Zlatan est la plus grande star de l'histoire de la L1, pas (encore) le meilleur joueur étranger

"C'est le plus grand joueur étranger à être passé en France". Ces mots sont signés Christophe Galtier et datent de mercredi soir. Vous imaginez bien de qui l'entraîneur de Saint-Etienne parle. Victime, comme son équipe, de trois coups de marteau portés par Zlatan Ibrahimovic, l'ancien défenseur central n’y est pas allé par quatre chemins quand il s’est agi de qualifier le talent et l’impact du "bourreau officiel" des Verts. A chaud, c'est compréhensible. A froid, c'est concevable. Mais la réalité est un brin moins évidente et mérite qu'on s'y attarde.

Première chose, entendons-nous sur les termes du débat : "le plus grand joueur étranger à être passé en France" n'est pas une affirmation satisfaisante car elle englobe tout footballeur qui a un jour porté le maillot d'une équipe de Ligue 1/Division 1 et sans tenir compte de son impact sur son club ni sur le championnat. Sans aller chercher très loin, on trouve des plus grands joueurs que Zlatan Ibrahimovic sous des tuniques hexagonales.

Ronaldinho est l'un d'entre eux. Son impact sur le PSG ne sera jamais équivalent à celui d'Ibra. Dans l'histoire du jeu, le génie brésilien laissera néanmoins une trace plus importante que celle du Suédois, même si sa carrière se termine en eau de boudin. Champion du monde 2002, vainqueur de la Ligue des champions 2006, Ballon d'Or 2005, Ronnie a gagné ce qu'il fallait gagner.

On peut aussi citer, en vrac et de manière non-exhaustive, des joueurs comme Jürgen Klinsmann, Rudi Völler, George Weah, David Beckham, Raï, Jorge Burruchaga, Karl-Heinz Förster, Jairzinho, Salif Keita, Johnny Rep, etc. Ces grands noms sont aussi passés par nos vertes pelouses. Ils n'ont pas tous laissé un souvenir impérissable. Il n'empêche que leur place dans l'histoire est acquise. Et, pour une partie d'entre eux, pas forcément derrière Zlatan Ibrahimovic. Ajoutons que si Diego Maradona avait finalement signé à l’OM en 1990, il serait aujourd’hui installé sur le trône. Ad vitam aeternam.

C'est probablement ce que Christophe Galtier a souhaité affirmer, mercredi. Pour lui, Zlatan Ibrahimovic est le meilleur joueur étranger de l'histoire de la L1. Point barre. Ibra est d'ores et déjà très haut dans la hiérarchie. Avant même la fin de sa troisième saison en France, il a inscrit 102 buts et notamment gagné deux titres de champion avec un PSG qui n'en avait décroché que deux avant lui (1986, 1994). Accessoirement, Zlatan a aussi terminé deux fois meilleur buteur de L1 avec 30 et 26 réalisations. Son impact est exceptionnel. C'est indiscutable.

Est-il pour autant le plus grand ? Il y a trois ans, juste au moment où Zlatan Ibrahimovic s'engageait avec Paris, France Football avait établi un classement des 50 meilleurs joueurs étrangers de l'histoire de la Ligue 1. Classement qui avait couronné Safet Susic (PSG), devant Josip Skoblar (OM) et Juninho (OL). On peut discuter de l'ordre du podium. Moins des personnes qui l'occupent. Question simple : en 2015, Zlatan Ibrahimovic est-il passé devant ces joueurs-là ? Pas encore. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer avec le membre du trio le plus proche d'Ibra, par les spécificités de son poste : Josip Skoblar.

Skoblar a joué à l'OM entre 1966 et 1967, puis entre 1969 et 1975. Le Yougoslave a laissé une trace exceptionnelle, même si lointaine. Skoblar, c'est deux titres de champion de France (1971, 1972), une Coupe de France (1972) et trois titres de meilleur buteur du championnat, avec une fameuse pointe à 44 buts - sans penalty - en 1970/1971. Elle lui a valu un soulier d'or européen. Et une place unique dans l'histoire hexagonale. Cette époque est certes révolue. Mais, il n'est pas inutile de rappeler que Skoblar était moins bien entouré que Zlatan l'est aujourd'hui.

Safet Susic et Juninho n'ont pas non plus à rougir devant Ibrahimovic. Il suffit de se pencher sur les accomplissements du premier ou le palmarès du second, septuple champion de France et acteur principal de chacun de ces titres.

Ça ne souffre d'aucune contestation possible : Zlatan Ibrahimovic est la plus grande star de l'histoire de la Ligue 1. Un seul joueur étranger évoluant en France l'a titillé sur ce plan, il s'appelle David Beckham car l'Anglais fut, en plus d'un excellent footballeur, une marque globale. Et l'est encore.

Pour le reste, Zlatan Ibrahimovic n'a pas égal. Son impact et son aura sur la Ligue 1 sont une aubaine dont Frédéric Thiriez n’avait sans doute jamais osé rêver lorsqu’il a pris les rênes de la LFP. Jamais le football hexagonal n'a été autant exposé que depuis son arrivée en 2012. Ses buts, ses exploits, ses mauvais coups, ses reparties (pas toujours heureuses), font le tour du monde. Avec Zlatan, il n'y a pas de mauvaise publicité. Il n'y a que de la publicité.

Dernier exemple en date : son grand pont sur Ruffier.

Le monde entier en parle.

L'international suédois embrasse parfaitement son époque, médiatiquement parlant. Zlatan est un grand joueur. Il le sait, en joue sur les réseaux sociaux et face aux journalistes. Ses sponsors, les institutions internationales, telles que l'ONU, en profitent également. Le joueur est constamment sous la lumière. Et entraîne le PSG ainsi que la L1 dans son sillage.

Le terrain, les à-côtés : tout ceci confère à Zlatan une place à part dans l'histoire de la L1. Mais pas le titre honorifique de meilleur joueur étranger de l'histoire. Pas encore. Même si la fin de saison et la razzia possible du PSG pourraient l’en rapprocher très sérieusement.