'état de l'épaule de Novak Djokovic, ce Wawrinka-là est très, très dangereux. Pour tout le monde.
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Stan Wawrinka

Crédit: Getty Images

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