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Paola Egonu, l'affaire qui secoue le sport italien

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 18/10/2022 à 22:25 GMT+2

L'affaire fait grand bruit de l'autre côté des Alpes, bien plus que la médaille de bronze décrochée par la sélection de volley aux derniers Mondiaux. Star de l'équipe, Paola Egonu a explosé après la victoire face aux Etats-Unis, expliquant à son agent Marco Raguzzoni qu'il s'agissait là de sa dernière sélection. Depuis, tout le monde essaie de la retenir, dont le Premier ministre Mario Draghi.

Paola Egonu

Crédit: From Official Website

C'est l'une des meilleures volleyeuses du monde. Et la meilleure, sans aucun doute, de la sélection italienne. Une nouvelle fois impériale lors des derniers Mondiaux, Paola Egonu a d'ailleurs permis à son équipe de décrocher une médaille de bronze face aux Etats-unis (25-20; 25-15; 27-25) en inscrivant 25 points, remportant dans le même temps le classement des meilleures marqueuses de la compétition avec 275 points (244 attaques, 23 contres et 8 aces) pour la deuxième fois consécutive. La patronne, c'est elle. Mais à seulement 23 ans, voilà qu'elle ne souhaite plus porter le maillot "azzurro" de sa sélection. C'est du moins ce qu'elle confiait, en larmes, à son agent Marco Raguzzoni après la victoire contre les USA. Une vidéo a capté la scène.
"Tu ne peux pas comprendre, c'est devenu fatigant. Ils m'ont demandé si j'étais italienne. C'est mon dernier match (en équipe nationale, ndlr). Je suis fatiguée", lâchait-elle. Face à cet exutoire, Raguzzoni décidait de la prendre rapidement dans ses bras pour la consoler. Puis arriva le temps de la remise des médailles et du passage en zone mixte, où Egonu, dont les parents ont passé une grande partie de leur vie au Nigéria, accepta de s'arrêter face aux journaliste pour s'expliquer plus clairement : "Je suis juste très fatiguée et je pourrais prendre une pause pour la sélection (...) On verra l'été prochain." Mais que s'est-il passé ? De quoi parlait la meilleure volleyeuse italienne au moment de fondre en larmes ?

Les réseaux sociaux en cause ?

Pour mettre au clair une affaire qui allait rapidement prendre des proportions politiques, Giuseppe Manfredi, le président de la Fédération italienne de volley, donnait rapidement sa version. "Après le match contre le Brésil, la joueuse a été attaquée par quelques crétins sur les réseaux sociaux sur fond de phrases racistes, expliquait-il dimanche. Elle n'avait rien dit, sinon nous aurions fait quelque chose pour intervenir (...) La porte sera toujours ouverte pour elle, elle a notre maillot tatoué sur sa peau. Après une compétition aussi longue et des semaines de rassemblement, on peut toujours dire des choses à chaud. Maintenant, nous devons tous nous calmer et penser à la suite, puisque les prochaines convocations auront lieu en 2023. Il n'y a aucune raison qu'elle ne soit pas là. Le volley est pour l'intégration totale, certainement pas le racisme."
Paola Egonu, stella della Nazionale Italiana di pallavolo
Selon le dirigeant transalpin, Paola Egonu aurait donc été ciblée par certains individus sur les réseaux sociaux après la défaite face au Brésil. Une version confirmée par l'intéressée. "Il y en a certains qui disent que je ne mérite pas la sélection, regrettait-elle. Mais mon rêve est de porter ce maillot et finir sur ce podium. Ce que je ressens en ce moment, c'est de faire un pas en arrière avant de peut-être y repenser dans plusieurs mois, parce qu' il y a encore beaucoup de choses à faire avec la Nazionale." Le monde du sport italien a rapidement réagi en soutenant publiquement l'une de ses stars, avec des messages provenant de l'AC Milan, par exemple, à Valeria Giacinti, attaquante de la sélection féminine de football.

Draghi s'en mêle

Face au désarroi de la volleyeuse, Mario Draghi, l'actuel Premier ministre italien, avait lui aussi décidé de se mêler de l'affaire. "Elle est une fierté du sport italien et elle aura toujours des occasions pour gagner d'autres trophées en portant notre maillot", écrivait-il sur Twitter dimanche. L'ancien président de la Banque centrale européenne aurait même décroché son téléphone pour contacter la native de Cittadella, qui a fait du volley une grande partie de sa vie depuis ses 12 ans. Naturalisée en 2014, Egonu, fille d'un père camionneur à Lagos et d'une mère infirmière à Benin City, a rapidement enchaîné les succès, du centre de formation fédéral Club Italia à son avènement en Nazionale. Mais aujourd'hui, elle souhaite donc prendre du recul.
"Je donnerai des nouvelles en janvier prochain. Je n'ai pas encore parlé de cette décision à la Fédération", a-t-elle fait savoir concernant sa mise en retrait. En coulisses, les discussions se sont multipliées ces dernières heures selon la presse italienne. Avec pour objectif de comprendre ce qu'il s'est concrètement passé et transmettre à Egonu tout le soutien de sa Fédération. En plus de celui de tout un pays.
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