US Open - La journée des Français : Fils et Rinderknech qualifiés pour le 2e tour, Humbert broyé par Berrettini

Au cœur d'un début de mardi globalement très sombre pour le tennis français, marqué notamment par le nouveau naufrage de Caroline Garcia, le rayon de soleil est venu de la victoire d'Arthur Fils - sa toute première en Grand Chelem -, qui s'est offert la tête de série n°24 Tallon Griekspoor au terme d'un scénario fou (4-6, 6-3, 5-7, 6-4, 7-5) en 3h58 !

Le jeune Français de 19 ans, 48e mondial, était pourtant au bord du gouffre dans le 4e set lorsque, mené 2 sets à 1, il a été pris d'une crise de crampes assez violente - des crampes de stress a-t-il révélé au micro d'Eurosport - au point même de craindre un abandon de sa part. Fils paraissait avoir d'autant plus laissé passer sa chance dans ce 4e set qu'il avait manqué deux balles de double break à 3-1, 15-40. Oui, à ce moment-là, ça paraissait plus que compromis.

Mais finalement non, en fait. En vieux briscard, Arthur a laissé passer l'orage, pris un temps mort médical qui lui a fait un bien fou, et profité du fait que le Néerlandais n'était lui-même pas au mieux physiquement – il avait également fait appel au kiné au tout début du 4e set. Finalement, le Français, ragaillardi, a breaké à nouveau à 4-4 pour gagner le droit de s'offrir ainsi un 5e set.

Celui-ci paraissait totalement incertain, sur le plan physique et sur le plan mental aussi, puisque c'était le tout premier de sa carrière. Mais le protégé de Laurent Raymond l'a joué comme s'il en avait fait toute sa vie. Il a, en tout cas, mieux géré ses nerfs et ses muscles que son adversaire, auquel il rend pourtant quatre ans sur la fiche d'état civil.

Fils a sauvé les trois balles de break auxquelles il a dû faire face dans ce 5e set, alors que son adversaire a commis une double faute fatale sur la deuxième en sa défaveur, à 5-4. Au moment de servir pour le match, le Français s'est fait une dernière frayeur en manquant deux premières opportunités de conclure. Sur la troisième balle de match, il est parti à l'abordage pour conclure d'une volée de revers et sceller ainsi une victoire qui fera date dans sa carrière.

Elle ouvre aussi un peu son tableau puisqu'il retrouvera au 2e tour l'Italien Matteo Arnaldi, 61e mondial. Pas insurmontable. Mais chaque chose en son temps…

Ce lundi, Ugo Humbert est redevenu numéro un français au classement ATP. Mais ça ne s'est pas vu sur le court 5 mardi. Vraiment pas. Malgré son statut de tête de série (N.29), le Tricolore devait faire face à un gros client d'entrée avec Matteo Berrettini de l'autre côté du filet. On pouvait certes s'attendre à une rencontre compliquée pour le Lorrain, mais pas à le voir sombrer de la sorte. Totalement dominé d'un bout à l'autre de la partie, il a été balayé en trois sets, 6-4, 6-2, 6-2 en 2h28.

Au-delà du résultat, c'est ce non-match qui a pour le moins déçu. Humbert a aggravé son cas en se montrant d'une totale inefficacité sur les points les plus importants. Pour preuve, il n'a pas été en mesure de convertir une seule de ses sept balles de break, ce qui lui aurait pu lui permettre de faire douter le demi-finaliste 2019 un minimum. Matteo Berrettini n'a pas bénéficié de beaucoup plus de balles de break (9), mais il a tout de même pris le service du Messin à 5 reprises.

C'est donc une nouvelle déception pour les Bleus, et pour Ugo Humbert en Grand Chelem, déjà sorti au 1er tour à Wimbledon (par Jason Kubler) il y a deux mois de cela et qui n'a désormais plus remporté un seul match à l'US Open depuis 2020. Il s'était alors incliné contre... Berrettini.

Les victoires françaises sont rares dans ce début de tournoi, alors le moindre succès est bon à prendre. Arthur Rinderknech connaît une saison assez difficile, mais il s'est offert une bonne bouffée d'oxygène en franchissant le 1er tour de l'US Open.

Avec Diego Schwartzman, il avait hérité d'un tirage plutôt favorable, tant l'Argentine est méconnaissable ces derniers mois. D'une faiblesse abyssale au service (32% des points gagnés sur sa seconde balle), Schwartzman n'a jamais pu rivaliser. Rinderknech l'a breaké à huit reprises pour s'imposer 6-3, 6-4, 6-2 en 2h08.

