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Wimbledon, demi-finale - Sabalenka affronte Pliskova pour une place en finale à Londres

Alexandre Coiquil

Mis à jour 08/07/2021 à 15:24 GMT+2

WIMBLEDON - Opposée à Karolina Pliskova lors de la seconde demi-finale, jeudi, Aryna Sabalenka touche presque à son but, celui de disputer une première finale en Grand Chelem. Longtemps bloquée dans les tournois majeurs à cause de la pression, la 4e mondiale a énormément changé son approche psychologique des événements pour franchir un palier.

Aryna Sabalenka lors de Wimbledon 2021

Crédit: Getty Images

Elle a peu joué sur gazon, mais elle s'est débloquée en Grand Chelem dessus

Aryna Sabalenka n'est pas une exception mais presque. La Biélorusse, 4e mondiale, et désormais demi-finaliste en Grand Chelem, n'est pas vraiment une experte du gazon. A 23 ans, elle ne compte que quatre saisons sur la surface, elle qui a joué ses premiers matches professionnels à 14 ans. Vu que les tournées sont très courtes, cela ne représente pas grand-chose dans sa carrière. Quatre mois, pour un total de 29 rencontres sur le circuit WTA.
"J'aime jouer sur gazon, je m'y sens mieux que sur terre battue, c'est mieux pour mon jeu", expliquait-elle en 2018 alors qu'elle s'apprêtait à disputer sa première et seule finale sur herbe, à Eastbourne. Trois années et une pandémie plus tard, c'est à Wimbledon qu'elle va peut-être décrocher sa première finale en Grand Chelem. Pour une telle cogneuse, beaucoup plus à l'aise sur dur, c'est un vrai clin d'œil. Au mois de mai, elle avait remporté son premier WTA1000 à Madrid, sur ocre, surface qu'elle détestait. Là aussi, il y avait de quoi sourire.
A Londres, elle a clairement franchi un cap psychologique très important, à 23 ans. En 14 participations en Majeurs, elle n'avait atteint la deuxième semaine qu'à deux reprises (US Open 2018 et Open d'Australie 2021), ce qui était son plafond de verre. A Roland-Garros où elle avait débarqué avec le statut d'outsider, elle avait une nouvelle fois craqué aux portes de cette fameuse deuxième semaine avec une défaite en mode arrosage automatique au 3e tour face à Anastasia Pavlyuchenkova sur le court Simonne-Mathieu.
"J'ai toujours été déçue de moi après chaque Grand Chelem car je n'arrivais pas à supporter la pression", expliquait-t-elle mardi après sa victoire face à Ons Jabeur. "J'ai cru que je n'y arriverais jamais en deuxième semaine. J'ai beaucoup travaillé avec mon préparateur mental et mon coach. Maintenant, je suis toujours en course et j'ai l'opportunité de gagner un Grand Chelem. Je ferai tout ce que je peux pour atteindre mon objectif."
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Highlights | Aryna Sabalenka - Serena Williams

