Peyron en mission

Banque populaire a définitivement tourné la page Pascal Bidégorry en présentant sa nouvelle figure de proue, Loïck Peyron, mardi matin à Paris dans les studios du photographe-portraitiste Harcourt. Le passionné Baulois de 51 ans, toujours aussi affable et captivant, aura pour mission de parachever la troisième et dernière année de défis du maxi Banque populaire V en s'emparant du célèbre Trophée Jules Verne.

Après avoir pulvérisé le 3 août 2009 le record de la traversée de l'Atlantique Nord (3 j 15 h 25 min 48 sec), son prédécesseur avait passé l'hiver 2009/10 à guetter une fenêtre météo idéale, et avait encore longuement patienté en 2010/11 avant de se lancer à l'assaut du tour du monde, le 21 janvier dernier. L'entreprise avait malheureusement tourné court : le pur sang de 40 mètres avait heurté un objet flottant non identifié le 3 février et avait dû abandonner deux jours plus tard. Peu après cet échec du skipper basque, qui n'avait jamais fait de tour du monde en équipage, Banque populaire avait souhaité redonner un élan à son projet en appelant un spécialiste du genre.

Loïck Peyron a été l'élu d'un casting de haute volée dans lequel il n'avait en fait qu'un rival, un autre grand nom de la voile française. Il s'est montré solidaire de son prédécesseur, rappelant que la campagne de records avait été menée à bien (route de la Découverte, traversées de la Méditerranée, de l'Atlantique Nord, plus grande distance en 24 heures…) et que seule la tentative contre le Jules Verne avait échoué. "Mais ça s'appelle bien 'tentative' ", a-t-il insisté.

Après avoir découvert le maxi lundi, le cadet de la fratrie participera à deux épreuves pour rôder une "machine complexe" et les hommes : le Record SNSM, du 17 au 21 juin, et le Fastnet, à partir du 14 août. Puis, fin octobre-début novembre, ce sera le stand by à Brest. Un moment attendu avec détermination. "Ce bateau est capable d'exploser le record du Jules Verne, sans aucun problème, si on a les conditions météo parfaites. Il y a toujours un risque mais la certitude ne fait pas partie des choses intéressantes", a lancé l'ex-skipper de Gitana Eighty, grand déçu de la route du Rhum 2010. Comment s'y prendra-t-il ? "Le meilleur moyen d'exploser le record est de ne pas exploser soi-même, car la problématique d'un grand multicoque comme celui-là est de savoir ralentir, pas d'aller vite ; ça, tout le monde sait faire", a-t-il explosé. Niveau stratégie, il a aussi les idées claires : il essaiera de partir assez tôt, quitte à renoncer pour mieux repartir dans la foulée.

Pour décrocher la timbale, il faudra faire plus vite que les 48 jours 7 heures 44 minutes et 52 secondes fixé le 20 mars 2010 par Franck Cammas et ses complices de Groupama 3, un trimaran de 31,50 m. La question de la composition de l'équipe de Banque Populaire V se pose, à la marge. "Il y a peu de raisons de changer les hommes mais chacun a une activité ailleurs. Il est donc difficile d'avoir les quinze mêmes personnes en permanence. Autrement, il y aura peut-être, au moins, une recrue de choix ; par cooptation...", a indiqué le Ligérien, occupé depuis des mois par la recherche de fonds pour le projet de Coupe de l'America de son frère, Bruno. Il ignore encore s'il y a aura onze ou douze personnes à bord, selon qu'il s'inclut ou non dans les quarts.