Hantz évoque Furiani

Frédéric Hantz n'est pas corse, il n'était pas à Furiani ce 5 mai 1992 et lorsqu'il évoque le drame, il le fait avec "beaucoup de pudeur et de réserve." "En 1992, je jouais à Istres, se rappelle l'ancien coach du Mans. Nous nous étions fait sortir de la Coupe de France par Marseille d'ailleurs. Ça m'a marqué. J'ai joué et entrainé sur le continent et j'ai toujours vu cette catastrophe de loin." Mais depuis 2010, il a pris en charge la destinée du Sporting Club de Bastia. Alors fatalement, ce 5 mai 1992 a désormais une toute autre résonnance pour lui.

"Ce qui est émouvant, c'est que quand tu viens entrainer le Sporting Club de Bastia, tu croises tous les jours des familles qui ont perdu des proches dans la catastrophe et qui ont été marquées psychologiquement", note-t-il. Alexandre Jacquin, coordinateur du livre hommage "Furiani, 20 ans", ne dit pas autre chose: "Sur l'île, tout le monde connaît quelqu'un qui est tombé, qui a été blessé à Furiani. Tout le monde a un cousin, un ami, un voisin qui a été touché." Ce drame a marqué l'Ile de Beauté à jamais. La Corse mais pas seulement. Et Frédéric Hantz s'est battu ces derniers mois pour que la catastrophe ait une résonnance nationale.

"J'ai fait partie du comité de pilotage pour qu'il n'y ait pas de match le 5 mai, continue le coach du Sporting. Furiani n'a pas marqué le club mais la Corse à jamais. C'est une catastrophe du football français et je suis heureux qu'elle ait été reconnue en tant que telle et que les matches aient été décalés. Liverpool ne joue jamais le 15 avril en hommage aux victimes de Hillsborough et ça me paraît normal." La 36e journée de Ligue 1 se jouera dimanche et lundi. "C'est la plus grande catastrophe du sport français, ça ne touche pas que la Corse et Marseille. Et la France se doit de commémorer ce vingtième anniversaire comme tel", rappelle de son côté Alexandre Jacquin.

Ce samedi, comme tous les 5 mai, l'ensemble de l'effectif professionnel de Bastia se joindra aux familles des victimes pour se recueillir sur la stèle qui jouxte le stade Armand-Cesari. L'heure sera "au devoir de mémoire" : "Je vais montrer une vidéo aux joueurs pour leur expliquer la catastrophe. Dans mon groupe, il y a des joueurs qui n'étaient même pas nés. Je veux l'intégrer à l'histoire du club." Une histoire qui s'est offert un symbole fort. Vingt ans après le drame, Bastia s'est offert le titre de champion de Ligue 2. "Ça met un coup de projecteur supplémentaire à l'anniversaire", rajoute Hantz. Toujours avec beaucoup de pudeur et de réserve.