Mentalement tout a changé

Aryna Sabalenka est un cas de plus qui prouve que le tennis est avant tout un sport mental. Enormément stressée et nerveuse, comme elle le disait elle-même au sujet des deuxièmes semaines en Grand Chelem, la Biélorusse a totalement changé son approche de la compétition. Elle avait donné quelques indices de sa métamorphose lors du Roland-Garros automnal en 2020, où elle avait expliqué qu'elle avait appris à aborder un Majeur comme si c'était un tout autre tournoi. Un exercice qui a l'air simple de prime abord, mais pas tant que ça : jouer sur le Central de Roland ou le Centre Court de Wimbledon peut en intimider plus d'une.
Elle l'a reconnu, elle n'avait jamais bien travailllé son approche mentale. Consciente d'avoir un jeu dévastateur, qui lui offrait un avantage certain, face à beaucoup de joueuses, Sabalenka a admis avoir beaucoup joué au tennis en faisant un complexe de supériorité face aux joueuses moins bien classées. "Je n'étais pas vraiment concentrée lors des rencontres face à ce type de joueuses. Enfin, je l'étais dans un certain sens, mais j'étais vraiment dans l'émotionnel. Si une adversaire faisait des coups gagnants, cela me frustrait. Je devenais folle."
Cette folie l'a souvent faîte basculer du mauvais côté. "Je suis vraiment une joueuse différente de celle que j'étais il y a deux ans. A cette époque, je devenais folle à chaque match. Cela m'arrivait deux fois par match de me retrouver comme ça." Désormais suivie par un préparateur mental, elle a presque enfermé son docteur "Hyde" en elle. Approche des rendez-vous en étant plus apaisée, gestion des émotions : elle a tout révolutionné. Pour s'encourager en plein match, elle a même choisi la manière douce. "Je me dis : 'Respire'. C'est bon, tu peux le faire. Continue de te battre, continue de donner tout ce que tu peux. (...) Je dois accepter d'être sous pression pendant les Grands Chelems. Cela m'aide à garder mon niveau sur le court."
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"Le moment de Sabalenka est peut-être arrivé"

Tursunov, le déclic

L'ancien joueur russe a été le premier très gros déclic dans la carrière de Sabalenka. C'est aux côtés de l'ancien 20e mondial qu'elle avait joué sa première finale sur gazon en 2018, atteint sa première deuxième semaine en Grand Chelem à l'US Open, puis gagné son premier titre quelques mois plus tard. C'est surtout lui qui avait paramétré le jeu tout en puissance de la joueuse de Minsk. Quelques mois auparavant, elle avait brièvement collaboré avec Magnus Norman, mais sans y trouver ce qu'elle cherchait. C'est désormais son compatriote, et ancien joueur, Anton Dubrov, qui est son entraîneur.
Celui qui a compris qui elle était, c'est Tursunov, reconverti coach quelques mois après l'arrêt de sa carrière. "Les joueurs ont souvent peur de changer ou d'essayer des choses différentes et cela les ralentit dans leur progression. Elle a une approche tout à fait différente. Souvent, les joueurs vont chercher des éléments extérieurs, que ce soit la raquette, le cordage. Ils pensent même que changer le grip va les aider à mieux jouer, comme ça ils n'ont pas à se concentrer sur eux", expliquait le Russe à la WTA en 2018. "Elle, elle a voulu changer son approche mentale et elle a rapidement progressé car elle a toujours été ouverte aux nouveautés."
Forte, souvent colérique, la relation entre les deux n'a laissé personne indifférent sur le circuit WTA pendant un an et demi. Tout a pourtant pris fin en septembre 2019 après une tournée US ratée. Lors d'un entraînement, Tursunov avait pointé du doigt le manque de travail de sa protégée, pas assez concernée. "Tous les couples ont besoin d'un break, mais je ne veux pas réellement dire au revoir à Dimitry car il est quasiment mon meilleur ami", disait Sabalenka à l'époque. "Je veux le garder dans ma vie. Mais ne plus l'avoir ne cassera pas mon jeu pour autant." Un an après, Tursunov avait expliqué comprendre son choix dans le podcast Double Bagel. "Elle a dû ressentir que je ne pouvais plus rien lui apporter. Si elle a ressenti cela, c'est que d'arrêter de travailler ensemble était la bonne solution."
Malgré cette rupture avec son mentor, la championne de 23 ans continue de progresser pas à pas et de gravir les marches vers le sommet. Bras de fer, tête bien faite et surtout plaisir de jouer sont ses moteurs. A Wimbledon, elle a tout rassemblé. "J'en prends à chaque seconde passée sur le court. J'aime tout : le service, retourner, bouger. J'aime tous les aspects du jeu sur la surface. (...) Je dois juste croire que je peux le faire, que j'ai mérité d'être là, après tout ce que j'ai fait, et juste continuer de travailler." Que Karolina Pliskova se méfie, la tornade Sabalenka est lancée.
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