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A Nantes, c’est la défense qui permet de rêver

Geoffrey Steines

Publié 01/11/2014 à 17:21 GMT+1

Surprenant cinquième de Ligue 1, le FC Nantes s’appuie avant tout sur une excellente défense, la meilleure du championnat à égalité avec le PSG. Une réussite qui doit autant au talent de son arrière-garde et à la personnalité de son entraîneur, Michel Der Zakarian, qu’aux faiblesses d’un secteur offensif plombé par l’interdiction de recrutement prononcée par la FIFA.

Oswaldo Vizcarrondo (Nantes)

Crédit: Panoramic

"Nous ne sommes pas la meilleure défense du championnat pour rien." Michel Der Zakarian a de quoi jubiler. L’entraîneur du FC Nantes a fait de son équipe la référence dans ce domaine en Ligue 1 après onze journées de championnat. A égalité avec le PSG (sept buts encaissés), les Canaris affichent une solidité impressionnante dans le secteur défensif, qui les a propulsés à une cinquième place inespérée en début de saison. Avec dix-neuf points au compteur, ils ont déjà fait une grande partie du chemin sur la route du maintien et peuvent désormais regarder vers le haut. De bon augure avant le derby contre Rennes dimanche (14h00). Cette réussite nantaise doit autant à ses talents individuels qu’à un travail collectif et à la personnalité de son entraîneur, ancien stoppeur intransigeant sur les terrains, sous les couleurs de Nantes puis de Montpellier.

Bien défendre, Der Zakarian sait faire

Après le succès du FCN à Annecy contre l’Evian-Thonon-Gaillard la semaine passée (0-2), Pascal Dupraz a souligné la qualité du boulot réalisé actuellement par son homologue pour façonner son équipe. "Lorsque je regarde le comportement défensif des Nantais, je ne suis pas surpris de voir qu'ils possèdent la meilleure défense du championnat. Je dois reconnaître que Michel Der Zakarian travaille mieux que moi", a expliqué l’entraîneur de l’ETG en conférence de presse. Au-delà de posséder la meilleure défense du championnat, les Canaris ont réussi six clean-sheets en douze sorties toutes compétitions confondues. Un très bon ratio. Mais ce n’est pas une immense surprise, tant l’ex-coach de Clermont a souvent fait bien défendre ses équipes, et ce depuis qu’il a débuté sa carrière de technicien en 2007. En cela, ce FC Nantes ressemble à son entraineur et au joueur qu'il fut : carré et solide.
La saison passée, c’est avant tout avec une excellente arrière-garde que son groupe a obtenu un maintien relativement tranquille (septième défense de Ligue 1, avec 43 buts encaissés). Les Nantais avaient affiché la même imperméabilité, avec des chiffres encore plus convaincants, sur l’exercice 2012-2013, pour valider la remontée dans l’élite après quatre saisons à l’échelon inférieur (deuxième défense de L2, 28 réalisations concédées). Lorsqu’il dirigeait Clermont, Der Zakarian prônait la même philosophie et était là encore parvenu à y développer une vraie identité défensive. Les Auvergnats avaient terminé avec la sixième défense de L2 en 2009-2010 et la cinquième en 2011-2012. Bref, l’ancien international arménien (cinq sélections) sait y faire pour donner une assise à sa formation.
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Michel Der Zakarian et Oswaldo Vizcarrondo.

Crédit: Panoramic

Un secteur offensif bien faiblard

Dans cette quête, Der Zakarian innove rarement sur le plan tactique. S’il avait expérimenté le 3-5-2 lors de la réception du PSG la saison passée, avec une défaite à la clé (1-2), il ne se sépare quasiment jamais de sa défense à quatre. Et devant elle, le natif d’Erevan (51 ans) place deux milieux à vocation défensive, si ce n’est trois si le besoin s’en fait sentir. Positionné avec un bloc bas sur le terrain, tout en étant actif au pressing dans l’entrejeu, le FCN fait travailler ses onze joueurs sans ballon et s’évertue à fermer tous les espaces à ses adversaires. Charge ensuite aux trois ou quatre joueurs offensifs de s’occuper de la création, sur des attaques rapides. C’est souvent là où le bât blesse, tant ce secteur est pauvre cette saison du côté de la Beaujoire. Ce qui se traduit dans les chiffres (dix buts inscrits, treizième attaque du championnat).
A l’intersaison, les Canaris ont laissé Filip Djordjevic partir libre et ont ainsi perdu un attaquant auteur de 47 buts sur les quatre dernières saisons. Interdits de recrutement par la FIFA suite à l’affaire Ismaël Bangoura, ils n’ont pu le remplacer sur le marché des transferts et ont dû faire avec les moyens du bord. Par conséquent, ils s’appuient sur Yacine Bammou, qui évoluait encore en CFA2 avec Evry en 2012-2013. Auteur de deux buts en Ligue 1, dont un le week-end dernier au Parc des Sports, celui qui est aussi connu pour avoir officié à la boutique du PSG comme vendeur fait le job pour ses grands débuts dans l’élite. Difficile de d’en dire autant de ses compères de l’attaque nantaise. Serge Gakpé, Johan Audel et Itay Schechter plafonnent tous à un but, alors que Fernando Aristeguieta et Ismaël Bangoura attendent toujours de débloquer leur compteur.

Kian Hansen, la bonne pioche

Conséquence indirecte, le meilleur buteur du club se nomme… Jordan Veretout, avec ses trois réalisations (dont deux sur penalty). Il faut dire que le potentiel des individualités défensives du FCN est inversement proportionnel à celui des joueurs offensifs et c’est à peine exagéré de l’affirmer. Les Nantais n’ont donc pas vraiment le choix et pour eux, s’appuyer en premier lieu sur leur défense est d’une logique implacable. Surtout qu’avec un patron du niveau de Papy Djilobodji, ils peuvent voir venir. "S’il est concentré, bien placé, il peut faire très mal. Ses premières relances sont excellentes", explique Nicolas Gillet dans les colonnes de Metronews. Son association avec Oswaldo Vizcarrondo, son complément parfait pour l’accompagner en charnière centrale, a un an d’expérience et donne désormais sa pleine mesure. Dans les couloirs, Issa Cissokho s’impose comme l’une des valeurs sûres du championnat au poste de latéral droit et Olivier Veigneau apporte toute sa connaissance de la L1.
Chez les gardiens, la blessure de Rémy Riou aurait pu coûter cher aux Nantais. Mais Maxime Dupé a parfaitement assuré l’intérim pendant l’indisponibilité du numéro 1 et le titulaire du poste est ensuite revenu à son meilleur niveau (deux buts encaissés seulement en cinq titularisations). Pour compléter l’ensemble, Kian Hansen s’est installé devant la défense. Acheté à Esbjerg en janvier, au moment où l’appel suspensif du club auprès du TAS lui permettait encore de recruter, le Danois (25 ans) avait passé les six derniers mois de la saison passée en prêt avec le club de ses débuts. Défenseur central de formation, Hansen s’est finalement imposé dans un rôle de sentinelle. Il s’y épanouit et a disputé toutes les minutes de championnat cette saison, se jouant de la concurrence de Lucas Deaux, qui semblait indéboulonnable. En bricolant avec ses moyens et avec une bonne dose d’intelligence, Nantes s’est forgé une solidité à toute épreuve. De celle qui peut lui permettre de jouer les trouble-fêtes pendant un moment dans une Ligue 1 qui se cherche encore des outsiders crédibles et consistants dans la course à l’Europe.
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Kian Hansen. La coiffure, ce n'est pas toujours ça, mais sur le terrain, ça dépote.

Crédit: AFP

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