US Open - Quart de finale - 10 matches, 10 défaites contre Novak Djokovic : alors, Taylor Fritz a-t-il vraiment changé ?

Dix matches, dix défaites dont huit roustes et trois petits sets gagnés sur 26 joués. Le bilan de Taylor Fritz face à Novak Djokovic fiche la trouille. Il n’est pas le seul à souffrir d’un palmarès aussi désastreux face au Serbe mais Fritz, 4e joueur ATP, fait partie de la crème désormais. Aucun membre du top 20 n’a un bilan aussi famélique face à Djokovic. Parmi les vingt meilleurs joueurs du monde, tous ceux qui ont joué plus d’un match contre le Serbe comptent au moins une victoire. Tous donc sauf Fritz qui collectionne les roustes depuis cinq ans.

Leur onzième duel arrive à point nommé pour l’Américain pour tout un tas de bonnes raisons. Leur dernier affrontement en Grand Chelem remonte à janvier 2024 à Melbourne. Or, depuis un an et demi, Taylor Fritz n’est plus tout à fait le même joueur. Depuis un an, il a fait voler en éclats son plafond de verre dans les Majeurs en atteignant enfin, et à deux reprises, le dernier carré des plus gros tournois du monde : la finale à l’US Open 2024 et la demie du dernier Wimbledon.

Fritz a gagné en densité et a abordé, cette année, Flushing Meadows dans la peau de la tête de série numéro 4, soit le meilleur classement d’un Américain à l’US Open depuis 20 ans. "J'en suis arrivé à un point où cela ne me semble plus si important, déclarait Fritz, 27 ans, lors d'une conférence de presse à Wimbledon. Quand on a ce sentiment, cela permet de jouer son meilleur tennis dans la situation et le moment présent." Il le jure, il a changé, et l’Américain tient ce mardi la meilleure occasion de le prouver face à sa bête noire ultime. Battre Djokovic, en plus de rejoindre les demi-finales du dernier Grand Chelem de l’année : voilà le double objectif qui, s’il était rempli, en dirait beaucoup sur les progrès de Fritz.

Depuis plusieurs mois, il a pris une nouvelle voie en tentant d’alléger le poids au-dessus de ses épaules. Il faut se rappeler qu’en 2021, après une défaite au 3e tour de Wimbledon face à Alexander Zverev, il écrivait une note sur son téléphone : "Personne au monde n'est aussi sous-performant que toi, tu es tellement bon, mais tu es 40e mondial, alors remets-toi les idées en place bordel." Fritz est obsédé, depuis toujours, par l’idée d’être le meilleur. Un boulet qu’il a traîné et qui l’a parfois fait déjouer. Aujourd’hui, il aborde sa carrière avec, sinon plus de légèreté, plus d’indulgence face à ses résultats.

"Aujourd'hui, il s'énerve quand il perd et il est frustré quand on en parle, mais il arrive à passer à autre chose, a confié son coach Paul Annacone à The Athletic. C'est ça, le changement. Quand on n'est pas n° 1, le tennis, c'est souvent se faire botter les fesses pendant un certain temps. Alors son désir obsessionnel et compulsif de tout gagner, de toujours gagner, d'être meilleur ? Ça peut vous épuiser." Mais ce mardi, la pression sera gigantesque sur ses épaules alors qu’après un très bon début de tournoi, le contingent américain a été réduit au seul Fritz en quart.

Les Etats-Unis, qui courent après 22 ans d’insuccès en Grand Chelem, ne compte plus que sur le grand gaillard de 27 ans. Cette attente l’a tant de fois fait s’écrouler à New York où il a dû attendre sa 8e tentative pour atteindre la deuxième semaine. Mais Fritz n’est plus le même. Même Djokovic, jure-t-il, ne le fera pas dévier.

"Je ne pense plus à toutes les défaites qui peuvent dater d’il y a cinq ans, lorsque j’étais loin d’être le joueur que je suis aujourd’hui, a-t-il prévenu avant de retrouver le Serbe ce mardi en quart de finale. Je sais que dans les matchs les plus récents face à lui, j’ai eu des occasions et je n’ai juste pas été capable d’en profiter dans les moments importants. Ma façon de penser doit être différente désormais : j’ai besoin de jouer davantage pour gagner et non pour ne pas perdre. Je ne le vois pas comme plus vulnérable, mon regard n’a pas changé sur ça. Mais par contre, j’ai conscience d’avoir progressé en tant que joueur." Tiendra-t-il sa promesse ?