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Vintage Rome - 2019, Quand le "Djoker", miraculé, résistait à la foudre de l’éternel phénix argentin

Maxime Battistella

Mis à jour 16/05/2020 à 17:31 GMT+2

ROME VINTAGE – Lors de la dernière édition du tournoi, Novak Djokovic et Juan Martin Del Potro nous avaient offert l’un des matches de l’année en quart de finale. Et si le Serbe en était sorti vainqueur, c’est bien le niveau de jeu proposé par l’Argentin, tout juste revenu d’une énième blessure, qui avait fasciné.

Novak Djokovic à Rome en 2019 (visuel Vintage)

Crédit: Eurosport

Après Indian Wells, Miami, Monte-Carlo et Madrid, revivez tout au long de la semaine les moments forts de l’histoire du tournoi de Rome, qui aurait dû se tenir du 11 au 17 mai.
Ce n’est pas pour rien qu’on le compare désormais à Thor, dieu du Tonnerre dans la mythologie nordique remis au goût du jour et au cinéma par la franchise Marvel. Quand Juan Martin Del Potro est en pleine possession de ses moyens (ou presque), chacun de ses coups droits est un prodige, un marteau semblant matraquer incessamment la balle. Et ce vendredi 17 mai 2019 dans la nuit romaine, le miracle s’est à nouveau produit, qui plus est face au numéro 1 mondial Novak Djokovic dont le grand mérite fut de plier sans rompre, comme le roseau dans la fable de La Fontaine.
Oui, un miracle, le terme n’est pas usurpé. Car avant ce chef d’œuvre, l’Argentin n’avait joué que six petits matches en sept mois depuis qu’il s’était fracturé la rotule du genou droit en octobre 2018 à Shanghaï. Enième coup dur d’une carrière hors normes aussi contrariée par les blessures que magnifiée par de spectaculaires renaissances. Avec son mètre 98 et ses 97 kilos, le phénomène Del Potro avait fait chavirer la planète tennis dès ses 20 ans avec une victoire surprise à l’US Open, s’offrant au passage les scalps de Rafael Nadal et Roger Federer en demie et en finale, excusez du peu.
Mais le colosse a un corps d’argile. Bien avant son genou, ses poignets avaient ainsi failli avoir raison de ses ambitions tennistiques. Opéré du gauche en 2010, puis du droit en 2014 et 2015, il avait, à chaque fois, trouvé le moyen de revenir au sommet. Et Djokovic était bien placé pour le savoir, lui qui avait vu l’Argentin briser son rêve d’or olympique dès le 1er tour à Rio en 2016. C’était alors le signe d'un nouveau retour au premier plan pour la "Tour de Tandil", finalement médaillée d’argent.

"Ce n'est pas important si je gagne ou pas, je viens juste de recommencer à jouer"

Si l’affiche de ce quart de finale romain Djokovic-Del Potro suscitait donc forcément la curiosité, il y avait quand même de fortes chances que la montagne accouche d’une souris. Largement devant (15-4) dans leurs face-à-face, le Serbe restait, qui plus est, sur quatre succès contre l’Argentin et un titre à Madrid quelques jours plus tôt. Avec Roland-Garros en ligne de mire et un potentiel deuxième Grand Chelem à cheval sur deux saisons en carrière, tous les voyants étaient au vert pour le numéro 1 mondial.
Tandis que pour Delpo, qui venait d’enchaîner deux victoires pour la première fois en 2019, l’enjeu était tout autre. Il s’agissait seulement de se rassurer. "Pour être honnête, je n’espère pas faire un bon résultat dans ce tournoi. Je veux juste me sentir bien sur le court, ce n’est pas important si je gagne ou pas, je viens juste de recommencer à jouer", indiquait-il d'ailleurs avant de lancer son tournoi. L’Argentin avait ainsi repris la raquette à Madrid la semaine précédente, quelques mois après un retour trop précoce à la compétition en février à Delray Beach. Vainqueur convaincant de David Goffin, puis Casper Ruud dans la capitale italienne, il est donc déjà tout heureux de se retrouver en quart de finale.
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Novak Djokovic à Rome en 2019

