Nacer Bouhanni (FDJ.fr), cette "star de peloton en puissance"

Il est dans l'instantané mais il maîtrise tout ce qu'il fait. Il est totalement différent dans la vie, quand on se côtoie en chambre et sur le vélo. Il est réactif mais il parvient à prendre du recul, à relativiser. Il est plutôt calme dans la vie de tous les jours.

Il ne pense qu'à ça. Dans ma carrière, j'avais tendance à relativiser. Lui, une demi-heure après, il pense au prochain sprint, quelle que soit la course. Il oublie très vite qu'il a gagné.

Il est un peu bordélique. C'est 'ferme la valise, on y va'. Mais il n'est pas tête en l'air. Simplement, il ne perd pas de temps avec les choses qu'il n'estime pas utiles.

Sur le vélo, il a une position très aérodynamique, ça lui permet de maintenir la vitesse dans un sprint, de ne jamais buter en fait. Je l'ai rarement vu finir un sprint assis. Il a cette qualité naturelle de vélocité.

Nacer dit souvent 'je maîtrise ce que je fais'. Le mot risque se justifie quand on ne maîtrise plus. Quand on est à l'intérieur, on n'a pas la même vision que dans la course.

Nacer n'a peur de personne. Au contraire, il a hâte de le rencontrer. Cavendish est une icône dans le sprint. Mais Nacer n'a que 23 ans. Au même âge, Cavendish n'était pas au-dessus de lui.

Tous les ans, il arrive à analyser ce qu'il a fait. Avant le Giro, il s'est entraîné, en volume et en qualité, comme il ne l'avait jamais fait auparavant. Il se rend compte de ce que cela donne sur le Giro.

Il ne pense qu'à gagner, il a de vrais objectifs, il n'a peur de rien ni de personne. Il ne se fait pas de montagne, il ne se fait pas des films. Dans les trois derniers kilomètres, c'est un autre homme.

Il l'est avec lui-même, et donc avec les équipiers. Il a des ambitions. Pour réussir, il sait qu'il faut des arguments. Il fait les sacrifices, il a envie que son entourage en fasse aussi.

Il n'envie personne, il n'est pas dans la comparaison. Il fait sa carrière. Il respecte beaucoup. La boxe (le sport que Bouhanni pratique à l'intersaison), c'est l'école du respect. Sa grosse force, c'est qu'il peut dire les choses avec le coeur, car il est émotif, il aura oublié cinq minutes après.

S'il sème tout au long de sa carrière ce qu'il est en train de semer aujourd'hui, il sera le grand sprinteur mondial. Aujourd'hui,il fait partie des cinq meilleurs, peut-être des trois. Mais une carrière, c'est très long à construire. Il faut être capable d'encaisser les coups, ce qui est son cas. Lui, il répond tout de suite... sur le terrain.