Llodra, le patient anglais

Michael Llodra aime prendre son temps. Le Français est du genre patient. Encore plus lorsqu'il s'exprime sur le gazon anglais. Sur cette surface, son tennis d'attaque et son potentiel de serveur-volleyeur sont censés faire des étincelles. Paradoxalement, Llodra a dû attendre son onzième Wimbledon pour revenir en deuxième semaine. Comme Richey Reneberg, Jeremy Bates et Marc Rosset avant lui. A 31 ans, il était temps. Lundi, il se mesurera à Novak Djokovic.

Huitième de finaliste à Roland-Garros et à l'US Open, Llodra s'était déjà illustré à Wimbledon. En double. Associé à Arnaud Clément, il avait enlevé les Internationaux de Grande-Bretagne en 2007. Mais jusqu'à présent, il n'y avait jamais brillé en simple. "Ça fait tellement d'années qu'on me rabâche: «Pourquoi n'as-tu jamais passé plus d'un tour ici?», reconnaît le Parisien. Je sais que je peux faire quelque chose à Wimbledon. Avec le niveau qui est le mien, je peux peut être entrevoir plus loin. Je sais que sur cette surface, je me sens bien. Maintenant je suis en deuxième semaine, en bonne forme. Je sers bien, je bouge bien... Ce serait dommage de ne pas en profiter."

Depuis le début de la quinzaine londonienne, Llodra a effectivement déroulé un jeu de haute volée. Le meilleur de sa carrière ? "Ça y ressemble..." Samedi, il a réussi "le match parfait" face au Taïwanais Lu Yen-Hsun (6-3, 6-3, 6-1) : dix-neuf aces, 70 % de premières balles, des retours fulgurants et des montées tranchantes. Llodra a les armes pour "réaliser quelque chose de grand". Du coup, il "voit plus loin". "Il manque à ma carrière un gros résultat en Grand Chelem. Je ne dis pas que je vais le faire, mais j’ai de l’expérience et je m’en sens capable, alors je vais essayer."

Encore faut-il franchir la montagne Novak Djokovic. Sur le papier, le N.2 mondial a une belle marge d'avance sur Llodra, 35e à l'ATP. Surtout que le Serbe n'a perdu qu'un seul de ses quarante-quatre matches cette année. Face à Roger Federer, en demi-finales de Roland-Garros. Une telle série en impressionnerait plus d'un. Pas Llodra. "J'ai envie de jouer cette rencontre à fond car, sur un match, tout peut se passer, annonce le Français. Le gazon n'est pas sa surface de prédilection, même s'il joue très bien ici." Samedi, face au Chypriote Marcos Baghdatis (6-4, 4-6, 6-3, 6-4), "le joker" a montré quelques signes inhabituels de faiblesse. Nerveux, il ne "(se) sentait pas très bien sur le court". De quoi alimenter l'optimisme de Llodra ? Le Français se souvient qu'en novembre dernier, il s'était offert le scalp du Serbe à Bercy (7-6, 6-2). "J'ai été capable de le battre une fois, alors pourquoi pas deux ?" Pourquoi pas.