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Révélation de l’Euro U19, Amine Harit a pris les clés du jeu de l'équipe de France

Ilyes Ramdani

Mis à jour 21/07/2016 à 20:59 GMT+2

EURO U19 - L’équipe de France affronte le Portugal, jeudi, en demi-finale de la compétition (17h). L’occasion de (re)voir à l’oeuvre Amine Harit, le milieu de terrain nantais s’étant imposé comme le maître à jouer inattendu de ces Bleuets.

Amine Harit (France) contre la Croatie à l'Euro 2016 U19

Crédit: Panoramic

Lorsqu’il avait fallu, à la veille de la compétition, distinguer quatre noms parmi les dix-huit que comptait la prometteuse génération 1997, nous avions choisi ceux de Lucas Tousart, Kylian Mbappe, Jean-Kevin Augustin et Issa Diop, mais pas celui d’Amine Harit. A notre décharge, le jeune Nantais n’était pas franchement attendu avant cet Euro. L’intéressé lui-même en convient, dans un sourire : “Franchement, il y a encore un mois et demi, je ne pensais pas que les choses allaient se passer comme ça”.
"Comme ça”, c’est vite dit dans la bouche d’Amine Harit. Pour faire simple, le milieu de terrain de 18 ans s’est imposé comme la vraie bonne surprise de l’équipe de France U19 au cours de cet Euro dont il s’apprête à disputer la demi-finale, jeudi face au Portugal (17h). “On a le sentiment que c’est le dépositaire du jeu”, confirme Matthieu Bideau, le responsable de recrutement du FC Nantes, qui l’a fait venir en Loire-Atlantique.

Eclosion tardive

Aligné à gauche du trident de l’entrejeu des Bleuets, Harit est le véritable meneur de jeu de cette équipe. Dans le jeu comme sur coups de pied arrêtés, sa qualité de passe et sa vision du jeu ont été de formidables auxiliaires aux qualités de finisseur des Mbappe et Augustin. “Je suis fier de moi et de mon équipe, reconnaît tout juste le principal intéressé. Je reçois beaucoup de messages de mes proches et de gens qui sont contents de moi. Ça me donne envie de confirmer.”
Un torrent de compliments assez inattendu pour un joueur qui n’a découvert le maillot national qu’à la fin de la saison dernière, deux ou trois ans après les Augustin, Bernardoni ou Diop. La faute à une éclosion un peu tardive au FC Nantes, le tout accompagné d’une image de garçon talentueux mais à polir. “Pour lui, tout n’a pas été flagrant tout de suite, confirme Matthieu Bideau, responsable du recrutement nantais. Il a fallu lui apprendre à jouer avec les autres, notamment.”

"Une trajectoire à la Boufal"

Car le problème, chez Harit, ce n’est pas le talent. “Il a une technique exceptionnelle, très fine, raconte Julien Pitard, qui l’a entraîné en moins de 15 ans au Red Star. Il a un don pour la dernière passe.” Même discours chez Matthieu Bideau : “C’est un garçon qui est talentueux depuis tout petit, qui a toujours traversé le terrain, fait des différences hors-normes. Il avait aussi un petit retard de croissance, qu’il a largement comblé. En fait, il a un peu une trajectoire à la Sofiane Boufal.”
A ses prédispositions naturelles, Harit a ajouté “une vraie mentalité de compétiteur”, selon Julien Pitard. “C’est un bosseur, très généreux, confirme Lossémy Sy, éducateur à l’Espérance Paris 19e, son premier club. Et c’est comme ça aussi dans la vie. C’est quelqu’un de très simple, qui vient nous voir à chaque fois qu’il rentre sur Paris. Dès qu’il a des crampons à donner, il m’appelle pour les distribuer aux jeunes du club. Amine, tu es obligé de l’aimer.”
C’est en partie ce caractère “joyeux sur le terrain et en dehors”, dixit Matthieu Bideau, qui pousse le FC Nantes à lui faire signer, dès l’âge de 13 ans, un accord de non-sollicitation. Il évoluait à l’INF Clairefontaine la semaine et à l’Espérance Paris 19e le week-end, quand Philippe Casagrande, un scout du FCN, a remarqué sa silhouette frêle. Il a finalement rejoint les Canaris à 15 ans, en 2012.

"Il ne faut pas qu'il se croie arrivé"

Depuis, son parcours n’a pas toujours été simple. “Il a pris des claques, il lui est arrivé de se faire sortir par ses entraîneurs parce qu’il ne jouait pas le jeu”, raconte Matthieu Bideau. “J’avoue qu’à la base, je ne suis pas vraiment un joueur qui défend”, reconnaît, un peu embarrassé, Harit. A l’Euro, pourtant, son volume de jeu étonne, y compris lorsqu’il faut revenir défendre jusque dans ses 20 derniers mètres. Lui en attribue le mérite à ses formateurs et à son sélectionneur, Ludovic Batelli : “Il me donne de la gniaque sur le terrain. J’ai compris que ces efforts étaient nécessaires.”
Tous ceux qui le connaissent s’accordent à le dire : “C’est un garçon très intelligent sur le terrain et en dehors, qui a beaucoup de maturité” (dixit Julien Pitard). Tous, ou presque, ont un mot pour son père, qui était “toujours au bord du terrain à Clairefontaine”, “vient presque chaque week-end à Nantes”, “lui inculque des valeurs irréprochables” (Bideau) et “sans lequel il n’en serait pas là où il est aujourd’hui” (Sy).
Là où il est, justement, c’est à la fois beaucoup et pas grand-chose. “Il ne faut pas qu’il se croie arrivé, prévient Matthieu Bideau. Ce n’est pas parce qu’il est très bon à l’Euro qu’il sera très bon en Ligue 1. Je lui souhaite évidemment d’aller le plus haut possible.” Le joueur, lui, se préserve de toute enflammade : “J’espère gagner le championnat d’Europe et, ensuite, jouer le plus de matches possibles en Ligue 1 la saison prochaine. Je suis bien à Nantes.” Pas dépourvu d’ambition, il glisse toutefois un petit mot à l’oreille de René Girard, son nouvel entraîneur : “J’espère qu’il regarde mes performances !” Harit l’a dit dans un sourire, comme une boutade. Mais ça ne l’a jamais empêché de franchir les paliers.
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