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Le FC Porto à l’heure espagnole

Nicolas Vilas

Mis à jour 08/08/2014 à 13:35 GMT+2

Recrutement labellisé Liga, staff et méthodes à l’espagnole, la "Nação" Porto s’hispanise cet été. Un changement de cap pour les Dragons qui, comme toute mutation, soulève quelques interrogations.

Le nouvel entraîneur du FC Porto Julen Lopetegui

Crédit: AFP

Main en guise de visière, Julen Lopetegui observe ses troupes. Et il ne rate rien, perché sur sa tour. L’une des premières mesures du nouvel entraîneur du FC Porto a été d’implanter ce mât métallique au cœur des gazons du Olival. C’est Luis Enrique qui avait lancé la mode, en Espagne. L’Espagnol a aussi importé des mannequins plastifiés pour les exercices d’entraînement ; les "Allemands de Bielsa", parce qu’el Loco fut le premier à les employer et qu’ils sont fabriqués en Allemagne dont ils portent les couleurs. Les Dragons ont vite été mis au parfum, avec Lope. "Il est ouvert et rigide, rapporte Alex Sandro. Il y a de la tactique et des horaires." "Il est très exigeant", décrit Evandro, débarqué d’Estoril durant l’été. "Je n’aime pas le mot sévère, rétorque l’intéressé. Je préfère rigoureux et exigeant."

La révolution espagnole

Visiblement bien dans ses baskets, le Basque a été mis à l’aise par le président Pinto da Costa : "J’ai un maximum de confiance en lui." Les investissements entrepris par le FCP le prouvent :
  • Cristian Tello (prêt payant de 2 millions d’euros sur deux saisons),
  • Adrian (11 millions pour 60% des droits),
  • Brahimi (6,5),
  • Oliver Torres (prêt de l’Atlético Madrid),
  • Casemiro (prêt du Real).
D’autres Espagnols - Andrés Fernandez (Osasuna), Ivan Marcano (Rubin) et José Angel (Roma) - devraient arriver. Les noms d'Illaramendi, Nacho ou Ayoze Pérez ont circulé. "Les joueurs sont recrutés par le FC Porto et non par Lopetegui", assure le nouvel entraîneur qui évoque une "parfaite harmonie" avec le président et son bras droit, Antero. N’empêche que Lope a vu la plupart de ses désirs exaucés. Plus de la moitié de la douzaine de recrues du Dragon est estampillée Liga (dont bientôt six Espagnols). Julen qui s’est pointé avec trois adjoints compatriotes fait de la Nação Porto une petite Espagne. Un choc pour les conservateurs. Jusqu’ici, les hermanos ne faisaient pas partie de la tradition portiste : avant cet été, seuls deux Espagnols (Dieste en 1954 et Heredia en 1972) avaient porté le maillot bleu-et-blanc ! En plus de 120 ans d’histoire…

La peur des guerres de clans

Le FCP n’avait plus misé sur un coach étranger depuis Co Adriaanse (2005-2007). Le dernier Epagnol (ils ne furent que deux là aussi avec Passarin en 1951-1952), Victor Fernandez, avait été remercié après quelques matches seulement. C’était l’après Mourinho. Et, déjà, certains s’inquiètent sur une possible guerre des clans. Une transposition de ce que le Mou, justement, a connu à Madrid. Certains verront du Iker dans la dernière sortie de Hélton. Le gardien a publié sur son Instagram un mystérieux message :
Eternellement reconnaissant. 1993 – 2014.
Son aventure au Dragon serait terminée, la faute à Lopetegui. Au club depuis 2009, Varela n’était pas de la fête dimanche soir pour la présentation de l’équipe aux socios. Formés au club, Josué et Abdoulaye sont sur le départ. Adrian rase les murs et caresse les cadres : "Mon joueur préféré est Quaresma. Nous avons tous une grande admiration pour lui." L’ex-polyvalent attaquant de l’Atlético sera l’un des concurrents du Portugais. Et à ceux qui douteraient de la capacité de l’ancien sélectionneur des Espoirs de la Roja à gérer des noms, il répond : "J’ai longtemps entraîné des joueurs de top niveau. J’ai plus d’expérience que beaucoup."
picture

Julian Lopetegui est l'ancien sélectionneur des Espoirs espagnols

Crédit: AFP

Le tiki-taka  mais pas que…

Lopetegui est donc un homme de convictions. Mais pas borné. Y compris dans son approche du jeu. Il poursuit – et adapte – le traditionnel 4-3-3 portiste avec sa philosophie. Le Basque exige de "l’amplitude" : "Nous voulons le ballon et être les acteurs mais, parfois, ce n’est possible et nous devrons alors comprendre comment il nous sera possible de jouer." Oui, Lopetegui aime le beau jeu, celui-là même qu’il a inculqué, quatre ans durant, aux jeunes espagnols. Oui, lorsqu’il était gardien, il a connu le Barça (1994-1997) mais il est aussi un ancien du Real (1989-1991) – dont il coaché la Castilla (2008-2009) - et surtout du Rayo Vallecano… Lopetegui n’est pas un ayatollah du tiki-taka. A en croire ses propos, il déploiera un mélange de Barça et de Real.  Un compromis à l’heure où le jeu espagnol a pris une grosse claque au dernier Mondial et où il s’est redécouvert d’autres vertus avec cette finale de Ligue des champions 100% madrilène. Julen n’est pas obtus. Ni un dictateur du beau jeu, ni un kamikaze du résultat.
Une équipe joyeuse, qui a confiance en ce qu’elle fait, capable d’avoir de l’initiative, qui enthousiasme et travaille beaucoup. En un mot : nous voulons tout !

Bosser avec (tous) les jeunes

"Il parie sur les jeunes." C’est aussi ainsi que Pinto da Costa avait présenté son nouveau coach à la presse. Pas un mystère compte tenu du CV du Mister. Mais Lopetegui n’est pas nécessairement là pour faire monter en grade les espoirs qui s’étaient montrés avec la b, deuxième de D2, la saison écoulée. On pouvait s’imaginer que, finances obligent (le passif du FCP dépasse les 220 millions d’euros), le club allait un peu plus insister sur son centro avec un formateur. Au fil des matches de présaison – qui permettent souvent de découvrir de nouvelles frimousses – Lope n’a fait appel qu’à Kayembe, Kelvin et Ruben Neves (Mikel s’est blessé au cours du premier entraînement). Lope va surtout devoir rentabiliser les recrues. Lichnovsky (20 ans), Martins Indi (22), Tello (22), Casemiro (22), Oliver Torres (19)… Oui, le technicien de 47 ans va bosser avec des jeunes. Importés, pour la plupart. L’actuel groupe du FCP est le plus juvénile de ces dernières saisons. Et celui dont les socios, privés de titres cette année, attendent énormément…
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