Arc J-5 : Ruler Of The World, transformé.

Ruler Of The World, tout comme Flintshire, est de la génération 2010. Fils du meilleur étalon actuel Galileo et de l'excellente poulinière Love Me True par Kingmambo, il est le demi-frère de Duke Of Marmalade, mémorable champion qui remportait coup sur coup le Prix Ganay, la Tattersalls Gold Cup, les Prince of Wales's Stakes, les King George VI And Queen Elizabeth Stakes et les Juddmonte International Stakes, tous labellisés groupes 1 sur quatre pistes et trois pays différents. Difficile donc de passer après un tel phénomène. Ruler Of The World, joli alezan à la liste en tête dessinée en pointillés, n'était pas le favori du derby d'Epsom 2013, malgré son statut d'invaincu en deux sorties dont un groupe 3. On l'oubliait, obnubilés par la participation du champion et grand espoir pour l'avenir Dawn Approach qui connu une course affreuse et n'eut ni le droit, ni la chance de prouver qu'il possédait une once de tenue. Ce jour-là, le fils de Galileo s'imposait d'un peu plus d'une longueur, accompagné dans son effort par Ryan Moore qui le montera à de nombreuses reprises. Monté à l'arrière garde, constamment dans le mouvement et le plus réactif à chaque accélération, il était déjà cadencé et propulsé à l'amorce du dernier tournant. Poursuivant son effort tout au long de la ligne droite, il était ce jour-là largement le plus fort.
Depuis, la victoire l'avait quitté. Il aurait dû remporter le derby irlandais, mais il n'en était que lointain cinquième. Il remontrait son visage dans le Prix Niel pour sa première tentative française, mais son équivalent japonais Kizuna lui soufflait la victoire de peu. Enfin, dans l'Arc, il saisissait une belle septième place, à onze longueurs de Trêve. On pouvait penser le retrouver seulement l'année suivante, mais sa carrière à trois ans n'était pas encore terminée. Ruler Of The World, engagé dans les Champion Stakes, épreuve anglaise qui se veut concurrente à l'épreuve reine, rencontrait Farhh et Cirrus des Aigles qui le devancèrent de peu. Il se montrait tout de même d'un fantastique niveau, le quatrième se retrouvant à six longueurs du trio.

Cette année, sa préparation a été des plus atypiques. Sans course de rentrée, il s'annonçait directement dans la Dubai World Cup sur la piste en Tapeta de Meydan. Il fut l'ombre de lui-même puisque seulement treizième. On lui demandait d'être au top, dès le mois de mars, dans une épreuve internationale et sur une surface qui lui était totalement inconnue, le résultat ne surprend donc personne. Depuis, il avait disparu de la circulation. Il y a deux semaines à Longchamp, dans le Qatar Prix Foy où il affrontait les français Flintshire, Spiritjim et Au Revoir notamment, il se transcenda. Physiquement, il n'avait plus rien du frêle poulain de l'année 2013. Il nous apparut musclé comme un buffle, les tissus gonflés sous une peau étirée, presque inquiétant. Pour lui et son cavalier Frankie Dettori, il n'y eut pas de course. Soutenant tout le poids de l'épreuve en menant ses quelques concurrents, le pensionnaire d'Aidan O'Brien repartait de plus belle dans la ligne droite et contrôlait ses adversaires qui ne purent l'approcher à moins d'une longueur et demi.

Pour sa seconde tentative dans l'Arc, Ruler Of The World arrive frais et préservé. Son talent de meneur vient de surgir, sa dureté également. Aidé dans l'épreuve par la main précieuse de Lanfranco Dettori, aucun doute qu'il fournira sa valeur. Mais face à des chevaux largement préparés, et à une concurrence internationale ambitieuse, cela suffira-t-il ? Difficile de s'arrêter uniquement sur sa candidature !