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WTA Miami : Quand le corps va, l’ouragan Andreescu fait toujours autant de ravages

Maxime Battistella

Mis à jour 03/04/2021 à 17:23 GMT+2

WTA MIAMI – Eloignée des courts pendant toute la saison 2020 à cause de blessures à répétition, Bianca Andreescu fait un retour fracassant à son meilleur niveau en Floride où elle sera opposée à Ashleigh Barty en finale. Un an et demi après son couronnement à Flushing Meadows, la jeune Canadienne confirme qu’elle est le facteur X du circuit féminin.

Bianca Andreescu au WTA de Miami 2021

Crédit: Getty Images

Comme si de rien n’était. Dix-huit mois après sa dernière finale (victorieuse contre Serena Williams) à New York, revoilà Bianca Andreescu en position de glaner un nouveau grand titre – qui serait le quatrième de sa carrière après Indian Wells, Toronto et l’US Open, excusez du peu – sur le circuit WTA. Dans l'absolu, sa performance à Miami n’a rien de surprenant au regard de ce qu'elle a déjà démontré et de son potentiel. Et pourtant, il s’agit assurément d’un authentique exploit, car l’intéressée a dû ronger son frein pendant 15 mois loin des courts.
La Canadienne de 20 ans a ainsi vécu une saison 2020 blanche, la faute à des blessures à répétition. Avant son retour lors de l’Open d’Australie début février, elle n’avait plus joué en compétition depuis son abandon en match de poules au Masters de Shenzhen (27 octobre-3 novembre 2019) face à Karolina Pliskova. A l’époque, le genou gauche avait lâché et au printemps suivant une nouvelle tuile dont la nature n’avait pas été détaillée (peut-être une rechute ?) l’avait définitivement fait tirer un trait sur l’exercice en cours.
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Avant Miami, une rentrée faussée par une quarantaine totale à Melbourne

A Miami, Andreescu participe ainsi seulement à son troisième tournoi en 17 mois et se retrouve déjà en finale. Après une si longue absence, c’est d’autant plus remarquable que sa grande rentrée a été faussée aux Antipodes. Après le test positif de son coach Sylvain Bruneau, la Canadienne avait subi 14 jours de quarantaine totale, sans avoir la possibilité de s’entretenir sur les courts. "Pour Bianca, il y avait un objectif double à Melbourne. En plus de la compétition, nous voulions utiliser les jours précédant le tournoi comme du temps d’entraînement, puisqu’elle n’avait pas été active depuis tant de temps", a rappelé ainsi l’intéressé en marge du tournoi floridien.
Battue au 2e tour du Majeur australien par la Taïwanaise Su-Wei Hsieh (future quart-de-finaliste et alors 71e mondiale), Andreescu a enchaîné avec une demi-finale au Philip Island Trophy (WTA 250), avant de rentrer à Toronto pour se reposer et s’imposer un nouveau bloc de travail. "Elle a eu trois semaines entières pour s’entraîner à nouveau, retrouver la forme et son jeu. Elle est repartie au combat à Miami mieux préparée, moins dans la précipitation", a encore confié son coach qui n’a pas fait le voyage en Floride et retrouvera sa joueuse pour la saison sur terre battue.
Mais il ne s’attendait pas à des résultats aussi probants en Floride. "Les objectifs à Miami sont corrélés à la manière dont elle se sent. Est-ce que nous en avons fixé en termes de performance ? Non, pas du tout. Nous travaillons vraiment pour qu’elle retrouve son jeu. Quinze mois, c’est une très longue absence, et son retour en Australie était tout sauf productif comme nous l’avons vu. Donc, non, il ne s’agit pas d’aller en demie, en finale ou de gagner", considérait-il encore avant le tournoi floridien.
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4 victoires d'affilée au bout des trois sets : Andreescu a retrouvé ses jambes et sa tête

