La liste des 23 : En attaque, des absents, des promesses et un grand flou

C'est le secteur le plus incertain de la liste de Didier Deschamps. A la veille de l'annonce des joueurs sélectionnés pour l'Euro, bien malin celui qui peut affirmer avec certitude quels seront les six attaquants retenus. Dans ce secteur, le tourbillon de la "sextape" a emporté les deux leaders offensifs de l'équipe de France de Deschamps : Karim Benzema, officiellement, et Mathieu Valbuena, par la force des choses.

Un autre tourbillon, celui du dernier rassemblement en mars, a montré une attaque française flamboyante aux Pays-Bas (2-3) et contre la Russie (4-2). Depuis, la saison étincelante en club de certains éléments continue de brouiller les pistes et de rebattre les cartes. Pour Deschamps, les choix seront cornéliens.

De la ligne d'attaque des Bleus au Brésil, il ne devrait rester qu'eux deux : Olivier Giroud et Antoine Griezmann. Le Gunner et le Colchonero partent, a priori, titulaires dans l'esprit de Didier Deschamps. Griezmann va bénéficier d'une saison exceptionnelle (31 buts toutes compétitions confondues), qui sera ponctuée le 28 mai d'une finale de Ligue des champions. Giroud n'est pas flamboyant avec Arsenal depuis plusieurs mois mais il est de tous les rassemblements depuis deux ans. Enfin, Anthony Martial s'est imposé cette saison, en Bleu comme à Manchester United. Il part avec une longueur d'avance à gauche et sera assurément des 23.

Le grand gagnant de l'absence de Benzema, ce sera probablement André-Pierre Gignac. Dans la hiérarchie des attaquants axiaux, l'ancien Marseillais partait pourtant de loin. Sa saison au Mexique (33 buts en 48 matches) et ses buts en Bleu contre l'Allemagne et la Russie lui confèrent un petit avantage. Sur les ailes, deux joueurs ont crevé l'écran en mars : Dimitri Payet et Kingsley Coman. Leurs qualités spécifiques (l'un en meneur excentré et sur coups de pied arrêtés, l'autre dans un rôle de joker dynamiteur) en font des profils désirés. Pour Deschamps, il sera difficile de s'en priver.

Leurs performances, leur talent, leur expérience devrait leur assurer une place dans les 23. Mais ces joueurs-là ont, pour des raisons parfois différentes, un train de retard à la veille de l'annonce de Deschamps. A Nice, Hatem Ben Arfa a rayonné toute la saison, et son retour en équipe de France en novembre 2015 s'est plutôt bien passé. Comment se passer d'un tel joueur ? Pour Deschamps, la solution passe peut-être par la sélection d'un septième attaquant.

Reste la question de l'attaquant de pointe, poste où deux concurrents sérieux ont fini la saison en boulet de canon. A Séville, Kevin Gameiro a qualifié son équipe pour la finale de la Ligue Europa et a inscrit 28 buts toutes compétitions confondues. Mais il n'a plus porté le maillot bleu depuis 2011 et n'a jamais été sélectionné par Deschamps. L'ancien Parisien peut toutefois imaginer être convoqué comme réserviste.

Quid d'Alexandre Lacazette ? Après un début de saison manqué qui l'a fait disparaître des radars bleus, le Lyonnais est monté en puissance pour atteindre la barre des 21 buts en Ligue 1. Il entretient toutefois une image contrastée dans l'esprit de Deschamps et devrait manquer le wagon de l'Euro. Tout comme Ousmane Dembélé, qui avait tout de la surprise potentielle mais pour lequel DD ne devrait pas brûler les étapes. Il n'est pas exclu, cependant, de voir le Rennais dans la liste des réservistes.

Qui l'aurait cru ? Voir Ribéry à l'Euro ne relève pas tout à fait de l'idée saugrenue à l'heure actuelle. Après avoir annoncé sa retraite internationale au lendemain du Mondial 2014, le Munichois a rouvert la porte aux Bleus ces dernières mois, après plusieurs prestations convaincantes avec le Bayern. En avril, il déclarait vouloir rencontrer Didier Deschamps pour échanger à ce sujet. "Je sais que je peux encore apporter quelque chose et ça, c'est magnifique", déclarait-il.

Depuis, ni lui ni Deschamps n'ont donné de nouvelles de cette entrevue. Meilleur joueur de l'équipe de France depuis 2006, de retour à un excellent niveau sous le maillot du Bayern depuis quelques temps, Ribéry signera-t-il un retour à la Zidane, dix ans après, en forme de surprise du chef ?