De son côté, Luca Van Assche n'est pas passé loin d'une belle victoire face à Nicolas Jarry, tête de série n°23. Mais le Chilien a fini par faire parler sa force de frappe pour s'imposer 6-3, 3-6, 6-2, 7-6(3) en 3h35. Van Assche, 19 ans également, regrettera cette balle de 4e set obtenue à 5-4 sur son service. Il l'a manqué d'un coup droit dans le filet. Sans doute le tournant du match car Jarry, ensuite, s'est montré intraitable pour sceller un duel au 2e tour à un autre jeune joueur de 19 ans, l'Américain Alex Michelsen.

Autre éliminé français du jour : Constant Lestienne, qui avait pourtant remporté le 1er set au terme d'un gros bras de fer face à Daniel Altmaier. Mais le Picard n'a pas tenu la distance physiquement, battu en quatre sets (6-7(3), 6-3, 6-1, 6-2) par le joueur allemand qui s'offrira un 2e tour de prestige face à son compatriote Alexander Zverev.

Il n'y aura pas de duel franco-français entre Caroline Garcia et Diane Parry à l'US Open. Avant même l'entrée en lice de la numéro 1, Parry, 88e mondiale, a en effet été éliminée dès le 1er tour ce mardi, sèchement battu par la Britannique Katie Boulter (61e), 6-4, 6-0. Garcia a elle aussi chuté quelques heures

Face à la petite amie du joueur australien Alex de Minaur, qui l'avait déjà battue cette année en qualifications à Indian Wells, la Boulonnaise a mené 3-2 dans le 1er set, avant de prendre l'eau par la suite, perdant neuf des dix derniers jeux du match. Elle confirme ainsi ses difficultés sur dur cette saison, une surface sur laquelle elle n'a pas remporté un seul match sur le circuit principal en 2023.

Après les éliminations préalables de Fiona Ferro, Varvara Gracheva, Alizé Cornet (lundi) et Caroline Garcia (ce mardi), le tennis féminin français a débuté son US Open avec un 0/4.

Finalement, c'est Clara Burel qui a ouvert le score pour le contingent des Françaises avec une victoire sans souci face à l'Américaine Caroline Dolehide, 106e mondiale (6-4, 6-3 en 1h24). La Bretonne, autrice d'un bel été avec notamment une finale à Lausanne (sur terre battue) fin juillet, n'a pas réussi un match parfait, perdant notamment son service à cinq reprises. Mais elle a pu compter sur les 34 fautes directes adverses pour s'imposer et s'offrir un éventuel 2e tour face à l'ancienne n°1 mondiale Karolina Pliskova.

La journée des Françaises s'est achevée avec la défaite très honorable d'Elsa Jacquemot, qui n'est pas passée loin de remporter son premier match à l'US Open avant de rendre les armes face à l'Ukrainienne Lesia Tsurenko, 7-5, 3-6, 6-1 en 2h16. La Lyonnaise, miraculée des qualifications, repensera longtemps à ces trois balles de 1er set à 5-3 sur son service. Mais elle a continué à se battre courageuse, malgré un pied douloureux, et son parcours sur cet US Open peut lui laisser entrevoir de belles choses pour la suite.

Quand à la journée des Français, elle a pris fin également sur des défaites : à quelques minutes d'intervalle, Corentin Moutet et Arthur Cazaux sont tombés tour à tour, en trois sets face à plus fort qu'eux, respectivement Andy Murray (6-2, 7-5, 6-3 en 2h58) et Andrey Rublev (6-4, 7-6(5), 6-1 en 2h32).

Même s'il a marqué un peu moins de jeux, c'est sans doute Moutet qui aura le plus de regret puisqu'il a mené 5-3 au 2e set et aurait pu alors entraîner Murray dans un combat physique incertain. Au lieu de quoi, le Français a perdu ce set et s'est fait une belle frayeur dans le 3e set en se faisant mal au poignet gauche sur une vilaine chute. Plus de peur que de mal finalement, mais une défaite à l'arrivé.

Repêché des qualifications grâce au forfait d'Emil Ruusuvuori, Arthur Cazaux, lui, a connu un beau sursaut dans le 2e set en emmenant le Russe dans un tie break alors que celui-ci avait servi pour le set. En vain, mais cela restera une belle expérience.