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Entre le terrain et la direction, le double jeu dangereux du FC Barcelone

Antoine Donnarieix

Mis à jour 06/10/2019 à 13:07 GMT+2

LIGA - Victime d'un mauvais démarrage en championnat, le Barça s'est enfoncé dans un imbroglio lié à des résultats sportifs décevants malgré un recrutement estival conséquent. Acteurs de cette bisbille interne, les cadres du vestiaire prennent tour à tour la parole pour évoquer la naissance d'une problématique qu'ils souhaitent voir avorter au plus vite, quitte à éviter de prendre des pincettes.

Gerard Piqué (FC Barcelone) en Ligue des champions 2019-2020

Crédit: Getty Images

Cette fois, le Barça peut souffler. Le week-end dernier en banlieue madrilène, les hommes d'Ernesto Valverde sont parvenus à faire ce qu'ils n'avaient encore jamais fait depuis le début de saison 2019-2020 : gagner un deuxième match consécutif. La manière n'y était pas vraiment mais sur le tableau d'affichage, le score est sans appel contre Getafe (0-2). Lancés dans cette dynamique, les joueurs catalans sortent du vestiaire avec le sentiment du devoir accompli. Tous ? Non. Un joueur résiste encore et toujours à l'envahisseur médiatique : Gerard Piqué.

Messi : "Gagner à Séville pour que tout puisse rentrer dans l'ordre"

"Je l'ai déjà expliqué à Pampelune (ndlr : le Barça avait fait 2-2 contre Osasuna), nous devons être tous unis, explique "Shakiro". Quand je dis tous, je pense aux joueurs, aux socios, à la direction. Quand deux d'entre eux ne veulent pas se mettre en colère, il n'y a pas de discussion. Nous connaissons le club, mais aussi les journaux qui rédigent des choses négatives et ceux qui les écrivent, même si la signature de l'article ne correspond pas à son auteur. Nous ne voulons pas nous énerver. Nous espérons que personne ne souhaite provoquer des conflits qui n'ont jamais existé. De notre côté, nous ne voulons pas que cela arrive."
À la sortie de cette menace prononcée par le défenseur central, les personnes visées sont très vite identifiées : Xavier Bosch, journaliste au Mundo Deportivo, avait écrit le jour même un article à charge contre le vestiaire du FC Barcelone considéré comme principal responsable du très faible début de saison du club.
L'exclusion de la presse pour les déplacements en avion, le choix du substitut de Tito Vilanova à l'été 2013, des opérations chirurgicales effectuées sans le consentement du club, le dénigrement de Dembélé pour favoriser le retour de Neymar… Selon la même source, toutes ces affaires seraient à mettre sur le dos du vestiaire. Aussi, Piqué donne un avertissement à sa propre direction : si de telles accusations viennent à se reproduire, les joueurs pourraient entrer en conflit ouvert avec la direction, probable complice de ces informations considérées comme erronées par Piqué et ses coéquipiers.
Gerard Piqué et ses coéquipiers à la fin de FC Barcelone - Interen Ligue des champions le 2 octobre 2019
Dans tout ce bazar, les joueurs du Barça parviennent à se focaliser sur l'essentiel : gagner les matches. Mercredi, les Barcelonais sont parvenus à se défaire de l'Inter de Conte au Camp Nou (2-1). Et cette fois-ci, Messi a pris la parole pour pacifier l'ambiance : "La relation est bonne avec tout le monde, le vestiaire est uni, affirme le quintuple Ballon d'or. Nous étions conscients de ne pas vivre notre meilleur moment et nous avions besoin de cette victoire contre l'Inter. (…) Maintenant, il faut gagner à Séville pour que tout puisse rentrer dans l'ordre."

Vidalverde, l'ombre et la lumière

Auteur de son premier match en intégralité de la saison, Leo Messi s'est également rendu compte de la différence d'intensité mise dans les deux périodes par le Barça. Avec Sergio Busquets dans le onze de départ, le Barça était statique et manquait d'ambition pour aller chercher haut un collectif milanais compact après son ouverture du score rapide. La décision tactique de Valverde de remplacer Busquets par Arturo Vidal a radicalement changé le visage du Barça. "Le coach a très bien analysé notre première période et il nous a expliqué tout cela à la mi-temps, révélait après la rencontre le Brésilien Arthur. Nous devions accentuer la pression dans leur camp et l'arrivée de Vidal nous a beaucoup apporté." Auteur de la passe décisive sur la reprise de volée de Suárez qui mène à l'égalisation, l'international chilien a répondu via le terrain aux critiques établies sur son rôle dans la défaite du Barça à Grenade il y a deux semaines.
Avec trois victoires de suite, le FC Barcelone d'Ernesto Valverde reprend des couleurs même si la situation en interne n'est pas réglée pour autant. En novembre 2018, Luis Suárez exprimait son souhait de voir un nouvel avant-centre débarquer au Barça pour lui succéder. Remplacé peu avant l'heure de jeu par Ousmane Dembélé, la recrue Antoine Griezmann ne donne pas entière satisfaction dans un 4-3-3 que le Français avait quitté depuis ses jeunes années à la Real Sociedad. Capable d'évoluer en avant-centre ou en attaquant de soutien, le numéro 17 du Barça ne s'installe pas dans l'axe du fait de l'alchimie Messi - Suárez trouvée depuis cinq saisons. Est-ce réellement une simple question de temps d'adaptation ? L'ambiguïté autour du cas Griezmann, auteur de trois buts et deux passes décisives en sept matchs, est-elle plus profonde que prévue ? Souriant, Messi s'est chargé de donner sa version des faits : "Nous n'avons aucun problème avec Griezmann. Nous apprenons à nous lâcher ensemble."
Luis Suárez et Lionel Messi lors de FC Barcelone - Inter en Ligue des champions le 2 octobre 2019

Piqué, tourné vers l'avenir ?

Finalement, ces résultats en-deçà des attentes et la pression générée de l'extérieur semblent avoir donné un coup de pied aux fesses des Culés. Les retours de blessures de Suárez et Messi cumulés aux récentes décisions tactiques de Valverde visant à laisser le soin à Frenkie de Jong d'organiser le milieu du FC Barcelone en sentinelle donnent de la pertinence au choix de Bartomeu d'accorder son entière confiance à Valverde. Mais pour combien de temps encore ? Si l'entraîneur basque ne devrait pas rempiler au Barça et terminer son aventure au mieux en fin de saison, l'élection présidentielle se profile en 2021 pour Bartomeu. À coup sûr, une victoire du Barça en C1 au terme de la saison serait un moyen idéal d'envisager sa réélection. Mais pour cela, il faut à tout prix éviter le clash et préserver la sérénité dans le vestiaire. Pour Gerard Piqué, ce coup de gueule était donc un moyen de pression idéal à l'échelle politique. Sans savoir où mènera cette saison, il y a fort à parier que Piqué, en fin de contrat en juin 2022, soit un jour élu à la tête du Barça. Tôt ou tard...
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