Lens coule, Roux s'en va

L'aventure aura duré trois mois. Trois mois où le RC Lens, dont la plupart de ses joueurs se voyaient champions de France, n'a été l'ombre de lui même. Conséquence : Guy Roux quitte le navire. Lui qui rêvait d'un retour plus flamboyant, lui qui avait dû batailler pour pouvoir s'asseoir sur le banc artésien, Guy Roux quitte Lens par la petite porte. Pourtant, le jour même du match face à Strasbourg, Gervais martelait que l'homme au bonnet n'était pas menacé en déclarant dans la presse : "Ca vient d'où ces conneries ? Il faut nous foutre la paix !".

Sans doute perturbés par tout ce remue ménage en coulisse, les Sang et Or débarquent à Strasbourg avec pour objectif de sortir le club artésien de la zone des relégables. Pas évident. Ca, les Strasbourgeois l'ont bien senti. Auteur d'un excellent début de saison, le promu alsacien semble avoir trouvé en Jean-Marc Furlan un entraîneur capable de faire vibrer enfin la Meinau qui n'hésite pourtant pas à bouder les siens au moindre faux pas.

Après leur très belle victoire au Stadium face à Toulouse (3-1), les Alsaciens abordent cette rencontre avec plein d'envie. Métamorphosé depuis le début de saison, Mouloungui débute son festival sur son aile gauche et oblige Runje à se coucher sur un centre à destination de Renteria (3e). Le Gabonais récidive deux minutes plus tard d'une tête qui frôle le poteau droit du portier Nordiste.

Les Lensois sont débordés. Optant un schéma de jeu basé sur le contre, les hommes de Guy Roux préfèrent attendre leurs hôtes et laisser Dindane seul en pointe en espérant que l'Ivoirien fera la différence sur une accélération. Mais la sortie sur blessure de Kalou (19e) vient quelque peu contrarier les plans de Guy le Sage. Si le début de match ne leur donne pas forcément raison, après une demi-heure de jeu, la tactique commence pourtant à payer. Les Sang et Or sont plus présents dans les duels et multiplient les occasions comme cette reprise non cadrée de Monterrubio sur un centre d'Akalé (29e) ou ce tir de Dindane qui profite des largesses de l'axe central alsacien (35e). Le premier but artésien en championnat semble proche mais Renteria vient rappeler juste avant la pause que les Strasbourgeois ne sont pas quatrièmes de Ligue 1 par hasard. L'attaquant du Racing se joue de Hilton pour se présenter seul face à Runje mais le Colombien n'ouvre pas assez son pied et manque l'ouverture du score (42e). A la pause, les deux équipes se quittent sur un score nul et vierge logique au terme d'une mi-temps un peu terne.

Au retour des vestiaires, une rumeur commence pourtant à faire du bruit : Guy Roux aurait démissionné de son poste d'entraîneur. Sans doute au courant de la nouvelle, les joueurs artésiens démarrent la deuxième période mollement. Guy Roux semble soucieux. Renteria lui donne raison et reprenant victorieusement de la tête un corner (1-0, 55e). Menés au score, les Lensois sont abattus et continuent à persévérer dans un schéma attentiste. Inoffensifs en attaque, jouant trop arrêtés les Sang et Or vont payer cher leur entêtement. Sur un contre assassin, Mouloungui sert parfaitement Cohade qui ne manque pas de transformer la balle de break du coup de pied (2-0, 63e).

La Meinau est aux anges, Lens en enfer. La rumeur du départ de Guy Roux prend alors plus de corps. Sonnés dans un temps, les Nordistes vont toutefois réagir en réduisant le score grâce à Keita (2-1, 70e). Les Strasbourgeois se montrent ensuite plus fébriles mais Cassard rassure la maison en sortant d'une claquette magistrale un coup franc de Sablé qui filait en lucarne (90e+1). Le score ne bougera plus. Au coup de sifflet final, les Alsaciens exultent : ils sont troisièmes du championnat. Mais les caméras se focalisent sur un seul homme : Guy Roux. La rumeur devient réalité : le Bourguignon quitte son poste. Reviendra-t-il un jour ? Nul ne le sait. Une chose est sûre : Jean-Pierre Papin est grandement pressenti pour prendre les commandes du navire lensois à la dérive dans ce championnat avec une piètre 18e place. Candidat déclaré au titre, la bande de Gervais Martel va devoir surmonter la vague Guy Roux pour éviter de se retrouver dans le creux de la Ligue 1.