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"Tellement invraisemblable qu'on n'y croirait pas au cinéma"

Stéphane Vrignaud

Publié 18/06/2017 à 20:23 GMT+2

24 HEURES DU MANS - Earl Bamber, Brendon Hartley et Timo Bernhard se sont montrés reconnaissants dimanche de s'être vu offrir un scénario inoubliable pour leur victoire au volant d'une Porsche pointée à presque 19 tours, samedi soir.

Earl Bamber, Timo Bernhard, Brendon Hartley (Porsche 919 #2) aux 24 Heures du Mans 2017

Crédit: Getty Images

Au Mans, on en apprend encore sur les 24 Heures même à la 85e édition. En l'occurrence qu'une LMP1 peut encore gagner en affichant 19 tours de retard à 19 heures et demi de l'arrivée. Porsche, avec sa 919 n°2, ses Néo-Zélandais Earl Bamber, 26 ans, et Brendon Hartley, 27 ans, et son taulier allemand Timo Bernhard, 36 ans, l'a brillamment démontré.
Jamais pointé en tête avant que Bernhard ne ravisse le commandement à l'Oreca n°38 de Tung à 1h07 du drapeau à damier, l'équipe de Zuffenhausen a repoussé les limites du possible. Et ses pilotes en étaient bien conscients, une fois l'exploit accompli.

"C'est l'esprit du Mans de faire la course pied au plancher"

"Ça peut être la course la plus cruelle ou la plus belle", a reconnu Timo Bernhard, vainqueur pour la deuxième fois de la classique sarthoise après la première de 2010, avec Audi. "Samedi, après quatre heures, cela semblait mal parti, mais les gars ont été extrêmement rapides pour réparer la voiture, ils ont vraiment accéléré. À la fin, on a vu que chaque tour comptait, chaque seconde était importante pour reprendre la première position."
"On ne peut jamais prédire ce qui va se passer ici au final", a-t-il enchaîné. "C'est l'esprit du Mans de faire la course pied au plancher. C'était notre seule chance. Au début, notre objectif était de marquer les points pour le championnat Constructeurs, ensuite nous sommes passés sur les points pour le championnat Pilotes, puis ce matin nous avons réalisé que nous pouvions faire un petit peu mieux. On a d'abord visé le podium, et ensuite, après ce qui est arrivé à l'autre voiture (ndlr : la n°1 leader contrainte à l'abandon), on a pensé à la victoire. C'est pour cela que nous avons continué à attaquer".
Ça fait effectivement longtemps que Le Mans est un sprint long. Et que l'expérience des pilotes y joue un rôle fondamental. Avec un total de sept victoires pour ses six pilotes alignés sur la n°1 ou la n°2, Porsche avait peut-être aussi un atout supplémentaire par rapport à Toyota, qui ne totalisait aucun succès pour ses neuf pilotes. C'était le moment d'y croire et Bernhard a bien synthétisé cet esprit qui anime les survivants : "On a été fort sur le plan mental, on n'a jamais renoncé."

"J'ai pensé que la course était terminée"

Earl Bamber avait aussi déjà réussi le coup parfait, en 2015 à l'occasion du grand retour de Porsche. Absent dans la Sarthe en 2016, il a donc préservé son invincibilité dimanche. Une sorte d'insolence, on peut le dire, quand on voit combien de pilotes reviennent pour ne jamais gagner. "C'est vraiment magique de décrocher la victoire pour Porsche, dans ces circonstances", a-t-il dit. "J'ai pensé que la course était terminée quand j'ai entendu un gros bang alors que j'étais au volant."
Au Mans, on considère que le vainqueur est celui qui passe le moins de temps au stand. Après 1h05 de réparation, cet adage n'était plus valable et il fallait que la malchance répande ses méfaits de façon incroyable, sur les quatre rivales encore en lice... après la Toyota n°8, touchée à 22h50 par un problème avec son système hybride et stoppée au stand plus de trois heures, les TS050 n°7 et 9 ont rejoint la liste des abandons en moins d'une demi-heure après minuit, et un problème de boîte de vitesses a finalement stoppé la 919 n°1 à 11h41...
"On a vécu des émotions contrastées : quand j'ai vu notre voiture sœur au ralenti sur le circuit, j'ai compris que le podium était possible, qu'il fallait attaquer et encore attaquer. Cela a été une sacrée lutte !"

"Je m'en souviendrai le reste de ma vie"

A cet instant, la 919 n°1 était encore à trois tours de la LMP2 n°38 leader. Mais chez Porsche, on avait fait les comptes, on savait que sans s'affoler la 919 reviendrait irrémédiablement sur la n°38 pour passer en tête à 14h. Il n'y avait donc pas besoin de s'affoler, et Timo Bernhard a su le faire, au train. Face, il faut le souligner, à Thomas Laurent qui avait lui pris le parti de ne rien changer à sa façon d'opérer.
"C'est le genre d'histoire tellement invraisemblable qu'on n'y croirait pas au cinéma, mais pourtant cela s'est produit ! C'est un moment particulièrement intense, dont je me souviendrai le reste de ma vie", a conclu Bamber.
Entré dimanche dans le cercle des vainqueurs, Brendon Hartley a reconnu son privilège de vainqueur dans de telles constance. "Notre remontée fantastique tient du conte de fées !", s'est-il exclamé. C'est aussi ce qui est extraordinaire : pour sa 19e arrivée victorieuse, Porsche a vécu un scenario aussi improbable que celui de l'année dernière.
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