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La menace intérieure

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 13/07/2011 à 17:17 GMT+2

Alors que le Brésil et le Paraguay jouent cette nuit leur dernier match de poule, ce début de Copa America prouve une chose : la compétition, inégale, n’a jamais été aussi ouverte. Le court-termisme quasi culturel de l'Argentine et du Brésil sont des anti-modèles pour leurs concurrents.

Brazil and Ganso look disappointed

Crédit: Reuters

Dans le football, les temps changent plus vite qu’ailleurs. Lors des deux dernières Copa America, en 2005 et en 2007, le Brésil s’était déplacé avec une équipe B. Lassés, lessivés après une saison interminable, les titulaires indiscutables de la Seleçao étaient restés à la maison. Mais ces absences de marque (Ronaldinho et Kakà entre autres) n’avaient pas empêché les Brésiliens de remporter ses septième et huitième Copa America. Et les deux fois, cerise sur le gâteau, c’est face à son meilleur ennemi, l’Argentine, que la Seleçao s’était imposée en finale. Les autres n’avaient qu’à bien se tenir tant les deux mastodontes du continent semblaient avoir une longueur d’avance.
Depuis, l’étau se resserre, les débats s’équilibrent. Lors des éliminatoires à la Coupe du Monde 2010, l’Argentine de Maradona avait eu toutes les peines du monde à se qualifier directement. L’Albiceleste avait dû attendre la toute dernière journée pour valider, dans l’angoisse, son billet. En Afrique du Sud, les cinq pays sud-américains avaient réalisé un joli tir groupé puisque tous s’étaient qualifiés pour la seconde phase. Quatre d’entre eux (Uruguay, Argentine, Brésil et Paraguay) avaient même terminé à la première place de leur poule, éliminant au passage la France ou l’Italie. Seul le Chili avait terminé second, mais il n’y avait rien de honteux puisqu’il avait été devancé par le futur champion du monde espagnol.
Déjà à la Coupe du monde 2010...
L’Argentine et le Brésil auraient dû se douter que leur marge de manœuvre était de plus en plus réduite. L’Uruguay et le Paraguay s’étaient, comme eux, hissés jusqu’en quarts de finale. La Celeste avait même poussé le bouchon un peu plus loin en terminant la compétition à une inespérée quatrième place. Un an plus tard, cette Copa America suit ce même mouvement d’équilibre des forces sur le continent. La pression sur les épaules des Argentins, qui jouent à domicile, et des Brésiliens, qui se préparent déjà à leur Coupe du Monde en 2014, est énorme. Elle est sociale et médiatique. D'un point de vue européen, il est inimaginable de voir à quel point leurs prestations font parler et à quel point les critiques peuvent être virulentes.
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Messi Di María Agüero Argentina Costa Rica Copa América

Crédit: Eurosport

Car leurs supporters, très exigeants, n’attendent qu’une chose : la victoire oui, et avec la manière. Laquelle ? Le "tiki tiki" made in Barcelone pour les Argentins. Traduction : un jeu en mouvement, un enchaînement de passes courtes avant d’accélérer subitement pour mieux percer les murailles adverses. Le "jogo bonito" pour le Brésil : le beau jeu, les beaux gestes techniques au service de l’efficacité collective. Le problème, de taille, c’est que ces deux manières de jouer demandent énormément de travail et beaucoup de temps. Du temps, justement, les sélectionneurs argentins et brésiliens n’en ont pas.
L'Argentine aimerait jouer comme Barcelone
Dans la saison, ils ne voient pas ou trop peu leurs joueurs. Les éliminatoires, ici, n’ont pas encore commencé. Alors, ils bricolent lors d’improbables et très rémunérateurs matches amicaux. Mais ils doivent gagner, toujours gagner, sous peine d’être rapidement mis sur la sellette. Le football argentin est en crise, la descente de River Plate en seconde division en est la dernière preuve. La Seleccion a connu trois sélectionneurs en quatre ans (Basile, Maradona et Batista). Et aujourd’hui, les Argentins voudraient que l’Albiceleste joue comme Barcelone... Impossible : la dream team de Pep Guardiola ne s’est pas construite en un claquement de doigts. Car derrière il y a du travail, beaucoup de travail. Le Brésil, lui, est dans une autre dynamique, il est en phase de reconstruction. Après les années Dunga, Mano Menezes a un immense chantier devant lui. Il doit redonner une identité brésilienne à sa Seleçao. La CBF (la Fédé Brésilienne), les médias et l’opinion lui laisseront-ils le temps de s’installer ? Rien n’est moins sur…
L’Argentine et le Brésil sont donc aujourd’hui à la croisée des chemins. Pour espérer remporter la prochaine Coupe du Monde, leur objectif avoué, il faudrait qu’ils apprennent la patience. Un vain mot dans le football actuel. Comment être patient lorsque vous pouvez compter sur les meilleurs joueurs de la planète ? C’est là toute la difficulté de l’entreprise. Cette donnée, très simple, le Chili, le Paraguay, l’Uruguay voire la Colombie l’ont bien compris. Les noms ne suffisent plus. Le Chili s’appuie sur une génération qui se connaît sur le bout des pieds, qui évolue ensemble depuis 2007. Le Paraguay fait confiance à Gerardo Martino depuis 2007, une éternité. Et la palme de l’ancienneté revient à Oscar "el maestro" Tabarez, en poste depuis 2006 auprès de l'Uruguay. Leurs performances sont aidées par l’émergence de joueurs exceptionnels, c’est vrai, mais elles sont le fruit du travail plus que du hasard… Sergio Batista sait que le temps presse, sa tête pourrait être mise à prix si l’Argentine ne remportait pas sa Copa America. Alors, contre le très faible Costa Rica, il a aligné des hommes qui se connaissent bien, ceux qui avaient remporté les Jeux Olympiques 2008. Faire du neuf avec du vieux, voilà une piste intéressante qui pourrait permettre aux Argentins de limiter les dégâts.
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2010 tabarez uruguay

Crédit: Eurosport

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