Eloge du but "tout fait"

L'art de rater un but "tout fait" n'est pas inné. Tout le monde peut manquer sa frappe, louper une belle occase, cela dit "manquer l'immanquable" n'est pas donné à tout le monde. Cela exige un effort spécifique, particulièrement quand votre équipe joue gros. Samedi soir, deux joueurs de Ligue 1 en ont offert deux exemples parfaits, à mettre dans le top 3 du genre de la saison. Et en attendant Brandao dimanche soir ?

Inscrire un but face à Lyon, quand on est attaquant à Saint-Etienne, c'est être assuré d'avoir son nom gravé dans la mémoire des plus fervents supporters des Verts. Rater un but facile face aux mêmes adversaires, c'est risquer sa réputation. L'exploit d'Emmanuel Rivière ce samedi à Gerland, a été d'associer l'échec le plus cuisant au plus beau geste. Revenons sur son "immanquable" :

Lyon-ASSE 0-0, 18e minute : sur une frappe de Bergessio de la gauche, Lloris dévie le ballon qui arrive devant Rivière. L'attaquant se trouve légèrement décalé sur la droite, un peu avant le poteau droit mais face aux cages. Le ballon est devant lui à hauteur de genou. Une volée de l'intérieur du pied suffit, un contrôle aussi car il a le temps de réagir (aucun défenseur autour de lui).

Emmanuel joue alors très vite. Il place une volée du droit un peu en extension et prend le ballon un peu trop haut au niveau du pied. Le ballon fuse juste à droite du poteau. 20 minutes plus tard, le même Rivière marque le premier but de la partie de la tête. Difficile d'oublier ce premier raté monumental mais difficile aussi de passer sous silence la force mentale de ce joueur de 20 ans. Ce n'est pas la première fois de la saison qu'il fait montre d'une telle fougue désordonnée et d'un tel trait de caractère ensuite pour marquer ensuite. Un talent précieux au plus haut niveau.
CONSEQUENCE : Son équipe joue le maintien et les adversaires du jour joue le titre. Le match nul (1-1) est finalement un score qui reflète la rencontre. Le premier but manqué par Rivière ne focalisera pas les esprits dans les journées à venir.

Quand on est l'arme fatale d'une équipe, la moindre erreur se voit comme le nez au milieu de la figure. Et quand Ireneusz Jelen ne marque pas, c'est tout Auxerre qui grimace. Comme samedi face à Montpellier...

Montpellier-Auxerre 1-1, 85e minute. Niculae, passeur plus tôt dans la soirée, frappe sur le poteau. Le ballon revient dans l'axe en rebondissant. Jelen se retrouve exactement dans la même situation que lors du match face à Bordeaux mercredi (1-2) quand il avait repris victorieusement de la tête son propre tir sur la transversale dans le but vide de Carasso.

Jelen doit cette fois-exécuté une reprise de volée à peine derrière lui, mais surtout en plaçant son pied assez haut presque au niveau de sa hanche. Le Polonais le frappe en l'air avec un peu trop de relâchement et le ballon s'envole au-dessus de la transversale. C'est la plus nette de ses cinq occasions manquées de la soirée...

CONSEQUENCE : Auxerre aurait pu frapper un second coup fort cette semaine après sa victoire à Bordeaux. L'équipe de Jean Fernandez ne fait que match nul à Montpellier, un adversaire direct pour la fin de saison. Ces deux points pourraient faire défaut, voire plomber le moral des Bourguignons. Quant à Jelen, ses 9 buts, son excellente série en 2010, parlent pour lui. Il s'en remettra.

Franchement, plus d'un joueur aurait pu s'effondrer sous les critiques subies par Brandao à l'OM. L'attaquant marseillais, sous pression en début de saison avec le recrutement de Morientes, souvent enfermé dans un rôle de pivot physique par les supporters et les observateurs, et surtout trop souvent maladroit dans les premiers moments forts de la saison, a su relever la tête, à défaut de redresser toutes les barres. Après une série d'occasions manquées en championnat comme en Ligue des champions, Brandao a connu grand moment de solitude cette année contre le Milan AC.

A la reprise d'un centre, au second poteau, le Brésilien avait le but grand ouvert. Il fallait réagir vite mais son geste n'est pas assez précis et il ne trouve que le haut de la transversale de Dida. Marseille s'incline et voit ses chances de qualification pour les huitièmes s'éloigner. Certains raillent son manque de technique... avant d'admirer sa rage de vaincre.

Ainsi, à Toulouse il y a quelques semaines, c'est un Brandao combatif touché à la tête mais auteur d'un doublé à en demi-finale de la Coupe de la Ligue qui avait boosté l'égo de l'OM. Déplacé depuis sur le flanc gauche, vacciné contre les critiques, il s'obstine à tout donner. Marseille, qui revient à Toulouse ce dimanche soir pour reprendre des points sur Bordeaux, Montpellier, Auxerre et Lyon, ne peut plus se permettre de rater de grosses occasions.

QUELS SONT SELON VOUS LES PIRES OCCASIONS DE BUT MANQUEES CETTE SAISON (Toutes compétitions confondues) ?