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WIMBLEDON 2021 – Pour Novak Djokovic, les portes de l'histoire sont désormais grandes ouvertes

Rémi Bourrières

Mis à jour 10/07/2021 à 09:18 GMT+2

Vainqueur à l'expérience de Denis Shapovalov ce vendredi en demi-finale de Wimbledon, sans forcément briller mais en gérant comme d'habitude exceptionnellement bien son match, Novak Djokovic s'est donné le droit de disputer, contre Mattéo Berrettini, une finale qui pèsera très lourd dans l'histoire du tennis.

Novak Djokovic of Serbia celebrates at Wimbledon 2021

Crédit: Getty Images

C'est fou, cette impression partagée par tous (ou presque) d'avoir vu des dizaines de fois ce match entre Novak Djokovic et Denis Shapovalov, ce vendredi, en guise de demi-finale de Wimbledon. Comme on l'attendait de lui, le Canadien est entré bille en tête dans la partie, il a bousculé son adversaire avec son tennis déluré, il a frappé plus de coups gagnants que lui (40 à 33), il s'est créé moult occasions et a même servi pour le gain du 1er set, à 5-4. Mais son bras, comme par enchantement, est à chaque fois devenu plus lourd au moment de porter l'estocade.
Et à force de laisser passer des trains, il s'est inéluctablement délité face à l'indécrottable pugnacité de son adversaire, vainqueur à l'arrivée 7-6(3), 7-5, 7-5. Trois sets certes serrés, mais trois sets quand même, ce qui, comme l'a reconnu le Serbe après son succès, ne reflétait pas tout à fait l'âpreté des débats. Oui, Shapovalov aurait sans doute mérité d'arracher au moins une manche. Mais de gagner, non.
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La frustration de Denis Shapovalov... Le Canadien a bien joué, sauf dans les moments les plus importants.

Crédit: Getty Images

Au-delà du contexte d'une première demi-finale de Grand Chelem qu'il a, somme toute, plutôt bien géré, la principale raison de l'échec de Shapovalov tient avant tout à l'identité de son bourreau, Novak Djokovic, et à sa capacité unique à faire jouer et rejouer le coup de plus, le coup de trop, entrant progressivement dans le cerveau de son opposant plus facilement qu'un loup – puisqu'il aime les loups – dans une bergerie dont on aurait omis de barricader les portes en bois.
Cette demi-finale, le n°1 mondial l'a gagnée tout simplement au métier, à l'expérience. La bouteille a fini par sabrer le (tennis) champagne. Comme Roger Federer et Rafael Nadal avant lui, l'aura dont bénéficie le n°1 mondial sur le circuit, spécialement face aux plus jeunes, a atteint un tel niveau que c'est à se demander s'il ne gagne pas une grande partie de ses matches rien qu'en toisant ses rivaux de l'autre côté du filet.
Le public du Centre Court a bien tenté de voler au secours de Shapovalov en lui témoignant son affection massive, ce qui lui aura arraché quelques larmes poignantes d'émotion après le match, mais ne lui aura été d'aucun secours pendant. Bien au contraire. Djokovic ne revêt jamais aussi bien les habits d'un tueur au sang-froid que dans ces moments-là.

Le boa constrictor et l'agnelet

Avec tout ça, voilà le Serbe, désormais, là où il voulait être. En finale. Là où on l'attendait tous, certes, mais avec une confiance mâtinée d'une once de circonspection, liée à la façon dont il aurait géré son sacre à Roland-Garros. En 2016, année de son premier titre parisien, le Serbe n'avait pas su gérer la transition.
Là, au contraire, il l'a parfaitement absorbée, grâce à une programmation idoine de son calendrier désormais totalement focalisé (comme son attention) sur les tournois du Grand Chelem. Grâce aussi à une maîtrise de lui-même, de son corps, des éléments, de tous les paramètres de son jeu, qui n'a jamais semblé aussi optimale. Le Serbe ne se contente pas de bien jouer. Il étouffe tout, il contrôle tout, jusqu'à paralyser les réflexes de ses adversaires, à la manière d'un boa constrictor asphyxiant progressivement un agnelet. Novak Djokovic est devenu une impitoyable machine à vaincre.
D'accord, ça n'est peut-être pas toujours très sexy ou rock 'n' roll. Mais ça n'en reste pas moins admirable, et même plus que ça. C'est surtout la condition sine qua non, à 34 ans, pour continuer à enchaîner autant les victoires, sans y laisser trop de plumes. Et pour être à l'heure au grand rendez-vous que lui a fixé l'Histoire de son sport.

"J'espère que les gens sauront reconnaître l'importance de ce match"

L'Histoire ? La voici donc qui s'annonce, avec son grand H. Le face-à-face entre Novak Djokovic et sa légende aura bien lieu dimanche face à Matteo Berrettini, un homme qui jouera sa première finale de Grand Chelem (contre 30 à Djokovic, à une unité du record de Federer), et qu'il a battu deux fois sur deux, la dernière, on s'en souvient, en quart de finale à Roland-Garros. Sans faire injure au physique de 3ème ligne de Berrettini (et plus encore à son niveau de jeu extrêmement élevé depuis plusieurs mois), c'est presque l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarettes qui sépare désormais Novak Djokovic de la gloire suprême.
Un match, un tout petit match encore, et il empochera ce mythique 20e Grand Chelem, celui qui lui permettrait d'égaler Roger Federer et Rafael Nadal au palmarès des joueurs les plus titrés de tous les temps. Un match, un tout petit match encore et il aura par ailleurs décroché les trois premières levées majeures de la saison, ce que quatre joueurs seulement ont fait avant lui : Jack Crawford (1933), Donald Budge (1938), Lewis Hoad (1956) et Rod Laver (1962, 69). Parmi eux, seuls Budge et Laver ont poursuivi leur moisson victorieuse jusqu'à décrocher, derrière, le Grand Chelem. Le vrai. Le mythique.
"Remporter ce 20e titre Grand Chelem, cela signifierait absolument tout pour moi, a averti Novak Djokovic, qui n'a pas manqué de faire un petit appel du pied au public. J'espère que les spectateurs seront avec moi, car avoir la foule avec ou contre soi, ça fait quand même une grande différence. Les gens aiment voir l'outsider gagner, je le sais. Mais j'espère qu'ils sauront aussi reconnaître l'importance de ce match pour moi, et l'histoire qui va s'écrire autour..."
Une chose est sûre, en tout cas : les feux des projecteurs seront totalement braqués sur Novak Djokovic ce dimanche. Jusqu'à l'aveuglement, ou l'éclaboussement de lumière...
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