Les skis, plus que les jambes, ont anéanti les chances de Lamy-Chappuis

"Les jambes n'étaient pas forcément au rendez-vous, mais je ne sais pas si c'est un mauvais choix de ski, la structure, le fart… Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, mais en tout cas, ce fut un calvaire pour finir ces dix bornes". A chaud et à l’issue d’un cauchemar qui a duré dix kilomètres, Jason Lamy-Chappuis n’avait pas les réponses. Il les a trouvées un peu plus tard. Champion olympique en titre, le Français est totalement passé à côté, mercredi. Après une épreuve du saut bien négociée (8e), "Jez"s’est écroulé sur les skis, lui qui est réputé pour être l’un des tous meilleurs fondeurs du circuit.

Plus que les jambes, c’est le matériel qui semble avoir lâché Lamy-Chappuis, cinquième plus mauvais temps de l’épreuve. "L'envie était là, je ne me sentais pas plus stressé que d'habitude, je me sentais plutôt bien, le saut de ce matin était correct, dit-il. Je savais que ce serait difficile d'aller chercher devant, mais je pensais qu'une médaille était possible avec mes qualités de fondeur normalement". Et pourtant… La logique n’a pas été respectée.

Littéralement bloqué, il n’a jamais été en mesure de lutter avec Eric Frenzel, qui lui a succédé au palmarès. A qui la faute ? Nicolas Michaud, patron de l'équipe de France de combiné nordique, avance une piste, celle de la défaillance technique. « On a eu un gros problème de matériel. Il faut être clair : Jason n’a pas glissé et s’est usé en luttant contre ses skis sur les 2, 3 premiers kilomètres », a-t-il regretté au micro de France Télévisions.

L’équipe technique, composée de deux techniciens de l’équipe de France et autant de son équipementier (Salomon), est donc clairement pointée du doigt. Elle assume, consciente de sa responsabilité. L’entraineur Etienne Gouy ne se cache pas : « On a tenté un coup à l’aide d’un petit instrument métallique pour accentuer les sillons sous le ski afin d’augmenter la glisse et permettre une meilleure évacuation de l’eau et des saletés sous les skis. J’ai pris un risque et je l’assume », a-t-il confié dans les colonnes de L’Equipe. Contrairement à Laheurte (17e) et Braud (20e) qui courent avec des skis Fisher, Lamy-Chappuis (35e) et Lacroix (28e) - les deux Tricolores les plus mal classés – skient sur des Salomon. C’est donc un problème de structure plus que de fart.

"Jason était planté. Dans la dernière descente, je suis passé à côté de lui. J’avais encore 40km/h de vitesse et lui était encore en train de pousser, se remémore Sébastien Lacroix, 28e et pourtant handicapé par rhume contracté en arrivant à Sotchi. La différence était monstrueuse et ça m’a fait mal pour lui. Passer à côté de lui comme ça, ce n’est pas logique. J’ai tout de suite pensé à des problèmes de glisse. Car je ne voyais pas ce que ça pouvait être d’autre". Ce matin, Lacroix a sans doute mieux compris ce qui a empêché Jason Lamy-Chappuis de correctement défendre son titre.

Désormais, une réaction d’orgueil est attendue de la part de ce grand champion. Lamy Chappuis a encore deux occasions de redresser la tête avec l'épreuve individuelle sur grand tremplin (le 18 février) et l'épreuve par équipes (20 février). "Il y a trois ans aux Mondiaux à Oslo, j'étais loin au petit tremplin (15e), mais j'ai gagné l'épreuve du grand tremplin, rappelle le champion olympique 2010. Cela ne veut rien dire. On verra si je suis en forme au grand tremplin et si on résout ces gros problèmes".