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US Open 2024 : Jannik Sinner, une sacrée marge et un numéro 1 mondial imperturbable
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Publié 08/09/2024 à 23:59 GMT+2
Titré pour la deuxième fois en Grand Chelem cette saison en battant avec autorité Taylor Fritz en finale de l'US Open (6-3, 6-4, 7-5) dimanche, Jannik Sinner a été à la hauteur de son statut de grand favori et de numéro 1 mondial. Pourtant pas brillant de bout en bout à l'image de sa quinzaine, l'Italien a affiché une confiance et une maîtrise qui ont donné à son sacre le goût de l'inéluctable.
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Le pourquoi du comment
Le numéro 1 mondial face à l'espoir de tout un pays. Tel était le "pitch" de cette finale de l'US Open 2024. Et les 23 000 spectateurs du court Arthur-Ashe étaient prêts à s'enflammer pour Taylor Fritz qu'ils espéraient voir succéder à Andy Roddick, dernier Américain vainqueur en Grand-Chelem voici 21 ans, déjà à Flushing-Meadows. Malheureusement pour eux, Jannik Sinner avait d'autres plans. En mission pour aller chercher un deuxième titre du Grand Chelem cette saison, il s'est montré beaucoup trop solide pour son adversaire, novice à ce stade de la compétition.
L'expérience et la confiance dégagées par l'Italien ont été les clés principales d'une finale globalement à sens unique. Jamais inquiet, comme imperméable à la pression qui l'accompagnait en tant que grand favori, Sinner a su hausser son niveau de jeu à chaque fois qu'il en a eu besoin, notamment dans les fins de sets. Son tout meilleur tennis, il l'a trouvé dans les moments les plus importants, la marque d'un champion en pleine maîtrise de son art.
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Même le plus beau coup n'a pas échappé à Sinner : le Top 5 points de la quinzaine
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Cette finale aura donc manqué de suspense, tant l'écart sur le plan mental est apparu clair entre les deux joueurs. Taylor Fritz n'est pas pour autant passé à côté de son sujet. Bien qu'un peu inhibé en tout début de partie et parfois un peu résigné, il a su se révolter dans le troisième set pour lequel il a même servi. Il a ainsi donné un peu de relief à ce match et a réveillé un court Arthur-Ashe un peu anesthésié jusqu'alors par la domination de Sinner.
Mais en face, l'Italien a montré qu'il avait désormais tous les atours du prédateur à sang-froid. Capable de serrer le jeu même quand il a été bousculé, d'éteindre l'incendie quand il fait rage. Un peu à la manière d'un Novak Djokovic qui, soudain, ne rate plus rien pour aller faire la décision. Dans ce mode-là, personne n'a pu rivaliser avec lui au cours de cette quinzaine, pas plus Taylor Fritz que les autres. Il était tout simplement au-dessus.
Le moment-clé
A partir de son 2e break du match à 3-3 dans le premier set, Jannik Sinner n'a jamais semblé craindre voir cette finale de l'US Open lui échapper. Il n'empêche, les choses auraient pu se compliquer s'il avait perdu le 3e set. Qui sait ? Taylor Fritz aurait alors pu emmener dans son sillage un court Arthur-Ashe en feu. Mais l'Américain n'a pas pu (su ?) être assez autoritaire quand il a servi à 5-4 pour revenir à deux manches à une. Il faut dire que le numéro 1 mondial a tout retourné et a haussé son intensité pour le faire craquer.
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Ce Sinner-là était trop fort pour Fritz : Les temps forts de la finale
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La stat : 5
Jannik Sinner n'a perdu que 5 petits points sur 43 joués derrière sa première balle, soit 88 % de réussite. Sa capacité à dicter le jeu en coup droit derrière cette rampe de lancement et à imposer sa cadence infernale à l'échange a été l'une des grandes clés de son succès. Par comparaison, Taylor Fritz a lui seulement remporté 68 % des points (36 sur 53) derrière son premier service.
La décla
Taylor Fritz au public new-yorkais pendant la cérémonie de remise des trophées : "Etre un Américain à l'US Open, c'est juste incroyable. Ressentir l'amour des gens ces deux dernières semaines... Donc, merci infiniment. Je sais que nous attendons un champion américain depuis longtemps, donc je suis désolé de ne pas y être arrivé cette fois. (Il fait une pause, très ému.) Mais je vais continuer à travailler, et j'espère le faire la prochaine fois."
La question : Sinner, un numéro 1 définitivement "légitime" ?
Avant même cet US Open, Jannik Sinner était assuré de rester sur le trône. Sa régularité dans l'excellence cette saison donnait cette assurance à l'Italien, particulièrement impressionnant lors du premier trimestre 2024. Mais la fin de printemps et le début d'été de Carlos Alcaraz ont pu donner l'impression qu'il était le "vrai" patron du circuit avec cette séquence incroyable : le doublé Roland-Garros/Wimbledon suivi d'une médaille d'argent aux Jeux Olympiques de Paris.
Le prodige murcien avait ainsi pris l'avantage dans les grands événements de l'année, menant deux titres du Grand Chelem à un. De fait, cette victoire de Sinner à l'US Open lui a permis d'égaliser à deux partout pour ainsi dire. Certes, l'Italien n'a pas eu à dominer son grand rival espagnol sur le chemin de ce deuxième titre majeur. Mais il n'en est d'abord pas responsable. Et surtout, il a eu un sacré défi à relever sur le plan mental avec la polémique de début de quinzaine autour de ces deux contrôles positifs à une substance interdite dont il a été blanchi.
La tempête médiatique qui s'en est suivie et les réactions parfois virulentes de ses collègues en auraient déstabilisé plus d'un. Pas lui. Sinner a réussi à se blinder, malgré un premier set du tournoi où il a été logiquement fébrile, craignant l'accueil que le public lui réserverait. Cette force mentale est celle d'un champion déjà à part. Avec 3 000 points d'avance à la Race, il semble bien parti pour terminer l'année sur le trône. Et c'est plus que mérité.
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