Crédit: Getty Images

Djokovic surpris par le... revers de Delpo

Et conscient de n’avoir absolument rien à perdre, Del Potro réussit son entame de match, parvenant à tenir son engagement (six balles de break sauvées dans le premier set) malgré la pression intense mise d’entrée par Djokovic. De plus en plus confiant, il lâche ses coups et, à la surprise générale, c’est bien lui qui fait le premier break du match à 3-3 pour virer en tête après un peu plus d’une heure de jeu (4-6). Subjugué par la puissance et l’explosivité du jeu de l’Argentin, le public romain pousse des cris d’admiration à chaque bombe lâchée par le phénomène.
Djokovic, lui, est contraint de reculer. "J’ai perdu du terrain face à lui à la fin du premier set, il frappait juste vraiment bien la balle des deux côtés, même en revers le long de la ligne", reconnaîtra d’ailleurs le numéro 1 mondial. Pour prendre la direction des échanges, Del Potro a ainsi fait le pari de recouvrir presque tous ses revers dans la diagonale, alors que, par appréhension et pour préserver ses poignets fragiles, il avait pris l’habitude d’utiliser beaucoup plus le slice depuis quelques années. "Je retrouve peu à peu mon vieux revers et tout mon jeu en bénéficie. J’ai fait beaucoup de points gagnants le long de la ligne avec et je peux davantage varier", acquiesce l’intéressé.
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Juan Martin Del Potro mécontent de l'état du court à Rome en 2019

Crédit: Getty Images

Le bras de fer endiablé fait oublier les couacs du tournoi

Finalement, une seule chose perturbe l’Argentin ce vendredi soir : l’état du court. C’est d’ailleurs sur un faux rebond qu’il concède pour la première fois son service – à la neuvième opportunité adverse – et voit Djokovic prendre ses aises dans le deuxième set (4-6, 5-2). Mais il n’est pas le premier à s’en plaindre. Très perturbé par la pluie, le tournoi avait été contraint de demander aux joueurs de disputer deux matches chacun la veille. Jugés trop durs et manquant de terre battue, les courts avaient alors fait l’objet de nombreuses critiques.
Clairement dans le collimateur, l’organisation avait essuyé un nouveau coup dur quelques heures avant le choc Djokovic-Del Potro. Alors qu’il devait affronter Stefanos Tsitsipas, Roger Federer s’était ainsi retiré du tournoi, blessé à la jambe après une glissade sur une ligne qu’il avait jugée dangereuse en huitième de finale contre Borna Coric. Mais heureusement pour Sergio Palmieri, le directeur du Masters 1000 italien, ces préoccupations s'effacent peu à peu devant la qualité du tennis proposé par Djokovic et Del Potro. Plus bestial que jamais, l'Argentin refait son retard à grands coups de massue dont un à 172 km/h pour égaliser à 5 jeux partout dans la deuxième manche.
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Juan Martin Del Potro à Rome en 2019

Crédit: Getty Images

Perdant magnifique, Delpo a gagné la bataille du coeur

Et dans le tie-break, la "Tour de Tandil" perce encore un peu plus la muraille défensive adverse jusqu’à obtenir deux balles de match à 6 points à 4. Loin derrière sa ligne de fond, Djokovic subit mais remet tout de même en jeu la première balle de l’Argentin qui n’a plus qu’à exécuter un coup droit croisé dans le replacement du Serbe pour l’emporter. Une formalité normalement… Mais le bras tremble et la balle, décentrée, sort des limites du court. "J’ai eu de la chance. Au moment décisif dans le tie-break du 2e set, il jouait vraiment bien mais il a manqué deux points cruciaux. Il m’a créé beaucoup de problèmes, mais je n’ai jamais cessé d’y croire", analysera avec lucidité Djokovic qui empoche les trois points suivants et fait basculer la partie (4-6, 7-6(6)).
Car si Delpo est le premier à se procurer trois balles de break en début de troisième set, son coup droit le lâche encore au moment de faire la différence. Dans la foulée, Djokovic, en bon prédateur à sang-froid, ne se fait pas prier pour asséner le coup de grâce. D’un ultime ace au T, le numéro 1 mondial clôt plus de trois heures d’un grand spectacle (4-6, 7-6(6), 6-4) dans la nuit romaine. Et pourtant, c’est bien Del Potro qui a gagné la bataille du cœur. Le géant à la démarche indolente sort même du court sous les applaudissements adverses. "C’est bon de te revoir à ce niveau", s’exclame le Serbe, résumant parfaitement le sentiment général.
Revoir l’Argentin dans cette forme rend alors la perspective de Roland-Garros, déjà magnifiée par le retour-événement de Federer, encore plus alléchante. Mais Del Potro ne résistera pas longtemps au défi des cinq sets. Déjà touché lors de sa sortie en huitième de finale à Paris par Karen Khachanov, il glissera une fois de trop sur le gazon du Queen’s face à Feliciano Lopez et ne rejouera plus de la saison. Opéré deux fois de la rotule depuis (en juin 2019 et janvier 2020), il croit encore en son étoile et espère bien effectuer un énième retour. Gageons qu’il y parvienne pour que le miracle de cette soirée romaine se reproduise au moins une dernière fois.
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Novak Djokovic à Rome en 2019

Crédit: Getty Images

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