Sussex Stakes : Solow ne s'arrête plus !

Que c'est beau, des moments comme ceux-ci ! Lorsqu'un cheval, invaincu depuis un an, lauréat de sept épreuves successives, de trois groupes 1, la série débutant alors qu'il prenait déjà cinq ans, à Dubaï, à Ascot, à Longchamp, se lance dans le défi risqué d'en saisir un quatrième... ou de se faire battre, comme cela arrive à tant d'autres. Mais Solow s'est fait un nom. Adoré de tous, même des Anglais. Le pur-sang gris, fils du presque noir Singspiel, a découvert le Mile, et bien que hongre, lui a immédiatement glissé la bague au doigt. Amour, fidélité, pour l'éternité... Quel gentleman ! Solow n'a qu'une parole, il n'a depuis jamais dévié. Parfois, il se permettait d'aller un peu plus loin, amenant sa fiancé en voyage, jusqu'aux 1900 m de l'Ispahan, jusqu'aux 1800 m de Meydan, conciliant, adaptable, mais toujours redoutable.
Le 29 juillet dernier, sur la piste de Goodwood qu'il découvrait, Solow et Maxime Guyon ont fait le show. Extirpés des stalles dans un élan puissant, le couple s'est retrouvé aux avant-postes, Arod se propulsant tout à l'extérieur poursuivant son effort pour prendre la tête, Cougar Mountain se montrant tout aussi prompt calé le long de la corde. Le peloton se formait aussitôt. La tête du groupe assuré, Andrea Atzeni ralentissait son partenaire, Maxime Guyon faisant de même. Derrière le pur-sang Français, Night Of Thunder, tout de bleu vêtu, faisait les bras de James Doyle, n'appréciant pas la contrainte des soudaines foulées écimées. Here Comes When et Gabrial, les deux wagons suivants, adoptaient la même humeur. Belardo, calqué au rythme du cheval O'Brien, longeait la corde. Bossy Guest, en dernière position, préparait déjà ses excuses, guère motivé à se surpasser. Mais Here Comes When se montrait intraitable. Jim Crowley, un lion muselé entre les mains, ne pouvait empêcher son partenaire de bousculer Bossy Guest. L'outsider se retrouvait en troisième position, laissant apparaître un nez que son jockey Charles Bishop tentera tant bien que mal de camoufler.
Devant, Arod s'amusait toujours à mener. Solow, seul derrière lui, humait un sillage qu'il allait bientôt abandonner. Cougar Moutain prenait l'aspiration du beau gris, Night Of Thunder à ses flancs extérieurs, Belardo, poussé aux bras, englué à la corde dont il ne s'extirpera pas.
Le premier coup de cravache fut pour Cougar Moutain, aussitôt suivi par le geste de Jim Crowley et de William Buick.
Devant, Arod jouait. Et déjà, Solow riait.
Gabrial, discret, commençait à se motiver. Paul Hanagan lui offrait sa chance. Plongeant entre les désespérés qui observaient la douce lutte à l'avant, il força sur les cuisses et devenait troisième de groupe 1. Here Comes When et Cougar Moutain lui emboitant le pas au franchissement du poteau.
A quelques deux longueurs de toute cette agitation, il n'y avait pas d'autres sons... que les cris.
Arod résistait à Solow. Mais il ne jouait plus.
Maxime appuyait la croupe de deux coups légers, Solow prenait la tête et s'envolait.
Arod, parti quelques secondes avant que son rival ne change de jambe et s'équilibre, acceptait le combat avec plaisir et donnait tout jusqu'à la moindre fibre. Deux claques appuyées sur la croupe ne changeaient rien, le jeune pur-sang était à fond. Sa qualité est révélée, il serait bien imprudent à l'avenir de l'oublier.

Et Solow, que l'on admire, vise toujours plus haut, l'inconnu en ligne de mire.