US Open - Draper, l'improbable parcours immaculé : "Je trouve ça étrange"

Novak Djokovic et Carlos Alcaraz ont déjà fait leurs valises, certes. Mais en la personne du numéro 1 mondial Jannik Sinner ou encore de Daniil Medvedev - qui s'affrontent ce mercredi - il reste de sacrés clients à New York. Pourtant, c'est bien le petit poucet des quarts de finale, Jack Draper, 25e joueur mondial, qui réalise le parcours le plus proche de la perfection jusqu'ici.

Sortez vos livres d'histoire. Le Britannique n'a pas perdu le moindre set pour atteindre les quarts de finale. Il est le septième joueur ne faisant pas partie du top 20 à en faire de même à New York, depuis 1980. Le tout avec 26 petits jeux concédés, soit le sixième plus faible total depuis 1990 pour atteindre ce stade de la compétition à Flushing. Seuls Novak Djokovic et Andre Agassi ont fait mieux...

"Je trouve ça étrange, a-t-il réagi en conférence de presse au sujet de ces scénarios à sens unique. J'ai l'impression que dans mes matches, beaucoup de choses vont dans mon sens. La plupart du temps j'ai contrôlé ce que je pouvais. Dans certaines rencontres, j'ai l'impression que mon niveau baisse parce que je me déconcentre, parce que j'ai l'impression que ça va vite et que ça va dans mon sens".

Mais le joueur de 22 ans a une arme pour se remettre instantanément dans ses rencontres : sa mise en jeu. Il n'a lâché son service... qu'à une seule reprise en douze sets. C'était lors de la première manche de son troisième tour contre Botic van de Zandschulp. Le voilà donc dans le club des huit joueurs ayant atteint les quarts du Grand Chelem américain avec un break concédé ou moins dans la besace, au 21e siècle.

"Je trouve des premiers services quand j'en ai besoin. J'ai sauvé beaucoup de balles de break avec de bon services, de bons jeux. Mais je pense que j'ai encore beaucoup de travail. Quand je regarde mes stats, je vois que mes pourcentages sont très élevés, mais j'ai toujours l'impression que je ne sers pas incroyablement bien", expliquait-il au sortir d'un huitième à 49% de premières balles, pour 77% de points remportés derrière celle-ci.

En carrière, il est à 59% de premières et... 77% de réussite derrière. Ce qui aide à se dépêtrer de certaines situations : contre Tomas Machac en huitièmes, il a sauvé six balles de break. Vingt, au total, depuis le début de la quinzaine. Imprenable (ou presque) sur son service, on vous a dit.

Mais Draper ne cesse de le rappeler, derrière ces statistiques flatteuses se dresse un constat évidemment plus nuancé. Sa marge de progression, service compris, est encore énorme, et l'inverse serait d'ailleurs inquiétant. Sans compter qu'il a possiblement profité, jusqu'ici, du tableau le plus abordable des quarts de finaliste, en écartant successivement Zhang Zhizhen (41e mondial), Facundo Diaz Acosta (64e), Botic van de Zandschulp (74e) et donc Machac (39e). Pas un joueur mieux classé que lui, et pas même un top 30 mondial.

Reste ce que l'on n'a pas vu, avant que la route ne s'élève d'un coup face à Alex de Minaur, 10e joueur mondial. A savoir que le Britannique a maximisé son tennis dans un début de tournoi laborieux en termes de sensations. "J'ai eu l'impression, lors de mes premiers tours, d'être très fatigué, assez léthargique. Même si je n'ai pas joué beaucoup de matches, c'est ma première année sur le circuit (complète, ndlr.) et j'ai l'impression qu'avec les Jeux Olympiques, Montréal, Cincinnati... Le programme est implacable". Ses résultats aussi. Parce que Monsieur est, en prime, le premier Britannique à atteindre un quart de finale de l'US Open depuis Andy Murray.