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Thiriez, sourire de façade

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 14/04/2012 à 09:17 GMT+2

En conférence de presse, Frédéric Thiriez n'a pas caché son enthousiasme à la veille de la finale entre Lyon et Marseille. "Pour une Coupe en bois, avouez que c'est pas mal", a lâché le président de la Ligue. Qui a fini par perdre le sourire en évoquant la compétitivité du football français. Récit.

Frédéric Thiriez, président de la LFP, avant la finale de Coupe de la Ligue Lyon-Marseille

Crédit: AFP

Il est arrivé le sourire jusqu'aux oreilles. Costume trois pièces, cravate ajustée, moustache aiguisée. Frédéric Thiriez était d'humeur joyeuse quand vendredi après-midi, sur les coups de 15h30, il s'est présenté face à la presse. L'auditorium du Stade de France était copieusement garni. Pour le plus grand bonheur du président de la Ligue de football professionnel. "Ça fait plaisir de voir autant de monde." A la veille d'une finale de Coupe de la Ligue "olympique et inédite", Thiriez ne boude pas son plaisir. Il se dit "gâté" par ce Lyon-Marseille. Et il le fait savoir. "Pour une Coupe en bois, avouez que c'est pas mal, ironise-t-il. J'espère que ce match sera une belle fête."
Pendant une dizaine de minutes, la conférence de presse prend la forme d'une pub grandeur nature. Thiriez a endossé sa tenue de VRP. Les superlatifs pleuvent quand il évoque, chiffres à l'appui, "la finale des records". "Il y a un engouement sans précédent. On est plein depuis plus de trois semaines. Tous les billets ont été vendus en une matinée. Le match sera retransmis dans 73 pays à travers le monde. Soit dans 200 millions de foyers. Et cette 18e édition a attiré 430000 spectateurs. Ça fait une hausse de 11% par rapport à la moyenne des trois années précédentes."
"Quevilly-Montpellier ? N'allons pas trop vite en besogne"
Le patron de la Ligue est fier de son bébé. Tant pis pour les mauvaises langues. Samedi, il a prévu de mettre les petits plats dans les grands. Il détaille les festivités. L'assistance écoute. Thiriez arbore toujours un large sourire. Mais son visage se crispe lorsque les journalistes héritent du micro. Il n'est pas vraiment question de Coupe de la Ligue. Plutôt de l'état du football français. Quand on lui demande si un éventuel Trophée des champions entre Quevilly et Montpellier est une bonne nouvelle pour le football français, il botte d'abord en touche. "Laissons-les jouer, n'allons pas trop vite en besogne, répond-il, un brin embarrassé. Il y a d'abord des finales, place au jeu."
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Frédéric Thiriez, président de la LFP, avant la finale de Coupe de la Ligue Lyon-Marseille

Crédit: AFP

A cet instant, le ton est encore posé. Il esquisse un léger rictus. Qui disparaît lorsque le sujet de la compétitivité de la Ligue 1 à l'échelle européenne est mis sur la table. Si la France a perdu sa 5e place à l'indice UEFA, au profit du Portugal, c'est pour une raison. Une seule : "Les clubs français ont un manque de motivation en Europa League, diagnostique alors Thiriez. En Coupe d'Europe, ce qui compte, c'est l'envie. Il faut que les clubs y réfléchissent très sérieusement. Un examen de conscience est indispensable."
"La concurrence déloyale des grands clubs européens"
Le président de la LFP s'arrête un instant. Et reprend, le ton grave : "Le vrai sujet problématique, c'est la perte de compétitivité sportive en Champions League. Nous n'avons pas progressé. Les écarts de compétitivité se creusent." Thiriez a sa part de responsabilités. Il l'assume : "En 2008, je visais la 3e place européenne. Je suis lucide sur les résultats de mon action. C'est un échec." Un "échec" qu'il justifie par "une concurrence déloyale des grands clubs européens". "Ils sont plus riches, mais est-il normal qu'il y ait un tel écart de dettes et de charges sociales ? En Espagne, ils ont 750 millions d'euros de dettes fiscales. Ça n'a aucune conséquence." Si ce n'est celle de laisser le football français à la traîne.
Dans ce contexte, un resserrement de l'élite serait-il le remède adapté ? "Ce n'est pas une recette miracle, mais il faut se poser la question sans tabou, lâche Thiriez. Je l'avais proposé en 2004 à l'assemblée des clubs, qui avait voté majoritairement contre." Sûrement parce qu'elle est attachée à un modèle basé avant tout sur la solidarité, qui proscrit toute politique élitiste. "Il faut aussi penser à la Ligue 2. Doit-elle passer à vingt-deux ? Il y a aussi l'impact sur la billetterie. La question de la négociation des (derniers lots) des droits TV est toujours en suspens. Aujourd'hui, nous sommes très loin du compte pour maintenir les recettes des clubs. Il nous manque 100 millions d'euros par an. J'y pense tous les matins en me rasant. Heureusement, les négociations ne sont pas finies. Les prochains mois vont être très déterminants pour l'avenir du football français." Fin de la conférence. Thiriez se lève. Il quitte l'auditorium comme il y était venu : le sourire jusqu'aux oreilles.
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