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WEC - 24 HEURES DU MANS : Toyota, fiasco total et malédiction éternelle

Julien Pereira

Mis à jour 18/06/2017 à 13:05 GMT+2

24 HEURES DU MANS - Intouchable en début d'épreuve, Toyota a perdu tous ses espoirs de victoire au milieu de la nuit. Les n°7 et n°9 ont abandonné. La n°8 a longuement été immobilisée. Le sort s'acharne. La malédiction perdure.

Nicolas Lapierre quitte la Toyota n°9 - 24 Heures du Mans 2017

Crédit: Getty Images

C'est son plus beau paradoxe. La course des 24 Heures du Mans a bâti son mythe sur des victoires inattendues, de remarquables périodes de domination mais, aussi et surtout, sur des instants d'extrême cruauté. Le final de l'édition précédente l'avait démontré, cette nuit l'a définitivement prouvé : Toyota est la victime favorite de la plus grande course automobile de la planète. Époustouflante sur un tour, comme Kamui Kobayashi l'avait illustré lors des qualifications en pulvérisant le record du circuit au volant de la n°7, fabuleuse sous les chaleurs étouffantes de la Sarthe où elle a dominé le premier tiers de course, la firme japonaise a tout perdu dans un moment presque mystique et aussi sombre que son passé manceau.

La détresse de Buemi : "Je vous l'avais dit !"

La part de malchance n'a jamais été quantifiable. Et il sera toujours possible de dégoter une faiblesse de la firme d'Aichi. Laxiste, elle avait déjà manqué de discernement peu après 23h00 lorsque Sébastien Buemi, installé dans la n°8, avait rapporté à ses ingénieurs un son suspect dans son cockpit et accusé les freins. Dans le box, aucune place n'avait été laissée à l'inquiétude. Les chronos du Suisse lui avaient permis de reprendre la deuxième position à la Porsche n°1, et les données rapportées par les capteurs du prototype ne dissimulaient aucune défaillance. Le pilote a insisté et le temps lui a malheureusement donné raison. Aux alentours de 23h40, au bout d'un tour sans histoire, les disques de la TS050 se sont enflammés suite au dysfonctionnement du système de récupération d'énergie. "Je vous l'avais dit ! Je vous l'avais dit !", a alors lâché, hors de lui, le champion du monde 2014 de la discipline. Les prémices du calvaire. Les réparations nécessiteront plusieurs heures d'immobilisation.
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Stéphane Sarrazin et Mike Conway déconfits au moment de l'abandon de la Toyota n°7 pilotée par Kamui Kobayashi alors en tête

Crédit: Getty Images

La confiance à peine entamée, Toyota n'avait, à ce moment-là, pas perdu ses espoirs de victoire. Après tout, la n°7 était en position de force en tête de la course, et la n°9 restait en embuscade pour claquer un éventuel doublé. Les superstitieux diront que la poisse avait déjà choisi son camp. Peu avant 1h00, Kobayashi, aussi minutieux qu'un horloger depuis que Chase Carey a donné le départ, aborde la courbe Dunlop au ralenti. Un premier vent, celui de l'effroi, traverse le box nippon. Le message radio tombe : "Je ne peux plus bouger", rapporte, dans un silence de consternation, le pilote de la marque. Les problèmes d'embrayage de sa TS050 l'empêchent de boucler les 13,629 km de circuit pour rejoindre les stands. La porte s'ouvre. Il quitte son cockpit, casque bas, sous les applaudissements des spectateurs, fidèles et probablement, eux aussi, sous le choc.

30 minutes de désastre

Le visage de Hugues de Chaunac, patron d'Oreca et allié de Toyota, se métamorphose comme il l'avait fait le dimanche 19 juin 2016, à 14h57, lorsque le bolide de la marque avait perdu toute sa puissance à un tour du drapeau à damier et d'une victoire historique. Rob Leupen, patron de l'écurie, applique la méthode Coué : "Nous allons tout miser sur la n°9". Il n'a de toute façon plus le choix, même si son prototype, occupé par le trio inexpérimenté Yuji Kunimoto - Nicolas Lapierre - José Maria Lopez, a été victime de légers dommages collatéraux dans l'effervescence des premiers tours, sans incidences apparentes pour sa santé mécanique. Moins d'une demi-heure plus tard, la scène se répète. Même endroit, même constat. Percutée par une Manor LMP2, la n°9 visite le bac à graviers, en ressort avec une crevaison et le train arrière fumant. Lapierre ne parviendra pas à la ramener jusqu'au box. Il y retournera à pied.
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Message de détresse, larmes et abandons : le résumé d'une nuit en enfer pour Toyota

Pour Toyota, l'instant semble interminable. Immobiles et rivés sur les écrans, les mécaniciens sont sans voix. Leupen est fataliste : "Le Mans est impitoyable avec nous". Le mot est bien choisi. Acharnée, la firme a travaillé sans relâche, bouclé des journées entières de tests sans faire face à la moindre défaillance d'envergure. Elle a giflé Porsche, constructeur historique aux références infinies, pour s'imposer aux 6 heures de Silverstone puis à Spa-Francorchamps. Mais les 24 Heures du Mans sont si cruelles qu'elles ne retiennent rien. Ni les acquis, ni les paris, ni les favoris. Pourtant, elles savent raviver un souvenir. Celui d'un constructeur, Toyota, éternel maudit sur le circuit sarthois.
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