Lyon prend le large

Ce n'est pas LE classico tant attendu par tous les passionnés de notre championnat. Trop nostalgiques. Mais il faut bien reconnaître que depuis trois saisons, l'opposition entre Girondins et Lyonnais constitue de très loin le plus beau classique de la Ligue 1. Une certitude. La forme du moment des deux adversaires (11 points sur 15 pour l'OL depuis un mois, 10 sur 15 pour Bordeaux), leur qualité technique, aussi bien collective qu'individuelle, laissait présager un duel passionnant pour relancer - en cas de succès des Marine et Blanc - le suspense du championnat. Le spectacle était certes présent sur la pelouse de Gerland mais les Gones ont en revanche bien assommé la L1 en l'emportant 2 à 1.

Comment se relève-t-on de la perte d'une invincibilité à domicile qui durait depuis un an ? Après leur élimination tant décriée en huitième de finale de la Coupe de la Ligue, mardi, face au FC Metz (3-1), les champions de France avaient ressuscité leurs errements défensifs. Mais les Olympiens ont déjà démontré qu'ils savaient se sublimer dans les grands rendez-vous. Grâce à leur expérience et leurs sept titres. Avec les accélérations de Karim Benzema qui tire toute son équipe vers l'avant dans les moments clés. En affichant enfin un réalisme insolent (6 tirs cadrés sur 6 ce soir) alors qu'ils semblent au bord de la rupture.

Invaincue et meilleure attaque à domicile (16 buts/7 matches), la formation de Claude Puel, organisée en 4-3-3 avec un trident offensif Govou-Benzema-Fred, connaît une première demi-heure poussive, incapable de répondre au rythme intense des Aquitains. Wendel à bout portant (12e), Gouffran de la tête (15e), Gourcuff sur une frappe plongeante (23e)... les Bordelais tentent, percutent mais manquent de lucidité face au but (seulement 5 tirs cadrés sur 16 au cours du match). Tel un scénario inéluctable qui corrige les hommes de Laurent Blanc sur leurs moindres erreurs, les Lyonnais convertissent leurs deux seules frappes au but à la demi-heure de jeu. Avec Benzema tout d'abord pour sa neuvième réalisation en L1 (33e). Sur une superbe frappe du gauche de Källström ensuite, à la 38e minute.

Avec 7 défaites lors de leurs 10 derniers déplacements à Gerland, la seconde période ne plaidait pas en faveur des Girondins, toujours aussi dominateurs territorialement (70% de possession). Mais trop impuissants devant une charnière lyonnaise enfin retrouvée à l'image de Cris. Acculé dans sa moitié de terrain, l'OL gère alors sereinement son avantage pendant que Benzema illumine cette rencontre sur chacune de ses accélérations. La réduction du score de Cavenaghi (80e) peut laisser quelques regrets aux Bordelais qui n'ont jamais abdiqué. Une chose est sûre. Lyon-Bordeaux est désormais le match référence de notre championnat. Même si la Ligue 1 vient sans doute de vivre son premier grand tournant pour l'obtention du titre...

"C'est une bonne opération et pas seulement parce que Bordeaux est un concurrent direct. Nous jouions à domicile, avec la perspective de prendre trois points en vue de ce qui nous attend ensuite, notre calendrier étant très chargé. C'est un petit matelas de points d'acquis. Nous n'imaginions pas une telle entame de match au cours de laquelle nous avons subi les événements jusqu'au premier but. Nous ouvrons la marque contre le cours du jeu et le fait de repasser en 4-3-3 nous a permis de densifier le milieu de terrain et de rééquilibrer les débats. Nous avions débuté avec deux attaquants pour essayer de mettre la pression sur cette équipe girondine mais, dans les impacts et dans l'engagement, Bordeaux nous a été supérieur dans l'entame de match".