Peyron accueilli en héros

Le Français Loïck Peyron et ses 13 équipiers du trimaran géant Banque Populaire V, qui se sont emparés vendredi soir du trophée Jules-Verne, ont été accueillis en héros samedi à Brest, d'où ils étaient partis le 21 novembre pour leur circumnavigation express. Une foule de 6 à 7000 personnes (selon la police) était massée sur le môle du port du Château lorsque le multicoque, long de 40 mètres et large de 33, a accosté vers 10h30 à un ponton où l'attendaient, sous un tenace crachin breton, le ministre des Sports David Douillet et plusieurs personnalités du monde de la voile. Salué par des cornes à brume et des jets d'eau de mer crachés haut dans le ciel par des lances à incendie, le grand trimaran a émergé de la bruine et pénétré dans la rade à une douzaine de noeuds, seulement propulsé par sa grand voile à moitié affalée et sa trinquette (voile d'avant).

Les équipiers, regroupés au pied de l'immense mât basculant de 47 mètres de hauteur, ont répondu aux vivats et aux applaudissements en déclenchant des fumigènes de détresse. Premier détenteur du Trophée Jules Verne en 1993, le frère aîné de Loïck, Bruno, est monté à bord pour féliciter l'équipage, qui a bouclé cette circumnavigation en 45 jours 13 heures et 42 minutes, battant de plus de 2 jours le record établi en mars 2010 par Franck Cammas et ses neuf équipiers sur un autre trimaran, Groupama 3 (48 j 07 h 44 min 52 sec).

Une fois "Banque Pop V" amarré au ponton, quelques membres des familles sont montés à bord, ainsi que David Douillet. "C'est gentil d'être là!", lui a lancé Peyron, s'excusant en rigolant de ne pas avoir eu le temps de se raser.

Le skipper de Banque Populaire V a, comme il se doit, ensuite arrosé de champagne ses équipiers. Il a également rendu hommage à son prédécesseur à la barre du trimaran, Pascal Bidégorry, remercié il y a sept mois. "Le bateau est en excellent état et tout s'est bien passé", a confirmé Peyron, qui a tout de même confié que "pour faire un tour du monde en un peu plus de 45 jours, il faut souvent être à la limite".

Au cours d'une conférence de presse, Peyron est revenu sur son périple et réaffirmé qu'il avait été "impressionné" par le potentiel de son bateau et "la somme de compétences" qui était derrière.

L'ambiance à bord était excellente, a-t-il souligné. "Une fois, j'ai juste un peu froncé les sourcils (...). Pour des raisons de vitesse (...), parce que le mot d'ordre était fast (rapide) mais pas furious (tout fou). Ça ne sert à rien et il suffit d'une seule fois pour que l'incendie se déclare."