US Open 2023 | Vainqueur de Frances Tiafoe, Ben Shelton se qualifie pour sa première demi-finale en Grand Chelem

Et l'un des fossoyeurs du tennis américain dans cet US Open est donc… Américain. Après avoir battu Tommy Paul en quatre sets en huitièmes de finale, l'incroyable et détonnant Ben Shelton en a fait de même face à Frances Tiafoe en quart de finale, ce mercredi matin (6-2, 3-6, 7-6(7), 6-2 en 3h07). A 20 ans, il devient par là même le plus jeune Américain à rallier les demi-finales de l'US Open depuis Michael Chang en 1992. Sa première demi-finale personnelle en Grand Chelem, qui lui vaudra de passer le test ultime, vendredi, face à Novak Djokovic.

Alors que l'actuel n°1 US, Taylor Fritz, s'était liquéfié un peu avant lui face à ce même Djokovic, Ben Shelton s'intronise aussi un peu, sinon comme le nouveau leader, en tout cas comme le futur de ce tennis américain. Il n'en est pas encore là, bien entendu. Mais il a en tout cas donné un petit coup de vieux à Frances Tiafoe (25 ans), déchu de sa propre demi-finale atteinte l'année dernière, et dont l'expérience plus importante ne lui a été au final d'aucun secours dans ce premier quart de finale 100% afro-américain de l'histoire en Grand Chelem. Au contraire, il en est passé à côté dans les grandes largeurs.

Alors que Shelton a abordé l'événement avec une étonnante décontraction, comme s'il allait disputer un tournoi de plage, Tiafoe, lui, est entré dans la partie complètement crispé. Il a tenu sur un fil jusqu'à 2-2 avant de perdre quatre jeux de rang et le premier set (6-2). Le seul moment où il réussit à faire jouer son droit d'aînesse, finalement, c'est au milieu du deuxième acte quand, toujours dominé aux points, il profita d'un premier très mauvais jeu de service de son fougueux rival pour le breaker et revenir à un set partout.

Mais s'il fallait retenir une chose de ce match, ce serait plutôt le troisième set, parfait résumé à lui seul de ce que peut être un duel entre deux compatriotes en Grand Chelem, forcément empreint d'une électricité particulière, et qui ne se déroule jamais vraiment comme attendu. De fait, cette manche fut un peu sans queue ni tête : on y dénombra six breaks (le premier d'entrée pour Tiafoe, le dernier pour Shelton pour revenir à 4-4), ce qui est assez insensé quand on a affaire à deux serveurs pareils, loin de leurs standards habituels dans ce secteur.

Le paroxysme de ces montagnes russes émotionnelles fut atteint dans le jeu décisif. Déchaîné, Shelton s'y procura deux premières balles de set à 6 points à 4… puis enchaîna deux doubles fautes (il en a commis 11 au total, pour 14 aces) qui offrirent une opportunité à son adversaire. Ébouriffant d'audace, Shelton la sauva d'un missile interstellaire de coup droit pleine lucarne ! Un coup de poker lunaire, et payant. Deux fautes de Tiafoe plus tard, le plus jeune des deux Américains arrachait ce tie-break crucial à plus d'un titre.

Sonné, Tiafoe ne parvint jamais à ranimer la flamme dans le quatrièm set. Pire, il s'éteignit complètement, commettant faute grossière sur faute grossière. Shelton breaka d'entrée, doubla la mise dans le 7e jeu pour s'envoler vers une victoire qui pourrait faire date, et qu'il salua d'une célébration tout à fait à la hauteur de l'incroyable showman qu'il est.

A 20 ans, le jeune gaucher américain, déjà quart de finaliste en début d'année à l'Open d'Australie, jouera donc sa première demi-finale de Grand Chelem, et s'assure au passage d'ores et déjà d'intégrer le top 20. Il lui faudra surfer sur la même euphorie face à Novak Djokovic, tout en gommant les petites scories entrevues ça et là, avec ces 34 fautes directes, dont, on l'a dit, 11 doubles.

L'étonnante générosité dont a fait preuve Tiafoe, qui lui a permis de progressivement se libérer, ne sera évidemment plus de mise chez Djoko. Ben Shelton devra faire parler la foudre pour créer l'exploit. Sa puissance phénoménale mêlée à son grain de folie peut l'autoriser, au moins, à rêver. Et si Ben Shelton nous faisait une Pete Sampras 90 ?