Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

OM-PSG : une rivalité construite de toutes pièces pour un match vraiment à part

Vincent Bregevin

Mis à jour 05/04/2015 à 09:02 GMT+2

Le duel OM-PSG ce soir (21h00) au Vélodrome sera le temps fort du championnat. L'enjeu sportif de cette rencontre n'est qu'un plus au cœur d'une rivalité d'abord inexistante avant de devenir l'événement le plus attendu de la saison depuis le début des années 90.

L'entrée des joueurs sur la pelouse du Vélodrome pour OM-PSG, en 2013/14.

Crédit: Panoramic

Ça y est, le moment est enfin arrivé. Celui que les supporters de marseillais, parisiens, et pas seulement eux avaient déjà coché dès la publication du calendrier de Ligue 1. Comme chaque saison. La rivalité OM-PSG n'existait pas il y a trente ans, mais ce duel est aujourd'hui le plus gros temps fort du Championnat de France. Incontestablement. Et même si, contrairement au match de dimanche, l'enjeu sportif n'est pas au rendez-vous. Car un match OM-PSG, ou l'inverse, est toujours un événement.

OM-PSG, une rivalité construite dans un seul but : le business

La rivalité OM-PSG, c'est un cas unique. Celui d'un duel qui suscitait plus l'indifférence qu'autre chose pendant vingt ans avant de devenir, d'un coup, le temps fort de la saison au début des années 90. Parce que le Championnat de France avait perdu de son intérêt à l'époque. Marseille paraissait bien seul comme acteur de ce feuilleton après le déclin de ses rivaux les plus historiques, Saint-Etienne et Bordeaux.
Le classement du championnat de D1 en 1990/91, avant l'arrivée de Canal+ au PSG.
Pour Bernard Tapie, son président de l'époque, l'OM avait un intérêt à se trouver un rival à sa taille pour rendre le championnat plus attractif. Un intérêt financier partagé par Canal +, détenteur des droits télévisuels de l'épreuve. C'est ce qui a motivé les dirigeants de la chaîne cryptée à investir dans le PSG en 1991. L'origine de cette rivalité construite de toutes pièces, c'est Alain Cayzac, dirigeant historique du club de la capitale, qui en parlait le mieux dans Libération en 2004.
PSG-OM, ce sont des gens intelligents qui se sont entendus pour faire une bonne affaire
A l'époque, la ville de Paris ne vibrait pas pour le football. En cela, elle offrait un marché attractif car totalement inexploité. Au tout début des années 90, l'affluence moyenne au Parc des Princes dépassait à peine les 15.000 spectateurs, soit un tiers de la capacité du stade. Et son chiffre le plus bas depuis le milieu des années 70. Dès l'arrivée de Canal+, cette moyenne va augmenter d'un coup pour dépasser 25.000 spectateurs. L'idée de populariser le football à Paris avait du potentiel pour n'importe quel investisseur.
picture

Daniel Bravo et Didier Deschamps lors du premier PSG-OM de l'ère Canal+, en 1991.

Crédit: AFP

Particulièrement pour la chaîne cryptée, et surtout au moment où les épopées marseillaises en Coupe d'Europe avaient créé un regain d'intérêt pour le foot des clubs en France. C'était même un enjeu dans une agglomération où elle compte la majorité de ses abonnées. Construire une équipe compétitive à Paris pour la dresser contre l'OM, référence du moment, apparaissait comme une évidence pour Canal +. Et c'était d'autant plus facile de négocier avec un homme d'affaire comme Bernard Tapie que le président de Marseille avait, lui aussi, tout à gagner à voir un tel rival venir concurrencer une équipe qui n'en avait plus.

OM-PSG, une rivalité facile à construire

L'idée de créer une rivalité entre le PSG et l'OM avait d'autant plus de sens qu'elle était facile à réaliser. Au départ, les antagonismes entre Paris et Marseille sont déjà multiples. La capitale contre la province, le Nord contre le Sud… Historiquement, culturellement, sociologiquement, tout oppose les deux premières villes de France. Même la météo. En ce sens, Paris-Marseille, c'était le mariage parfait. Si, il y a 25 ans, Bordeaux, Nantes ou Lyon s'étaient trouvés dans la position de l'OM, il est probable que la mayonnaise n'aurait pas pris aussi bien, ni tenu aussi longtemps.
Cela n'avait cependant jamais justifié une rivalité footballistique pendant près de vingt ans. Bernard Tapie a été le premier à se servir de ce levier, deux ans avant l'arrivée de Canal+ au PSG. En mars 1989, il s'est servi du refus de la Ligue, où le président du PSG Francis Borelli avait un rôle important, de valider le transfert de Jean Tigana à l'OM pour dénoncer une "machination" parisienne, opposer les deux villes et poser les jalons de leur rivalité. Paris, la centralisatrice élitiste, et Marseille, la rebelle populaire.  L'image était d'autant plus saisissante que le président marseillais, par rapport à son parcours et à son personnage, l'incarnait parfaitement.
picture

Bernard Tapie lors du match VA-OM le 20 mai 1993.

Crédit: AFP

Jouer sur cette opposition était le filon parfait pour créer l'événement PSG-OM, et l'engouement médiatique et populaire recherché à la fois par Canal + et Bernard Tapie. Attiser la passion et les tensions entre les deux clubs n'était pas une idée sans risque. Le duel a atteint des sommets de violence lors du match de décembre 1992 remporté par l'OM au Parc des Princes (0-1). Sur la pelouse, mais aussi en dehors. Cette rivalité purement construite n'a pas mis bien longtemps à dépasser le cadre du terrain.

OM-PSG, une rivalité qui a traversé les époques pour un match vraiment à part

C'est justement ce qui explique pourquoi cette rivalité a perduré, et reste la plus forte en France vingt ans après le départ de Tapie de la présidence de Marseille. C'est aussi une question générationnelle. Les trentenaires, voire les quadras d'aujourd'hui ont grandi au football quand ce duel a commencé à vampiriser l'attention médiatique, au-delà de l'enjeu sportif qui concernait deux prétendants au titre. Les anecdotes, les petites phrases entre les deux camps ou les mesures de sécurité prises pour éviter les débordements sont parties intégrantes de cet événement.
picture

Les questions de sécurité sont toujours au centre de PSG-OM, et contribuent à en faire un événement.

Crédit: AFP

Ce qui se passe autour a même pris le pas sur le match en lui-même. Le PSG et l'OM ne se sont pas souvent battus pour le sacre sur le terrain. Une des deux équipes pouvait éventuellement être concernée selon les cas (l'OM en 1999, le PSG en 2004), mais ce duel n'en a jamais été un entre deux équipes à la lutte pour le titre entre 1994 et 2009. Pourtant, pendant ces quinze années, les matches entre le PSG et l'OM n'ont jamais cessé d'être les événements les plus médiatisés chaque saison. Et les plus attendus.
Le duel de dimanche au Vélodrome n'échappera pas à la règle. Avec en prime un enjeu sportif entre deux équipes en lutte pour le titre, séparées par seulement deux points au classement. C'est le scénario idéal pour l'événement toujours attendu entre les deux meilleurs ennemis du championnat de France. Deux rivaux qui ont été artificiellement dressés l'un contre l'autre, et qui n'existeraient plus de la même manière l'un sans l'autre. Pour les supporters des deux équipes, mais aussi pour la France du football en général, rien ne vaut l'effervescence d'un match entre le PSG et l'OM.  Un match vraiment à part.
picture

Tifo OM PSG Vélodrome 2009

Crédit: Panoramic

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité