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Manger, bouger...

ParAFP

Mis à jour 29/10/2010 à 14:03 GMT+2

Est-ce que s'alimenter doit démanger un skipper de la Route du rhum? Là est toute la question. Non tranchée.

Eurosport

Crédit: Eurosport

Afin de développer leurs facultés de concentration, certains des 86 solitaires de la Route du Rhum pourraient s'alimenter en-deçà de leurs besoins nutritionnels, dans un lointain écho aux habitudes héritées de l'époque des cavernes. "L'expression 'qui dort, dîne', les skippers la transforment parfois en 'qui dîne, dort'", sourit Jean-Yves Chauve, le médecin de la Route du Rhum, dont le départ de la 9e édition sera donné dimanche de Saint-Malo. Et certains navigateurs pourraient bien adopter la même attitude que celle constatée lors des éditions de la Solitaire du Figaro il y a deux et trois ans, lorsque des études sur la nutrition des coureurs au large ont été réalisées. "Nous n'avions pas d'idée préconçue, explique le Dr Chauve. L'idée était simplement de savoir comment se nourrissaient les skippers. La méthode était simple : à chacune des étapes, était mesuré ce qui était embarqué au départ à bord des bateaux, puis débarqué à l'arrivée. Or, les résultats obtenus ont été tout à fait surprenants".
"On s'est rendu compte que les premiers s'alimentaient très peu. Ce qui est contradictoire par rapport aux règles de la médecine des sportifs car, logiquement, les apports doivent compenser les dépenses. Or là, ils absorbaient pour 1.500 calories, alors que les dépenses peuvent être de 4 à 5.000", relate Jean-Yves Chauve. Les chercheurs se sont alors demandé pourquoi les meilleurs agissaient ainsi. "Des skippers nous ont dit : 'Si je ne mange pas, je suis plus éveillé, plus agressif, je fonctionne un peu en surrégime'. Il n'y avait pas du tout dans leur démarche d'enquête scientifique. Celle-ci s'est faite après", explique-t-il.
"Potion magique"
De fait, des études scientifiques ont ensuite fourni une explication rationnelle à ce ressenti. "Dans une partie du cerveau, on a découvert des neurones qui réagissent au manque de sucre et vont provoquer la sécrétion de neuromédiateurs chimiques qui vont aller exciter d'autres zones du cerveau, notamment la zone de l'agressivité", développe le médecin. "C'est une sorte de potion magique qu'on déclenche en se sous-alimentant. On retrouve là une sorte de réflexe ancestral : les premiers êtres humains, quand ils n'avaient pas de quoi se nourrir, il ne fallait surtout pas qu'ils s'endorment car c'était la mort annoncée! Au contraire, il fallait qu'ils soient encore plus agressifs, qu'ils aient une vision exacerbée, un corps qui fonctionne et qui court encore plus vite pour essayer d'attraper le gibier et se nourrir. C'est un petit peu de façon intuitive et sans trop savoir pourquoi que les coureurs au large ont trouvé ce principe". De même, les cycles de sommeil sont hérités de l'époque des cavernes.
"Le mammouth, la tribu d'à côté, autant de dangers ! L'être humain dormait par cycles d'une heure et demie car c'était le maximum de durée de sommeil compatible avec la survie de l'espèce", relate le Dr Chauve. Reste que le corps humain a ses limites. "Les skippers peuvent tenir ainsi trois jours, mais au-delà, ce n'est pas jouable. Mais ils pourraient agir ainsi lors des premiers jours du Rhum, pour gérer au mieux le stress du départ".
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