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WIMBLEDON – L'Antisèche : Rybakina a gardé son sang-froid, Jabeur a perdu le fil tactique en finale

Rémi Bourrières

Mis à jour 09/07/2022 à 22:32 GMT+2

WIMBLEDON - Forcément empreinte d'une émotion particulière, la finale dames entre Elena Rybakina et Ons Jabeur a tourné à l'avantage de la Kazakhe, qui a réussi à mieux tenir ses nerfs que la Tunisienne, laquelle s'est en revanche embourbée dans ses schémas tactiques. Une surprise, oui, mais pas tant que ça vu le niveau de jeu très élevé démontré par Rybakina tout au long de la deuxième semaine.

Corretja : "Très impressionné par Rybakina, qui a dompté la pression tout le tournoi"

Le pourquoi du comment

On pouvait s'en douter : avant même d'être tennistique, l'issue de cette finale allait forcément se jouer en grande partie sur le terrain émotionnel, entre deux joueuses disputant leur première finale de Grand Chelem.
En soi, c'est déjà extrêmement stressant. A Wimbledon, c'est peut-être encore "pire" (vu le contexte solennel), d'autant que la chose est rarissime. Il fallait remonter à 1962 pour trouver trace d'une finale dames de Wimbledon opposant deux néophytes.
Le temps d'un set, le premier, on a bien cru que cet aspect émotionnel allait plutôt rattraper Rybakina, assez catastrophique durant cette première manche. Mais la grande Kazakhe a réussi à se calmer et à mettre en place son tennis destructeur en même temps qu'elle retrouvait sa qualité de service. Il est vrai que le fait de pouvoir s'appuyer sur un service pareil, dans un tel contexte, ça aide…
A l'inverse, Ons Jabeur a progressivement perdu sa lucidité, ce qui s'est vu dans la manière dont elle a semblé s'égarer dans ses schémas tactiques. Elle s'est mise à utiliser de moins en moins le slice, pourtant si efficace en début de match, et s'est lancée dans une campagne d'amorties moins prolifiques. Pour tout dire, la Tunisienne a semblé un peu en panique.

Le moment-clé

On en voit deux. D'abord le début du 2e set, lorsque Jabeur, breakée d'entrée, a manqué une opportunité de revenir tout de suite, et surtout trois autres deux jeux plus tard. Avec quelques regrets sur la dernière d'entre elles, manquée d'une faute en revers.
Re-belote dans le 3e set : breakée d'entrée, Jabeur a eu trois balles de débreak - cette fois consécutives - à 3-2, 0-40. Elle les a manquées là encore, dont une sur une amortie un peu gourmande alors qu'elle était bien installée dans l'échange. Sa chance était passée.

La fiche

STATISTIQUESELENA RYBAKINAONS JABEUR
Aces44
Doubles fautes31
Pourcentage 1ères balles60%54%
Réussite derrière la 1ère balle63%69%
Réussite derrière la 2e balle57%48%
Balles de break4/62/11
Coups gagnants2917
Fautes directes3323
Points gagnés8580

La stat : 6

Wimbledon n'est plus l'océan de quiétude qu'il a pu être, y compris chez les femmes. Elena Rybakina est la 6e joueuse différente à s'y imposer en six éditions, après Serena Williams (2016), Garbiñe Muguruza (2017), Angelique Kerber (2018), Simona Halep (2019) et Ashleigh Barty (2021). Un turn-over record dans le Temple depuis le début de l'ère Open.
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Elena Rybakina

Crédit: Getty Images

La décla

"Je tiens à remercier le président de la Fédération kazakhe, qui était là pour m'encourager en finale et qui était déjà là pour ma demie. Merci, votre soutien a été incroyable."
On ne sait si c'est pour désamorcer la polémique sur son origine russe (la Russie, faut-il le rappeler, ayant été bannie de ce Wimbledon), mais Elena Rybakina, lors de son discours, a tenu à insister sur l'aide apportée par son pays d'adoption, le Kazakhstan. Qui, grâce à elle, s'inscrit donc pour la première fois sur la liste des pays victorieux en Grand Chelem (en simple).

La question : Ons Jabeur a-t-elle laissé passer sa chance ?

A tout le moins, elle a laissé passer une chance en or. Jouer une première finale de Grand Chelem en évitant l'ogresse du moment (Iga Swiatek) ou toute autre prétendante annoncée, mais au contraire face à une autre néophyte moins bien classée qu'elle, c'était une fantastique opportunité pour la Tunisienne, qui rêvait devenir la première représentante du monde arabe et du continent africain à gagner un titre majeur (chez les femmes).
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"Désormais dans le Top 10, au tour de Jabeur de rêver d'un Grand Chelem"

Cette défaite, ne le cachons pas, pourrait lui faire mal. Maintenant, la progression d'Ons Jabeur est si régulière depuis deux ans, son projet désormais si cohérent et structuré qu'il n'y a pas de raison non plus qu'elle ne revienne pas goûter un jour à l'ivresse des sommets. Avec cette fois la maturité émotionnelle nécessaire. Après tout, elle est la "vraie" n°2 mondiale, même si l'absence des points cette à Wimbledon lui vaudra de redescendre n°5 lundi.
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