La récompense de Bartoli

Après bien des espoirs, des déceptions et des retournements de situation, Marion Bartoli va finalement pouvoir regoûter au Masters. Sa neuvième place mondiale - meilleur résultat égalé en carrière - l'a cantonnée au rôle de première remplaçante, derrière Agnieszka Radwanska, huitième et dernière qualifiée à l'issue du tournoi de Moscou... jusqu'à ce que Maria Sharapova ne jette l'éponge après deux jours de compétition. Après une expérience douloureuse en 2007 (une défaite cinglante face à Justine Henin et une victoire sur abandon de Jelena Jankovic) dans la peau de la remplaçante de Serena Williams, la N.1 française jouera son troisième match des WTA Championships en quatre ans, là où d'autres ne mettent que quatre jours, à la place de la Russe.

Ainsi, c'est la N.1 tricolore affrontera ainsi Victoria Azarenka ce vendredi dans un match sans enjeu, avec la certitude de ne pas pouvoir se qualifier pour les demi-finales. La raison est simple : la Française ne pourra pas rejouer les deux matches précédents perdus par Maria Sharapova, malgré l'abandon de la Russe en cours de compétition. Et donc, elle ne pourra pas avoir plus de victoires que Samantha Stosur ou Na Li, qui se disputeront l'autre place en demi-finales ce vendredi. Au-delà des gains, la présence de la Française dans ce tableau récompense de façon symbolique sa belle saison, marquée par une demi-finale à Roland-Garros, un quart à Wimbledon, deux victoires sur le circuit et deux finales à Indian Wells et Stanford. Et une place dans le Top 10 mondial méritée.

Présente en Turquie depuis le début de la semaine sans avoir la certitude de jouer, cela peut surprendre. Et pourtant, rien ne l'obligeait à le faire. Bartoli aurait pu laisser la place à l'Allemande Andrea Petkovic, juste derrière la Française au classement et seconde remplaçante en cas de nouveau désistement. Mais l'appât du gain valait bien un peu d'attente. Il faut savoir que son statut de remplaçante lui a déjà rapporté 50 000 dollars. En jouant ce seul match, la Française touchera en plus 110 000 dollars, soit plus que la vainqueur du tournoi GDF Suez à Paris en février et un peu moins qu'une quart-de-finaliste à Roland-Garros. Elle toucherait même un peu plus du double en cas de victoire, ce qui est autant que ce que gagnera la vainqueur la semaine prochaine à Bali, Masters bis où Bartoli devait jouer avant d'entrer en lice à Istanbul.

Autre raison de la présence de la Française en Turquie : le forfait de Sharapova était en suspend. Sa cheville a été abîmée à Pékin il y a un mois et la prudence aurait voulu que l'actuelle N.2 mondiale ne prenne aucun risque... Là encore, les enjeux étaient trop importants pour que la "Diva", comme les Turcs baba d'admiration la surnomment, ne tentent pas sa chance. Même si elle a déclaré ne pas y penser, la place de N.1 mondiale était encore accessible. Manque de chance, après deux défaites et une condition physique qui laisse à désirer, Sharapova a préféré arrêter les frais en pensant à l'année prochaine. Et surtout à celles qu'elle a gâchées pour une épaule droite mal guérie. Et ce n'est pas Wozniacki, finalement éliminée à Istanbul, qui s'en plaindra...