Gomis, c'est reparti ?

Après un début de saison en fanfare, Bafé Gomis nous avait fait le coup de la panne. Auteur de sept buts en championnat et un en Ligue des champions, l'attaquant de l'OL était resté muet pendant 10 matches. Il n'avait plus marqué depuis le 15 octobre et la venue de Nancy à Gerland (3-1). 667 minutes sans faire trembler les filets qui en auraient fait douter plus d'un. C'est dire si le quadruplé inscrit mercredi soir à Zagreb en l'espace de 25 minutes (44e, 48e, 51e, 70e) a été aussi libérateur que retentissant.  "La vie d’un attaquant, c’est de marquer et de ne pas marquer", relativise-t-il. Pour un joueur qui courait après le premier triplé de sa carrière, la performance est pourtant remarquable. "L'an passé, j'avais eu l'occasion face à Lorient d'en inscrire trois mais mon ballon piqué avait été sauvé sur la ligne par un défenseur adverse, se souvient-il. Je suis très content d'avoir retrouvé les filets mais le plus beau, c'est cette qualification".

Une joie qui aurait été totale sans les insinuations sur son exploit. "Cette polémique est embêtante car elle met en cause le travail, la fierté, la réaction, la volonté, le soutien des supporters. L’OL est un club qui a des valeurs et des vertus. Alors cela fait mal...", avoue-t-il. Pour lui, cette histoire n'a ni queue ni tête. En conférence de presse, il a pourtant été contraint de s'expliquer sur le fameux clin d'oeil qui lui a été adressé par un défenseur croate sur le cinquième but lyonnais. "Chaque fois qu'il y avait un but, on courrait avec Licha et Jimmy pour récupérer au plus vite le ballon. Donc là, je marque, intelligemment, le joueur de Zagreb le prend avant nous mais Licha tape derrière lui pour qu'on le récupère..., dit-il. Voilà, après le clin d'oeil, c'était pour dire 'Ecoutez, c'est bon, vous nous mettez un but à chacun de vos pressings, on ne veut pas prendre une valise...' Moi, je n’ai jamais eu de doutes". "C'est dur d'entendre certaines choses", poursuit-il. 

D'autant plus dur que la polémique a presque éclipsé sa performance. Pourtant, en l'espace d'une soirée, Gomis s'est fait une place de choix au panthéon du football européen. En signant un quadruplé est devenu le septième joueur de l'histoire de la Ligue des champions (depuis 1992-1993) à réussir pareille performance. L'attaquant lyonnais rejoint Marco Van Basten (AC Milan), Simone Inzaghi (Lazio Rome), Dado Prso (Monaco), Ruud Van Nistelrooy (Manchester United), Andreï Chevtchenko (AC Milan) et Lionel Messi (Barcelone). Il est seulement le deuxième joueur à le faire à l'extérieur après Shevchenko, le 23 novembre 2005 sur le terrain de Fenerbahçe (4-0 pour le Milan AC). Ses trois buts inscrits en sept minutes en font même le triplé le plus rapide en C1. Voir son nom au milieu de prédécesseurs aussi prestigieux le gênerait presque.  "Je pense que je me sens encore inférieur à eux, esquisse le héros de la soirée dans un sourire. A moins de continuer de travailler..."

L'OL attend maintenant que Gomis confirme. "Bafé n'est pas dans la dynamique qu'il a eue pendant plusieurs matches. Depuis sa sélection, puis sa non-sélection en équipe de France pour la rencontre suivante, il a un peu de mal", s'inquiétait récemment Rémi Garde. Après avoir porté sur ses épaules l'équipe en l'absence de Lisandro, l'attaquant avait également laissé paraître une lassitude physique compréhensible. "Je n’avais pas pris de vacances en raison dune blessure. J’ai bossé pour revenir en forme. Je n’étais pas ensuite à l’abri d’une baisse de régime…, explique aujourd'hui le joueur qui assure avoir "retrouvé de la fraicheur. Après cela faisait un moment que j’attendais de marquer autant de buts dans un match". De retour en forme et en pleine confiance, Gomis entend bien permettre Lyon de frapper à nouveau à Lorient, dimanche, et "recoller au peloton de tête". Si son passage à vide est derrière lui, les Gones seront armés pour y parvenir.