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WIMBLEDON 2021 - Le dernier "Manic Monday" de l'histoire s'est terminé sur l'abandon de Raducanu face à Tomljanovic

Rémi Bourrières

Mis à jour 06/07/2021 à 11:12 GMT+2

Le dernier "Manic Monday" de l'histoire de Wimbledon s'est terminé ce lundi avec la victoire par abandon d'Ajla Tomjanovic sur Emma Raducanu. A partir de l'année prochaine, on jouera le dimanche du milieu. Donc on jouera moins le lundi. Même si c'est pour la bonne cause, cela n'en reste pas moins un pilier de la tradition anglaise qui s'effondre.

Play goes on on the outer courts at The All England Tennis Club in Wimbledon, southwest London, on July 1, 2019, on the first day of the 2019 Wimbledon Championships tennis tournament. (Photo by Daniel LEAL-OLIVAS / AFP)

Crédit: Getty Images

Au moins se souviendra-t-on de ce dernier "Manic Monday" de l'histoire de Wimbledon, marqué par quelques dingueries comme le duel sans queue ni tête entre Khachanov et Korda, la magistrale première qualification pour un quart de finale majeur de Felix Auger-Aliassime, la résurrection de Roger Federer sans oublier bien entendu la participation de la pluie, qui ne pouvait décemment pas manquer cette dernière séance. Et une drôle de touche finale, avec l'abandon de la jeune héroïne locale Emma Raducanu (18 ans), victime d'une terrible défaillance physique après avoir donné une somptueuse réplique à Ajla Tomljanovic au 1er set (6-4, 3-0 ab.).
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Emma Raducanu of Great Britain goes off court for a medical time out in her Ladies' Singles Fourth Round match against Ajla Tomljanovic of Australia during Day Seven of The Championships - Wimbledon 2021

Crédit: Getty Images

Voilà, c'est fini. A partir de 2022, le "Manic Monday", le "terrible lundi" comme on pourrait le traduire en français (même si ça claque moins), redeviendra un jour banal. Comme un lundi, quoi. Il n'y aura plus l'intégralité des 16 huitièmes de finale féminins et masculins au programme, comme c'était le cas jusqu'à aujourd'hui, mais seulement la moitié, comme c'est d'usage sur les autres Grands Chelems. La raison, on la connaît : la disparition du non moins traditionnel "Middle Sunday", le dimanche chômé du milieu de tournoi, ce qui permettra à ces huitièmes de finale de pouvoir s'étaler sur deux jours.

Le dimanche chômé, une tradition historique

A Wimbledon, il est des traditions qui se perdent et celle-ci en est (en était) une des principales. Ça va tout de même faire bizarre, la disparition de cette ancestrale et salutaire petite respiration dominicale qui existait, pour ainsi dire, depuis l'origine du tournoi en 1877. Savez-vous pourquoi, au fait ? Parce qu'historiquement, on ne pratiquait pas de sport en Angleterre le dimanche, jour dédié à la religion.
Il a fallu longtemps aux institutions pour prendre peu à peu leurs libertés avec cette vieille coutume. Rappelons que jusqu'en 1981, la finale du simple messieurs était elle-même disputée le samedi, et la finale dames le vendredi. Et si cette tradition n'était donc pas propre au tennis - pas le moindre match de football professionnel, par exemple, ne s'est joué un dimanche en Angleterre jusqu'en 1974 -, on l'a fait perdurer plus longtemps à Wimbledon, qu'ailleurs, au motif impérieux de donner au gazon un jour de repos au milieu de la bataille.
Sauf qu'au fil des années, la mise au point d'une variété de gazon de plus en plus résistante a rendu ce motif un peu caduc. Les seules raisons profondes de maintenir le "Middle Sunday" restaient le souci de ménager la tradition mais aussi la patience des riverains, ceux-là mêmes qui ont réussi à faire passer un couvre-feu systématique à 23h à Wimbledon.

Business is business

Pourtant, c'est vrai que c'était plutôt bien, ce break au beau milieu de la bataille, cette petite oasis de sérénité entre deux coups de feu, à laquelle le tournoi n'aura dérogé que quatre fois dans son histoire (en 1991, 1997, 2004 et 2016), pour pallier un retard trop important accumulé à cause de la pluie. Ça permettait à tout le monde de recharger les batteries. Aux joueurs et à leur entourage bien sûr, mais aussi, on y pense moins, aux journalistes.
Mais c'était moins bien, évidemment, pour les spectateurs. Et, aussi, pour les finances du tournoi. Wimbledon ne s'en est d'ailleurs guère caché en annonçant, en avril dernier, la fin imminente du "Middle Sunday" : un jour en plus de compétition, à fortiori un dimanche, c'est une forte journée d'audience en plus. Donc de revenus en plus.
A l'ère du sport-business toujours plus galopante, Wimbledon ne pouvait probablement plus se permettre de se passer de cette manne providentielle, surtout après avoir dû annuler son édition 2020 en raison du contexte sanitaire, occasionnant un manque à gagner sans doute pas couvert par l'assurance pandémie que les Anglais avaient eu le bon goût de contracter.
Il n'empêche que même si cette décision se comprend - beaucoup plus en tout cas que l'ignoble tie break instauré à 12-12 (en 2019) -, une partie de nous ne pourra s'empêcher de la regretter. C'est une partie de la spécificité, donc de l'âme du tournoi, qui s'envolera. Adieu Manic, adieu Middle, on vous aimait bien !
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