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Loeb : "Besoin de bagarre"

Eurosport
ParEurosport

Publié 16/12/2008 à 07:00 GMT+1

Dans la 1ère partie de la longue interview qu'il nous a accordée, Sébastien Loeb (Citroën) nous raconte les moments forts de son 5e titre. L'incomparable plaisir d'avoir gagné en Finlande et la réalité, aussi, d'un métier rendu dangereux par des décisions

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Crédit: Eurosport

Quels ont été les grands moments de cette saison ?
Sébastien Loeb : Le grand moment a été la victoire en Finlande. Elle me tenait à coeur, ça faisait plusieurs années que j'essayais de gagner là-bas, que je me battais pour et que ça ne marchait pas. Avoir battu les Finlandais chez eux a été un super moment. En plus, pour le championnat, ça a peut-être été un moment marquant, qui a peut-être mis une pression supplémentaire à Hirvonen, grand favori chez lui. Se faire battre chez lui l'a peut-être touché mentalement. Et puis, la victoire au RAC a aussi été sympa. Le rallye était un peu pourri mais globalement le résultat et la fin de course étaient sympa.
Il y a eu le scénario rocambolesque de la Nouvelle-Zélande...
S.L. : Je dirais que ce sont les faits de course. On part -je crois- 4e de la dernière spéciale et on finit en tête. On passe Sordo, Latvala -qui n'était pas très loin devant- fait une faute, et Hirvonen aussi. Le résultat a été surprenant sur le moment mais on a tout fait pour leur mettre la pression. Ça a marché.
Sept victoires en Allemagne, c'est exceptionnel...
S.L. : Oui, c'est un sans faute là-bas. Je trouve un peu dommage que ce ne soit pas possible d'y aller en 2009 ; le rallye ne fait partie du championnat, tout comme le Monte Carl et le Tour de Corse (ndlr : retour au calendrier en 2010). Ça va être un peu une frustration de faire le championnat du monde sans ces rallyes.
En quelles circonstances Daniel Elena a-t-il apporté un plus décisif cette année ?
S.L. : Je dirai que Daniel a fait son travail toute l'année. Un copilote n'est pas forcément là pour amener un élément décisif. Il est là pour faire son travail : annoncer les notes, pointer à l'heure, ne pas faire d'erreur. L'élément décisif qu'un copilote peut apporter, c'est de ne pas faire de faute. Et c'est ce qu'il a fait. On a fait une saison quasi parfaite ensemble. On a fait deux erreurs qui ne sont pas de sa faute.
Vous avez des personnalités un peu différentes... Quelles concessions avez-vous fait l'un et l'autre pour que le binôme résiste à l'usure du temps ?
S.L. : Aucune ; je pense que chacun est resté lui-même. L'expérience fait qu'on a appris à travailler ensemble. On s'entend bien, on se connaît parfaitement. Les choses roulent avec le temps. En ce qui me concerne, il n'y a pas eu de concession particulière ; pour lui non plus je pense.
Ça a été une déception pour vous de vous sentir visé par des consignes d'équipe de Ford qui vous poussaient à rouler en première position. C'était un peu décevant du point de vue du fair play. Vous avez parfois été un peu agacé…
S.L. : Non. Je pense plus mon patron (Olivier Quesnel) que moi. Je considère que Ford a eu raison d'employer ces tactiques. Quelque part, c'est la réglementation qui est mal faite. Ils utilisent la réglementation, leur travail c'est de gagner, donc ils font tout pour y arriver. C'est vrai que quand ça se répète, quand on a huit Ford en face de deux Citroën et qu'ils les placent dans l'ordre qu'ils veulent, c'est un peu agaçant à un moment donné mais, quelque part, on a gagné les deux championnats. C'est une belle récompense pour nous. Des points de règlement ont changé cette année, a priori sans doute pour me défavoriser, mais on bat le record de victoires dans la saison (11 en 15 rallyes), donc tout va bien !
Sentez-vous que vous avez un ascendant psychologique lorsque la victoire se joue pour une poignée de secondes dans la dernière ou l'avant dernière spéciale ?
S.L. : Non, pas forcément. Tout dépend des circonstances. En Angleterre, Latvala disait qu'il ne voulait pas finir dans le fossé en attendant la dépanneuse dans la dernière spéciale du rallye. Ça lui est arrivé plusieurs fois. Quant à moi, j'ai plus de quarante victoires (ndlr : 47). Au pire, arriver deuxième n'apportait pas grand-chose. Le championnat Constructeurs était assuré pas Dani [Sordo] derrière (3e) ; je n'avais pas grand-chose à perdre, effectivement. Sur un coup comme celui la, c'est sûr (ndlr : qu'il a un ascendant psychologique). Par contre, sur d'autre rallyes pas forcément car il y a la pression du championnat, et je me mets quand même aussi un peu.
Pour ou contre les splits (temps partiels) en spéciales ?
S.L. : Ça m'est égal, à partir du moment où c'est pareil pour tout le monde. On s'en sert, forcément, mais ça me ralentit plus que ça me fait accélérer. Quand je vois que j'ai de l'avance, je me dis « Ce n'est pas le moment de faire une faute », et indirectement ça m'enlève un peu de confiance. C'est sûr qu'en fin de rallye c'est plus facile de pouvoir gérer aux splits.
Comment jugez-vous l'évolution de la réglementation ? Ça ne va pas toujours dans le bon sens...
S.L. : Non, c'est clair. Les évolutions vont de plus en plus vers des réductions de budget, ce que l'on peut comprendre étant donné que l'économie ne va pas pour le mieux. Je pense que pour les constructeurs c'est très important d'aller dans ce sens là. Après, il y a des réglementations que ne sont pas les meilleures, pas forcément réfléchies. On dirait qu'ils prennent des décisions sur des coups de tête, sans réfléchir aux conséquences. On nous « vend » qu'on réduit les budgets en supprimant les ouvreurs et en nous mettant des pneus uniques, sauf que si on compte les voitures cassées à cause de ça, les budgets augmentent finalement. Sur le papier, c'est moins cher en début d'année, et c'est peut-être plus coûteux au final. Au niveau de la sécurité, le RAC (2008) a été pour moi un rallye extrêmement dangereux du fait qu'on n'avait pas d'ouvreur et pas de choix de pneus. On parle beaucoup de sécurité, et pour moi c'est vraiment un grand pas dans le mauvais sens. Je suis le premier concerné car je suis dans la voiture. C'est pour ça que j'en parle un peu. On n'est pas forcément écoutés. Je ne suis pas vraiment content de pas mal de règlements mais c'est comme ça. Je suis pilote, je ne fais pas les réglementations. Je m'adapte autant que je peux l'accepter et j'arrêterai le jour où j'en aurai marre.
Quelle saveur aurait un 6e titre en 2009, et existe-t-il encore de grands défis ?
S.L. : De grands défis, en rallyes pas forcément. Je dirais plus que le défi est de durer. Pour l'instant, on a duré cinq ans. On verra ce qu'est la motivation. Restons dans le coup une année de plus. C'est avant tout ça le défi. Après, je ne peux pas dire que j'ai des défis particuliers. Je roule parce que ça me plait et que j'ai besoin de bagarre, c'est tout.
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