Lisicki au paradis

Assise sur sa chaise, Sabine Lisicki ne peut retenir ses larmes. L'Allemande revient de si loin. Eloignée des courts pendant plus de cinq mois la saison dernière à la suite d'une grave blessure à la cheville gauche, elle a réussi l'exploit de la journée à Wimbledon en faisant chuter la récente lauréate à Roland-Garros, la Chinoise Na Li.

Un exploit certes mais qui ne fait cependant pas oublier qu'avant même l'éclosion de Julia Gorges et Andrea Petkovic, la joueuse d'origine polonaise était présentée comme le renouveau du tennis allemand. Dès ses premières armes sur le circuit professionnel, la protégée de Daren Cahill avait marqué les esprits en s'offrant des succès de prestiges face à Lindsay Davenport en Fed Cup, Dinara Safina à l'Open d'Australie en 2008 ainsi qu'un quart de finale à Wimbledon et un titre à Charleston en 2009 en écartant au passage Venus Williams, Marion Bartoli et Carole Wozniacki, actuelle numéro un mondiale.

Le talent était bel et bien présent, seule sa grave blessure l'avait empêchée jusqu'à présent de l'exprimer pleinement. A Roland-Garros déjà, Lisicki avait été tout près de créer la sensation en menant 5 jeux à 1 au troisième set face à la Russe Vera Zvonareva, numéro deux mondiale. Depuis cette défaite homérique, conclue sur une civière en raison d'un malaise, la joueuse germanique a signé un parcours quasi-sans-faute sur gazon, remportant 12 de ses 13 derniers matches, avec un titre à Birmingham.

Face à la quatrième joueuse mondiale, l'Allemande a fait très forte impression. Portée par un service impressionnant, avec 17 aces à la clef, elle a fait étalage de ses immenses qualités sur herbe et fait preuve de qualités mentales étonnantes dans le money-time pour effacer deux balles de match consécutives à 5-3 dans le troisième set avant de s'imposer 8-6. "Son service est impossible à retourner pour une femme!", a déploré Na Li, plutôt souriante dans la défaite, même si la pilule était difficile à avaler pour la Chinoise.

"Je n'ai rien à me reprocher. Il n'y avait rien à faire", a commenté la joueuse asiatique qui a calé comme les trois précédentes championnes de Roland-Garros, Schiavone, Kuznetsova et Ivanovic, avant même la deuxième semaine. Signe que la transition entre la terre battue et le gazon n'a rien d'évident. "Je suis sur un nuage", a lancé Lisicki, classée 218e au mois de mars. "J'ai dû repartir à zéro, ça a été très dur", a témoigné l'Allemande qui pourrait continuer à faire des ravages dans une partie de tableau où sa prochaine adversaire est la modeste Japonaise Misaki Doi.