Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Oumiha, emporté par la foule

Laurent Vergne

Publié 17/08/2016 à 02:47 GMT+2

JO RIO 2016 – Sofiane Oumiha ne succèdera pas à Brahim Asloum, dernier champion olympique français en boxe. Le Toulousain a cédé en finale des -60 kg mardi soir au Rio Centro, face au Brésilien Robson Conceiçao, dans une ambiance exceptionnelle de ferveur. Mais, s'il n'a pas remporté l'or, Oumiha va quitter le Brésil en ayant gagné bien plus que ça.

Sofiane Oumiha

Crédit: AFP

Il est arrivé le visage marqué mais le sourire aux lèvres. Médaille autour du cou et drapeau tricolore sur le dos. Logiquement battu par le Brésilien Robson Conceiçao mardi soir au Rio Centro, Sofiane Oumiha n'est pas devenu le premier champion olympique français en boxe depuis 2000. Brahim Asloum attend toujours son successeur. "Brahim voulait que je lui succède, et c'était un rêve pour moi", a-t-il avoué. Mais il a été emporté. Par la fougue et par la foule. La fougue de son adversaire, transcendé par un public en délire, qui avait métamorphosé ce Pavillon 6 en brasier olympique.
Mais s'il l'a subie, la Français a aussi profité de cette atmosphère. "C'était magnifique", assure Oumiha. Combattre dans une telle ambiance, renchérit son entraîneur, John Dovi, c'est beau mais c'est compliqué." Même si, dans le clan tricolore, on l'assure, ce fut un moteur formidable pour Conceiçao, mais pas un frein pour Oumiha. "Sofiane n'était pas crispé, au contraire, parce qu'une ambiance comme ça, ça motive, reprend Dovi. Mais, au fil du combat, on sent que ça s'effiloche un petit peu. Chaque fois que le Brésilien a commencé à flancher un peu, le public l'a porté, ça donne des ailes. Nos supporters ont essayé de chanter la Marseillaise, mais c'était dur de se faire entendre." C'était, effectivement, mission impossible dans ce contexte.
picture

Sofiane Oumiha déçu après sa finale perdue

Crédit: Panoramic

Du footing tout seul à la finale olympique

Sofiane Oumiha n'a, lui, ni rancœur ni regrets. "Jamais, assure-t-il. C'était un rêve pour moi de devenir champion olympique, je n'y suis pas arrivé, j'espère que quelqu'un d'autre dans l'équipe y arrivera. Je suis déçu, je n'aime pas perdre. Mais il faut être bon perdant, il a été plus fort. Dans une ambiance comme ça, ça aide… mais félicitations à lui. Il ne faut pas se trouver d'excuses. Avec le temps, ça passera, et je reviendrai." Puis il a ajouté cette phrase qui résume tout : "Je suis gagnant dans tous les cas."
Difficile en effet de voir un échec dans ce parcours, quand bien même s'est-il achevé par une défaite. En 2013, à 18 ans, Oumiha s'est lancé ce défi olympique. Et il l'a relevé. "Il y a trois ans, raconte-t-il, j'étais dans mon quartier. Avec mes amis. Je faisais mon footing tout seul. Mes amis me disaient, 'tu vas réussir un jour'. Je n'ai pas lâché, et ça m'a amené en finale olympique." Mardi soir, pendant qu'il combattait avec l'or olympique sur la table, ses potes étaient réunis devant un écran pour le soutenir, à plusieurs milliers de kilomètres d'ici. "Je sais qu'ils ont regardé la finale tous ensemble. Ma plus grande fierté, c'est ça, avoir pu les rassembler, le temps d'un instant."
Un boxeur né
Au-delà de la belle histoire et de sa personnalité fraiche et touchante, Oumiha, c'est d'abord la révélation d'un énorme talent. Tony Yoka, en course pour le titre chez les +91 kg, était au bord du ring pour le soutenir. Il est admiratif. "Sofiane, c'est l'insouciance, souffle le champion du monde. Il a 21 ans. Il arrive, il fait médaille d'or aux Jeux Med, médaille d'argent aux Jeux européens et maintenant il est vice-champion olympique. C'est insolent ! Toi, t'as galéré pour faire un podium et lui il arrive il fait tout ça. Il est tellement déterminé."
De lui, John Dovi dit que c'est "un boxeur né". Un bonheur, pour un entraineur, de polir un tel diamant. "Il a un beau déplacement, ajoute l'entraineur. Il a l'instinct. Il y a encore des choses à parfaire, bien sûr. Mais il est beau à voir boxer. C'est un vrai boxeur." L'un et l'autre savaient de quoi il était capable ici à Rio. "Je ne veux pas paraitre prétentieux mais on a tellement travaillé avant les Jeux, puis j'ai gagné pas mal de médailles d'or, je savais de quoi j'étais capable." Après le combat, Dovi a tout de suite dit à Oumiha qu'il était "fier" de lui, "fier de son parcours". Il peut. Et il n'est pas le seul.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité