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Snowboarder professionnel

Eurosport
ParEurosport

Publié 12/12/2007 à 18:22 GMT+1

Des milliers de kids en rêvent mais derrière le mythe, existe un vrai métier. Pour comprendre le quotidien d’un rider pro, Nicolas Müller nous dévoile son quotidien.

Eurosport : Te souviens-tu quand ta carrière a débuté ?
Nicolas Müller : A 18 ans, j'ai décidé d'interrompre mes cours pour suivre le circuit ISF. Je venais juste d'obtenir les points pour suivre le tour. Depuis ce jour, toute ma vie a tourné autour du snow et j'ai commencé à gagner de l'argent.
E : En tant que snowboarder pro, qu'est-ce que les marques attendant de toi ?
NM : Ça dépend beaucoup de toi. Tu es ton propre entraîneur, ton propre agent. Les sponsors te demandent de les représenter sur le plan matériel mais aussi via ta personnalité. Cela se traduit par le fait d'aller faire des photos, participer à des tournages, ou faire des compétitions.
E : Au quotidien, comment pourrais-tu décrire la vie d'un pro ?
NM : Dans la vie de pro-rider, il n'y a pas de journée type. Un jour tu fais des photos de lifestyle, un jour tu voyages pour participer à des opérations promos (soirées, premières de films), on va sur les contests, on filme, on participe à des réunions, etc. Mais surtout, on passe beaucoup de temps dans les aéroports. Le décalage horaire est un paramètre avec lequel il faut composer en permanence. Je n'ai même plus d'appart et je considère la planète comme ma maison. Je pense aussi beaucoup de temps devant mon ordinateur. Au final, le nombre de jours où je peux rider vraiment pour moi est très faible.
E : Quels sont les meilleurs côtés de ta vie ?
NM : Ne pas avoir à être enfermé dans un bureau à des heures imposées. Aussi, on est assez libre de s'organiser comme on l'entend. Hier par exemple, j'ai décidé de tout stopper pour aller rider la pow pow toute la journée. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu de si bonnes conditions en novembre. Je me disais, ça fait partie de mon job, et quel job ! Héhéhé.
E : Et les poins négatifs ?
NM : Notre corps souffre beaucoup. Et puis avoir toujours sa maison dans son board bag peut parfois être usant. Parfois, il m'arrive d'avoir envie d'une autre vie car il est difficile d'entretenir les liens avec les proches qu'on voit trop peu.
E : A part être bon snowboarder, quels sont les points importants pour faire une bonne carrière ?
NM : Une bonne communication avec les sponsors et les médias. Si tu n'es pas bon là-dedans, ils ne pourront pas t'aider à construire ton nom. Et ton nom est précieux car il leur sert à vendre des produits. Et puis si tu as des choses intéressantes à dire, les médias viendront vers toi. Il faut être bon sur la neige mais aussi en dehors.
E : Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
NM : Il y en a vraiment trop. Chaque voyage est unique et reste à jamais gravé dans ma mémoire. L'un des plus marquants fut certainement mon voyage en Alaska, juste après m'être blessé au Japon en me prenant un arbre. A ce moment là, je ne savais même pas si je pourrais à nouveau rider un jour. Ça me faisait très peur. Par chance, j'étais sur pied seulement 6 semaines plus tard en Alaska, pour tourner ma part dans le film Futureproof. C'était le bonheur, j'étais si content de pouvoir rider à nouveau… en plus, dans des conditions incroyables. J'ai tourné les plus belles images de ma vie car je ne pensais même pas aux images que nous devions faire. Je ne pensais qu'à me faire plaisir.
E : Et tes moins bons souvenirs ?
NM : C'était justement au Japon, quand je me suis blessé. Je me suis explosé méchamment dans un arbre. Pour la première fois de ma vie, j'ai frôlé la mort. Je ne pouvais plus marcher. J'étais seul, perdu dans la forêt loin du monde et par -20°C. J'ai vraiment eu peur ce jour là.
E : Où passes-tu le plus de temps dans l'année ?
NM : Dans les aéroports, haha… non. En tous cas je passe trop peu de temps chez moi en Suisse. J'ai compté sur mon passeport : durant les trois dernières années, je suis allé 18 fois aux U.S.
E : Quelle différence entre être un snowboarder pro et athlète dans un sport traditionnel ?
NM : Je pense qu'on a plus de liberté. Pas de coach pour te dire ce que tu as à faire et quand tu dois le faire. Je déteste quand les gens me disent ce que je dois faire.
E : En tant que citoyen suisse, quels points communs et quelles différences penses-tu avoir avec un athlète tel que Roger Federer ?
NM : Il joue au tennis et moi je fais du snowboard (rires). Il gagne aussi tout le temps, ce qui n'est pas mon cas. C'est marrant, Brusti (Patrick Armbruster) me compare toujours à lui. Mais plus sérieusement, je dirais que tous les deux, on a choisi une vie atypique et avons réussi dans ce que nous aimons. En Suisse, les gens ont très souvent peur de vivre leurs rêves. Ils ont peur de l'échec, alors que tout le monde peut y accéder. Il faut juste y croire.
E : Quelle est la part compét' et la part shooting dans ta saison ?
NM : J'aime faire les deux. Les sponsors me demandent parfois de participer à certains contests. Le plus souvent, ce sont des compétitions où j'irais de toute façon. Après, je sais que certains riders ont besoin que leurs sponsors soient derrière eux pour leur dire ce qu'ils doivent faire. Personnellement, je pense que c'est à toi de te prendre en charge et de savoir ce que tu dois faire pour faire progresser ta carrière.
E : Vois-tu une différence dans le milieu du snowboard entre le moment où tu y es entré et aujourd'hui ?
NM : Quand j'ai commencé, je ne pensais qu'à rider. Aujourd'hui, je me rends compte des responsabilités qui me sont données. Les pros sont le visage des marques, nous intervenons sur les produits et avons un droit de parole. En quelque sorte, on trace la voix pour la future génération de riders. Le snow est un sport créatif et j'ai envie de crier au monde : « Go and try snowboarding, because it's so damn fun. » Il n'y a aucune règle à suivre, faites vous seulement plaisir. Si vous avez le sourire en bas d'une pente, vous êtes un bon rider.
E : Penses-tu à la vie après ta carrière ?
NM : Je commence à y penser. Une chose est sûre, je n'arrêterai jamais le snow, le skate ni le surf. Après, je me lancerai peut-être dans une activité environnementale…
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