Arc J-5 : Flintshire tient la distance

Flintshire, pur produit de l'élevage Abdullah, est un cheval bai à la robe luisante marquée d'une légère trace blanche sur le chanfrein. Agé de quatre ans, il se tentera pour la seconde fois dans le Qatar Prix de l'Arc de Triomphe après avoir saisi la huitième place l'an dernier. Son père Dansili, qui courait sous les mêmes couleurs, ne remporta jamais de groupe 1 mais se plaça bon nombre de fois au meilleur niveau à travers le globe. Spécialiste sur le Mile, il fut en effet second de la Poule d'Essai, des Queen Anne Stakes ( groupe 2 à l'époque ), des Sussex Stakes et du Prix de la Forêt, et troisième du Prix Jacques le Marois, du Prix du Moulin de Longchamp et de la Breeders'Cup Mile. Dansili produit pourtant parfaitement les chevaux de distance, puisqu'il est le père d'Harbinger, espoir déchu de l'Arc 2010, de Rail Link, vainqueur de l'épreuve reine en 2006 et de Zambezi Sun qui ouvrait les portes de Longchamp à son petit frère dès juillet 2007. On le voit, Flintshire n'a pas pris le même chemin que papa, se montrant à l'aise sur plus long grâce à l'apport de sang classique de sa maman Dance Routine, seconde de Bright Sky dans le Prix de Diane et double vainqueur de groupe sur 2400 m et plus. Dance Routine, demi-soeur d'Apsis, était elle-même héritière du sang de Sadler's Wells, que l'on ne présente plus, l'association entre le chef de race et le fils de la matrone Hasili produisant également The Fugue et Thomas Chippendale.

Flintshire, entraîné depuis ses débuts par André Fabre, n'a connu qu'un seul cavalier en compétition : Maxime Guyon. Ensemble, ils ont gravi les échelons. Depuis leurs débuts victorieux à Chantilly où le poulain s'imposait de deux longueurs et demi, jusqu'à leur sacre dans le Grand Prix de Paris, il n'y eut que trois mois, et quatre compétitions. Battu pour sa première sortie à Longchamp, il avait retrouvé aussitôt le mordant de la victoire dans le groupe 3 Prix du Lys LONGINES où il faisait impression, se propulsant vers le sacre du 13 juillet. Pour sa première participation dans un groupe 1, qui plus est dans le plus historique de tous, Flintshire ne s'est pas montré timide, bien au contraire. Subissant la pression d'un concurrent qui lui écrasait les talons sur une portion du parcours, il lui échappait en se serrant davantage contre ses prédécesseurs. Dès qu'il fut équilibré, il n'y eut plus de course. Le poulain d'André Fabre accélérait avec fluidité, développant de magnifiques foulées qui l'arrachaient à ses suivants. Une longueur et demi en guise de sanction sur le poteau, et pourtant il avait été largement ralenti. En quelques instants, il devenait aussi puissant que Trêve et Intello, nos vainqueurs de derby cantiliens.

Seulement voilà, depuis ce jour Flintshire, considéré comme l'ébauche d'un crack pour beaucoup, ne remporta plus une course. Il terminait son année de trois ans par une huitième place dans le Prix de l'Arc de Triomphe, après avoir été éjecté du podium par Kizuna, Ruler Of The World et Ocovango dans le Prix Niel, préparatoire à l'évènement.
Cette année, Flintshire a réalisé une formidable rentrée en se classant second de Cirrus des Aigles dans la Coronation Cup d'Epsom. Il se plaçait quatrième du Grand Prix de Saint-Cloud, et second dernièrement du Prix Foy, groupe 2, ultime mise en jambe des chevaux d'âge pour le grand jour.

On le sait, Flintshire est un champion sur terrain léger, et un bon cheval sur les autres textures. On pensait le retrouver, tel un souvenir de juillet, il y a deux semaines dans le Qatar Prix Foy où le sol aurait dû le favoriser. Malheureusement, Ruler Of The World revenait à Longchamp plus fort que jamais, lui devenant inaccessible. Sa performance dépendra du terrain, donc, mais aussi de sa qualité qu'il tarde à offrir à nos yeux, de nouveau.