Ne vous y trompez pas, Karim Benzema est, lui aussi, une légende du Real Madrid

2009-2021. Si Karim Benzema va au bout de sa nouvelle prolongation de contrat, il aura passé douze ans dans le plus grand club du monde. Douze ans au Real Madrid, douze ans au poste le plus exposé, celui d'avant-centre, douze ans dans le club aux douze Ligues des champions. C'est immense, inimaginable à l'arrivée du gosse de Bron qui s'est fait les dents dans l'ombre de l'icône Raul. Vu de loin, le Real n'a jamais été l'équipe de Benzema, toujours celle de Cristiano Ronaldo. Vu de près, une mise au point s'impose. Souvent critiqué, souvenez-vous de Mourinho et de sa comparaison peu flatteuse avec un chat pour sa nonchalance, mais toujours indispensable.

Personne ne s'installe en pointe du Real par hasard. Personne n'y dure aussi longtemps sur un coup de dés. Si huit ans après son arrivée, Madrid continue de lui faire confiance, c'est que Benzema est devenu une figure incontournable. Et ce n'est rien de le dire. Trop souvent on a justifié sa longévité au Real par sa compatibilité avec Cristiano Ronaldo. C'est vrai mais c'est aussi réducteur. Oui, Karim Benzema est le parfait complément du Portugais. Parce qu'il n'est pas qu'un buteur dont l'obsession se limite à la surface de réparation. L'ancien Lyonnais décroche, dribble et reste un formidable pourvoyeur de passes décisives : 104 en 371 matches.

En deux phrases, Carlo Ancelotti, coach du Real entre 2013 et 2015, a tout dit : "Karim est l'homme idéal pour des joueurs comme Cristiano Ronaldo et Bale. Nous avons besoin d'un avant-centre qui ait cette caractéristique : savoir jouer avec les autres. En ce sens, Karim est unique." Mais il n'est pas qu'un formidable faire-valoir. Benzema, c'est aussi un formidable finisseur. A sa prochaine réalisation, la 182e (!), il dépassera le mythique ailier Paco Gento, aux 18 saisons et six Ligues des champions avec le Real, pour devenir le 7e meilleur buteur de l'histoire du meilleur club de l'histoire.

Les superlatifs donnent le tournis mais témoignent d'une réalité : avec de telles statistiques et un palmarès gigantesque (14 trophées remportés dont deux Ligas et trois Ligues des champions, comme Raymond Kopa), il s'est installé parmi les légendes du club. Être avant-centre au Real Madrid, ce n'est pas exactement comme être avant-centre dans n'importe quel autre club du monde. Le Real est un club de stars, qui revendique son côté clinquant. Un club capable au début des années 2000 d'aligner quatre Ballons d'Or la même saison (Zidane, Owen, Ronaldo et Figo).

Karim Benzema est titulaire, et seul en pointe, de ce club depuis 2012. Chaque été, la presse espagnole annonce l'arrivée d'une nouvelle tête d'affiche, d'un buteur "Galactique" mais le Real continue de lui faire confiance. Falcao, Kun Aguero, Robert Lewandowski, Luis Suarez, Edinson Cavani, et, plus récemment Pierre-Emerick Aubameyang ou Kylian Mbappé : ils sont très nombreux à avoir été évoqués au Real Madrid depuis l'arrivée de Karim Benzema mais le Real n'a jamais recruté un attaquant de cette envergure. Parce qu’ils n’ont jamais conclu. Mais aussi et surtout parce qu’ils avaient Benzema.

Les stars débarquées depuis 2009 (James Rodriguez, Gareth Bale) ne sont jamais entrées en concurrence frontale avec lui. Ceux qui ont tenté de faire le match ont très vite préféré aller gratter du temps de jeu loin de Madrid (Morata, Higuain, Jesé, Mariano Diaz, Chicharito, etc.). Benzema n'a jamais fait partie des favoris au Ballon d'Or, il n'a jamais figuré parmi les meilleurs buteurs d'Europe. Une hérésie pour un attaquant du Real ? Et pourtant, Benzema, lui aussi, est une légende du club merengue.