Andreescu n’a donc pas impressionné que les observateurs, elle a aussi bluffé les siens. Car pour arriver en finale, elle n’a pas eu la tâche facile, c’est un euphémisme. De son 3e tour à sa demie, elle a successivement battu Amanda Anisimova (7-6, 6-7, 6-4), Garbine Muguruza (3-6, 6-3, 6-2) – pourtant la joueuse en forme de ce début de saison avec déjà 21 victoires et un titre à Dubaï –, Sara Sorribes Tormo (6-4, 3-6, 6-3) et enfin Maria Sakkari (7-6, 3-6, 7-6). En moyenne, au cours de ces quatre derniers matches, elle a passé plus de deux heures et demie sur le court et a donc fini par l’emporter à chaque fois.
Quand son corps la laisse tranquille, la 9e joueuse mondiale est une force de la nature, avec son tennis complet, son punch et surtout son caractère de championne. Cette manière de renaître de ses cendres aussi vite après de tels pépins n’est d’ailleurs pas sans rappeler un autre phénomène chez les messieurs, Juan Martin Del Potro. Si l’on espère que sa carrière ne sera pas aussi perturbée par les blessures que celles de la Tour de Tandil, elle n’en est pas à sa première renaissance. Quand elle avait fait le doublé Toronto-US Open en août-septembre 2019, elle revenait déjà de près de trois mois d’absence à cause d’une blessure à l’épaule qui l’avait contrainte au forfait au 2e tour de Roland-Garros.
En plus de l’entraînement et du retour de la forme physique, Andreescu s’est donné les moyens de revenir au top grâce à un gros travail mental. Il a débuté quand elle était enfermée dans sa chambre d’hôtel à Melbourne : là-bas, elle a regardé à nouveau ses plus belles victoires de 2019 comme la finale d’Indian Wells face à Angelique Kerber. "Ça m’a inspirée. J’ai pris conscience que j’étais super motivée à l’époque, que je travaillais super dure pendant ces matches, que je ne lâchais rien, que je me battais jusqu’au dernier point. Ça m’a vraiment aidée à retrouver cet état d’esprit et ses sensations pour ma reprise", avait-elle indiqué à Melbourne.
Parfois je me sens littéralement comme une pieuvre courant d’un bout à l’autre du court, comme si j’avais 8 jambes
Et en match, sa haine innée de la défaite a vite refait surface. Mal embarquée face à Maria Sakkari jeudi – la Grecque a servi pour le match à 6-5 dans le troisième set –, elle a su trouver l’énergie malgré la fatigue des derniers jours pour renverser la vapeur en débreakant blanc. "J’ai beaucoup d’expérience dans ces combats en 3 sets où il faut aller chercher au plus profond de soi pour trouver une manière de s’en sortir. Parfois je me sens littéralement comme une pieuvre courant d’un bout à l’autre du court, comme si j’avais 8 jambes. C’est fou. Je ne sais même pas comment j’arrive à me placer pour certains coups. Mais c’est cet état d’esprit que j’ai toujours eu en moi, de ne jamais renoncer. Ça en dit long. Quand je suis dos au mur, je joue mon meilleur tennis", a-t-elle apprécié.
Reste désormais une ultime mission pour rendre parfait ce retour au premier plan d’ores et déjà ébouriffant : faire tomber la tenante du titre Ashleigh Barty qui a retrouvé en Floride un tennis digne de son rang de patronne du circuit. "Tout me rend impatiente d’affronter Ashleigh. Le fait qu’elle soit numéro 1 mondiale, qu’elle joue vraiment, vraiment bien. Son style de jeu aussi, auquel je n’ai jamais été vraiment confrontée. J’adore les défis, et je sais qu’elle m’en proposera un samedi", a-t-elle encore estimé. Entre deux joueuses qui savent tout faire sur un court – varier les angles et les trajectoires, alterner slices et frappes puissances ou encore monter à la volée –, l’affiche promet.
Et finalement quel que soit le résultat, ce WTA 1000 de Miami aura été positif pour la WTA qui a vu l’une de ses têtes d’affiche, perdue depuis plusieurs mois, refaire surface. Il n’y a plus qu’à espérer qu’Andreescu soit épargnée par les blessures pour devenir l’une des stars établies du jeu dans les prochaines années aux côtés de Naomi Osaka, Ashleigh Barty ou encore de Garbine Muguruza. Histoire de former, pourquoi pas, un "Big 4" au féminin. Avec cette diversité de caractères et de styles de jeux, l’après-Serena serait assurément entre de bonnes mains.
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